Poursuivant l'oeuvre de leurs prédécesseurs, les agronomes du XIX siècle recensent une soixantaine de nouveaux cépages.
Une bonne soixantaine de cépages sont recensés pendant le XIX e siècle. La recherche agronomique se poursuivant, on répertorie de plus en plus les variétés adaptées aux différents vignobles. En 1845, le comte Alexandre-Pierre Odart publie une première grande synthèse, intitulée Ampélographie ou Traité des cépages les plus estimés dans les vignobles de quelque renom . Le traité est réédité trois fois en dix ans. Les vignobles lointains, mal ancrés sur le marché national, font parler d'eux. Les cépages mentionnés dans l' Ampélographie sont toujours plantés. Ainsi, la Corse cultive le nielluccio et le sciacarello, deux cépages noirs ; le biancone (qui paraît aussi sur la table), le carcajolo, le génovèse, le riminèse, le vermentino, tous blancs. Ce dernier est très voisin du rolle, signalé dans le Var, que l'on retrouve aujourd'hui parmi les cépages principaux de l'appellation Bellet. Dans cet extrême sud-est de la France, l'ouvrage mentionne le fuella, cépage noir figurant lui aussi dans l'actuel décret de Bellet.
A l'extrémité orientale de la chaîne pyrénéenne, l'Espagne continue à introduire ses cépages : carignan venant d'Aragon, lladoner pelut, grenache noir, grenache blanc, listan originaire d'Andalousie, maccabeu et mayorquin, encore un cépage de l'actuel décret de Bellet. Les variétés qui paraissent indigènes du Languedoc sont l'aramon et le cinsaut, qui devient l'oeillade lorsqu'il paraît sur la table.
Du côté des Pyrénées-Atlantiques et du Sud-Ouest, on recense des variétés indigènes qui continuent à se distinguer : le sable de Capbreton (en fait, le cabernet franc), l'arrufiac, caractéristique du pacherenc du Vic-Bilh, le claverie du Béarn, le lambrusquet des Pyrénées, plus connu sous le nom de petit-verdot, le raffiat de Moncade, typique du vin de Belleocq. On liste aussi les jurançons blanc et noir, le braucol, appelé fer dans le Tarn, la fameuse négrette de Fronton, le len de l'el de Gaillac, dont le nom apparaît en 1842, mais qui doit être bimillénaire.
En Alsace et en Lorraine, où la plupart des cépages viennent d'Allemagne ou d'Autriche, citons le sylvaner, le traminer ou klevner, appelé ailleurs savagnin rose, le gutedel (chasselas), l'elbling (burger) et le bouquettraube. En Dauphiné et en Savoie, on consigne, pour les rouges, l'étraire de l'adui, la feunate, le joubertin et, bien sûr, la mondeuse noire, puissante et colorée, si on veut bien en limiter les rendements et la cultiver en coteaux.
Plus au nord, on retrouve les melons d'Arbois (ou chardonnay) et de Bourgogne (gamay blanc). Ce dernier est, depuis longtemps, le muscadet du Pays nantais. En revanche, l'aligoté est resté fidèle à son origine bourguignonne.
Dans l'Ain, le poulsard prend le nom de mècle. On en faisait des vins blancs et rosés. On le destinait aussi à la table. A Saint-Pourçain, le saint-pierre doré et le tressallier donnent la plupart des blancs renommés. Le gouget noir de Montluçon est un souvenir du vignoble de Domérat. Le bachet de l'Aube, encore appelé françois, a disparu, mais pas le grolleau noir des Pays de la Loire.
Cette recension serait incomplète si on ne mentionnait pas deux cépages noirs d'origine américaine, les premiers venus sur le sol français : l'isabelle (1840) et le clinton (1845), qui firent les beaux jours de nombreux vignobles au moment du phylloxera. Citons enfin le petit bouschet, métis obtenu par Louis Bouschet de Bernard en 1836, par croisement entre l'aramon et le teinturier du Cher. Ce cépage, au vin coloré, n'est plus autorisé. Il a tenu, jusque vers 1950, une grande place dans la viticulture languedocienne.