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Erosion et pollution cessent, la faune est de retour

La vigne - n°149 - décembre 2003 - page 0

L'enherbement freine l'érosion et la pollution, améliore l'infiltration et l'activité biologique des sols : autant de changements qui séduisent les viticulteurs.

L'enherbement joue un rôle considérable au niveau du sol. Les racines de l'herbe favorisent la décompaction des horizons de surface. La perméabilité et la portance des terrains s'en trouvent améliorées. Le sol étant couvert, ses agrégats ne sont pas détruits par l'effet ' splash ' de la pluie. Les averses ne se soldent pas par la formation de croûtes imperméables en surface. L'infiltration de l'eau est améliorée, limitant le ruissellement, donc le transport des particules de terre, le mouvement des produits phytosanitaires et des nitrates, la pollution des eaux superficielles s'en trouve diminuée. Ce phénomène est amplifié par l'enrichissement des horizons de surface en humus, substance qui favorise la fixation des matières actives.
L'augmentation systématique du taux de matières organiques induit une meilleure activité des sols. ' Depuis que je pratique l'enherbement dans mes vignes, il y a de la vie, une faune que je n'avais pas avant ', constate Rémy Fort, vigneron dans l'Aude.
L'autre point important est la facilité d'accès aux parcelles, même après des pluies. ' C'est une véritable éponge. Même après un orage, je n'ai aucun problème. Il n'y a pas de boue ', déclare Rémy Fort.

Pour Eric L'Helgoualch, de la chambre du Vaucluse, la fétuque élevée est l'espèce la plus efficace pour lutter contre l'érosion. Elle est très concurrentielle et son implantation n'est pas toujours facile. Elle est à proscrire dans les sols maigres, où on lui préfère le ray-grass anglais, moins concurrentiel et d'installation rapide. Il est semé pur ou en mélange avec de la fétuque rouge.
En Champagne, le CIVC préconise le pâturin des prés : ' Il est peu concurrentiel, résiste bien au tassement et s'implante rapidement ' précise Xavier Delpuech.
En revanche, ' la fétuque élevée convient aux tournières et aux abords des parcelles ', précise Eric l'Helgoualch. Leur enherbement est le minimum requis en matière de lutte contre l'érosion.
Si l'enherbement permanent n'est pas possible et que l'érosion intervient surtout en hiver, on peut envisager une protection hivernale des parcelles, naturelles ou semées de pâturin ou de seigle.
L'enherbement a ses limites. Dans les sols trop maigres, il est bien sûr déconseillé. Là, on le cantonnera aux tournières. Dans les pentes supérieures à 40 %, il est d'autant plus difficile à mettre en oeuvre que les vignes sont étroites. La meilleure solution, c'est le terrassement. Des essais sont en cours à l'ITV de Colmar (Haut-Rhin) sur le pâturin compressé, une espèce qui vit sur les murs. ' C'est une plante qui pousse peu et qu'il serait intéressant d'implanter dans les endroits difficiles d'accès. Elle ne nécessite aucun entretien. Par contre, son installation est difficile ', explique Emile Meyer.
Au bout de quelques années, l'enherbement peut provoquer le contraire de l'objectif recherché. ' Parfois, le sol a tendance à se refermer peu à peu sous l'effet de l'enherbement. Il se compacte et l'infiltration est freinée ', explique Eric L'Helgoualch. Valérie Closset, du GDDV (Groupement départemental du développement viticole du Maine-et-Loire), précise : ' En Anjou-Saumur, le phénomène est d'autant plus fréquent que les sols, sablo-limoneux, sont battants, et la pluviométrie élevée. Il s'accentue avec le vieillissement de l'enherbement. Après quatre à cinq ans, le phénomène est systématique. ' La terre et le mulch des racines créent une couche imperméable qui freine les échanges. Par endroits, l'eau stagne. La solution, c'est l'entretien par la scarification des racines. Didier Vazel, du domaine de Brize (Maine-et-Loire), constate qu'après huit à dix ans d'enherbement, ' de la mousse se développe, signe d'un problème d'infiltration. J'ai testé le Cultiplow d'Agrisem, qui soulève l'herbe, puis la repositionne. Il permet une aération, sans destruction du couvert '. Xavier Cailleau, vigneron dans le Maine-et-Loire, a choisi d'alterner rang labouré et rang enherbé tous les quatre à six ans, ce qui lui permet d'aérer le sol.

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