Accessible à tous, la formation de sauveteur-secouriste du travail en agriculture permet d'acquérir les bons réflexes en cas d'accident. L'apprentissage ne dure qu'une douzaine d'heures. Ces connaissances pratiques peuvent sauver des vies.
Une hémorragie sur une artère fémorale, c'est la mort assurée en moins de trois minutes. Pour éviter une telle issue, il suffit de faire un point de compression à l'aine. Le geste est simple, il s'apprend. On pourrait multiplier les exemples : le bouche-à-bouche, la mise en position latérale de sécurité... Autant de réflexes essentiels pour porter assistance en cas d'urgence. La formation aux premiers secours, dispensée par la plupart des Mutualités sociales agricoles départementales, est assurée en douze heures, réparties sur plusieurs séances.
A la MSA du Gard, une session est organisée dès qu'il y a dix inscriptions. Les exploitants n'ont rien a débourser pour leurs salariés, puisque la formation est prise en charge au titre du Fafsea. ' Certes, pendant les heures de la formation, l'exploitation fonctionne en sous-effectif, explique un formateur, mais le sentiment éventuel de 'perte de temps' est rapidement oublié le jour où les connaissances acquises se révèlent utiles... '
Un collègue tombe d'une échelle et reste au sol inconscient. Comment réagir ? Un autre s'électrocute en voulant réparer une prise. Que faut-il faire ? Le couteau d'une rogneuse vole en éclat et entaille profondément la jambe d'un ouvrier. Comment lui porter secours ? Quelle conduite adopter devant un ouvrier pris de malaise après l'utilisation de produits phytosanitaires ?
Derrière la multitude d'accidents qui peuvent survenir sur une exploitation, la formation aux premiers secours permet avant tout d'acquérir une méthode. Le programme des connaissances est national et réactualisé régulièrement par l'Institut national de recherche et de sécurité. ' Le premier devoir d'un secouriste est de se protéger et d'éviter un sur-accident ', explique Frédéric Gautier, conseiller en prévention dans le Gard. Cela paraît évident et pourtant, dans la panique, les réflexes naturels ne sont pas toujours appropriés. Preuve en est, les cas d'asphyxies ' à répétition '. Un salarié est pris de malaise en décuvant. Son collègue lui porte secours et devient victime à son tour... Avant de s'engager dans la cuve, le secouriste doit mettre un masque.
Dans la panique, les interventions les plus simples peuvent tourner au drame. Tous les responsables de Centres de régulation connaissent ces appels au secours téléphoniques de personnes paniquées, qui expliquent qu'un accident est intervenu, qu'il y a des victimes, qu'il faut intervenir au plus vite... et qui raccrochent sans dire où les secours doivent être envoyés... ' Bien donner l'alerte est essentiel ', explique un secouriste. Il faut préciser le nombre de victimes, leur état de conscience... ' et demander à son interlocuteur, avant de raccrocher, si toutes les informations importantes ont été délivrées '.
Appliquer les deux premiers principes du secourisme, à savoir prévenir le sur-accident et bien alerter les secours, évite l'aggravation des blessures. La formation de sauveteur-secouriste du travail offre l'occasion d'acquérir certains gestes techniques en attendant l'arrivée d'un médecin, des pompiers...
Parmi eux, les points de compression pour stopper une hémorragie, sans risquer l'amputation provoquée par la pause d'un garot, la manoeuvre de Heimlich pour désobstruer les voies respiratoires de quelqu'un qui étouffe après avoir avalé de travers. Cette dernière consiste à donner un bref coup ' en virgule ' sous le diaphragme. Encore faut-il s'y être essayé... Enfin, la respiration artificielle et le massage cardiaque sont répétés sur des mannequins afin de contrôler si les gestes effectués sont bien efficaces.
De l'avis des personnes qui ont effectuées ces formations, les techniques de sauvetage acquises dépassent largement le cadre professionnel et peuvent s'appliquer dans le cadre de la vie privée. Une motivation supplémentaire pour les salariés. Les douze heures d'apprentissage sont sanctionnées par un diplôme d'Etat. Une fois ces connaissances acquises, il suffit de suivre quelques recyclages périodiques (une demi-journée tous les ans ou tous les deux ans), histoire de ne pas perdre la main.