En trois ans, la production chinoise de vin a augmenté de 50 %. Et, comme l'exige la nouvelle loi, ce vin sera désormais intégralement élaboré à partir de jus de raisin. Auparavant, le moût pouvait provenir, pour moitié au plus, d'autres fruits. Confirmé par plusieurs sources, le chiffre de 3 millions d'hectolitres de vin produits en 2002 semble fiable, même s'il intègre les vins importés en vrac (300 000 hl selon la Sopexa) souvent étiquetés comme chinois. En revanche, la superficie plantée de vignes est plus complexe à estimer. En effet, le vin est élaboré par des groupes industriels, issus des sociétés d'Etat, les trois premiers produisant la moitié du volume national. Ces groupes achètent du raisin aux paysans, qui cultivent souvent entre les rangs de vigne, des légumes ou des arachides, irrigués et fertilisés, afin de valoriser au mieux leur lopin de terre. Les rendements peuvent atteindre 300 q de raisins/ha. Selon Chen Qian, rédacteur en chef du journal technique Grape & Wine, en 2002, la vigne couvrait 400 000 ha en Chine, dont 60 000 pour le raisin de cuve, ce qui correspond à un rendement de 50 hl/ha.
De nombreux industriels, en particulier des brasseurs, investissent désormais dans le vin, réputé rentable. L'objectif de 5 millions d'hectolitres en 2005 semble réaliste. Mais cette croissance demeure fragile, à la merci du phylloxéra. Mildiou et oïdium sont fréquents. Le vin est peu concentré et ses étiquettes aussi flatteuses qu'imprécises. Soucieux d'améliorer la qualité, les industriels chinois plantent des vignobles, investissent dans du matériel, cherchent partenaires et conseillers. L'Australie et l'Amérique du Sud s'implantent sur le marché, leurs grandes structures industrielles ressemblant aux chinoises. Le Chili fournit déjà 70 % du vin en vrac importé par la Chine.
Selon Marie-Hélène Le Hénaff, conseillère agricole à la Mission économique française, ' nous devons répondre aux demandes des Chinois et nous associer à leur développement, en particulier en les aidant à appliquer le système des AOC à leurs produits. Sinon, d'autres pays leur proposeront des principes contraires aux nôtres '. Dans cet objectif, les ministères français et chinois de l'Agriculture ont réalisé le domaine vitivinicole pédagogique de Taishi, à 60 km au nord de Pékin. Sous la direction technique de France-Tech China, ce vignoble de 22 ha et son chai vont accueillir des formations pour techniciens chinois, et représenter à la fois les techniques et le vin français.
' Il y a des opportunités d'affaires réciproques, dans tous les domaines de la vigne et du vin ', affirme François Wang, délégué général de Vinitech, à Qingdao.
ENCOURAGEMENTS
En Chine : la production augmente, de 2 Mhl en 2000, à 3 Mhl en 2002. Le gouvernement encourage le vin, qui ne nécessite pas de céréales pour son élaboration, plus sain que les alcools forts.
En France : la production a baissé, de 59,76 Mhl en 2000 à 51,99 Mhl en 2002, année d'accidents climatiques. La consommation de vin est réprimée pour améliorer la sécurité routière.