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L'ENHERBEMENT : UNE TECHNIQUE PAREE DE TOUTES LES QUALITES

La vigne - n°149 - décembre 2003 - page 0

Les expérimentations menées depuis quinze ans ont précisé les effets positifs de l'enherbement permanent sur la qualité des vins et sur la pérennité des sols. Il reste à trouver une solution au problème des parcelles installées sur de fortes pentes ou sur des sols très maigres.

Si l'enherbement naturel a toujours existé, cela fait seulement une vingtaine d'années que l'enherbement semé se pratique. Depuis 1989, l'ITV, les chambres d'agriculture et l'Inra mènent des essais afin de caractériser son effet sur le sol, la vigne et le vin. De ces expérimentations, l'enherbement ressort paré de toutes les qualités : il réduit la vigueur de la vigne, améliore la qualité des vins, la portance et l'activité biologique des sols ; il limite l'érosion et la pollution des eaux par les engrais et les produits phytosanitaires.
Largement répandu en Alsace, dans le Bordelais, les Charentes et le Val de Loire, il est beaucoup moins présent dans les autres régions viticoles. Même s'il tend à se développer, c'est une crainte récurrente qui freine les viticulteurs. Ils redoutent une baisse de vigueur et une concurrence excessives qui entraîneraient une trop forte chute de production. ' Dans 60 % des cas, on peut enherber, car les rendements sont supérieurs aux décrets. Mais ce n'est pas forcément rentable, surtout pour le coopérateur ', déclare Eric Chantelot, de l'ITV. Parfois, la réticence vient d'une méconnaissance. Ainsi, dans le Sud, de nombreux vignerons craignent encore une concurrence excessive pour l'eau. Or, cela ne semble pas fondé. En général, la vigne supporte mieux qu'on ne le pense la présence de l'herbe.

Après ces années d'études, il apparaît clairement que l'enherbement se raisonne à la parcelle. ' La recherche ne donnera pas de règles de décision universelles ', prévient Eric Chantelot. Elle ne dira pas précisément comment s'y prendre pour obtenir une baisse des rendements, par exemple de 20 %. Mais elle sait qu'il faut éviter d'enherber les parcelles situées sur des sols à faible réserve utile en eau. C'est le critère utilisé pour réaliser des cartographies, comme en Champagne où l'interprofession indique dans quel cas l'enherbement permanent est envisageable ou déconseillé. ' Aujourd'hui, les chambres d'agriculture doivent prendre le relais pour mettre en place les adaptations locales ', ajoute Eric Chantelot.
Un autre problème doit être résolu, celui des coteaux en forte pente ou reposant sur des sols maigres. De nombreux viticulteurs cherchent à les enherber pour les protéger de l'érosion. Malheureusement, ils n'ont pas de solution. Dans le premier cas, l'herbe rend les terrains dangereux, parce que glissants. Dans le second cas, elle puise dans les maigres réserves en eau, assoiffant ainsi la vigne. Les recherches se poursuivent pour trouver une solution. Elle pourrait passer par l'implantation d'espèces à cycle court comme la luzerne annuelle, ou de très faible développement comme le pâturin compressé.
Le fait que l'on demande à l'enherbement de protéger les coteaux montre qu'en quinze ans, son image a changé. Au départ, il était surtout perçu comme une technique visant à diminuer les rendements. Son intérêt en faveur de l'environnement et des sols a pris une part de plus en plus importante dans l'esprit des viticulteurs. La découverte de la pollution des eaux par les herbicides, les contrats territoriaux d'exploitation, les cahiers des charges de production intégrée, ou encore la démarche Terra Vitis ont largement participé à cette évolution.









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