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La Bourgogne concrétise progressivement

La vigne - n°150 - janvier 2004 - page 0

Les mesures votées en 2001 et 2002 s'appliquent avec lenteur. La mention ' vin de Bourgogne ' n'est pas encore systématique, on attend le référentiel viticulture raisonnée. En revanche, les investissements promotionnels ont bien augmenté comme prévu.

La Bourgogne avance mais à la vitesse d'un escargot ! La comparaison est facile, mais révélatrice d'une réalité : le pas entre les déclarations d'intentions et leur mise en pratique n'est pas si facile à franchir. En 2001, l'interprofession bourguignonne adopte son plan 2006, un programme quinquennal qui prévoit la multiplication par 2,7 des cotisations volontaires obli- gatoires. En 2002, la région s'organise en Etats généraux et dit ' oui ' à plusieurs orientations : application de la viticulture raisonnée, renforcement de l'image des vins... Il ne reste plus qu'à... passer à l'action.
C'est chose faite, s'agissant de la volonté de reconquérir le consommateur français. Cela s'est traduit par une augmentation des moyens. L'an passé, l'interprofession a consacré 915 000 euros à la publicité en France. Une centaine d'insertions ont été réalisées dans la presse écrite nationale. Du jamais vu pour la Bourgogne ! Le budget est reconduit en 2004. L'interprofession renforce aussi sa communication ciblée sur les appellations régionales. L'opération, menée en 2003 avec les cavistes, est reconduite au printemps 2004. Une seconde opération, élargie aux ' petits villages ', devrait être organisée avec une chaîne de restauration. Au final, le budget de communication du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) s'élèvera à 6,5 Meuros en 2004, son premier poste de dépenses !

En matière de communication, les Bourguignons n'ont donc pas chômé. Mais l'expérience montre qu'il est plus facile de ' taper dans le portefeuille ' que de changer les mentalités. La preuve : l'accord interprofessionnel adopté en 2002, qui rendait obligatoire la mention ' vins de Bourgogne ' sur l'ensemble des appellations de la région, n'est pas encore passé dans les moeurs. Les responsables professionnels plaident que les stocks d'étiquettes sont longs à écouler. En coulisses, on reconnaît qu'il est difficile de motiver les opérateurs, surtout dans des secteurs aussi réputés que Meursault, Gevrey-Chambertin ou Mercurey...
Afin de procéder à une piqûre de rappel, l'interprofession a demandé de faire inscrire, dans le prochain décret national sur l'étiquetage, ' les appellations d'origine contrôlée de Bourgogne doivent comporter la référence au mot 'Bourgogne' sur leur habillage frontal ' (étiquette, macaron ou capsule). L'objectif des dirigeants du BIVB est simple : ' La notoriété des grands crus se renvoit au mot 'Bourgogne', lequel profite aux appellations moins renommées. ' Bref, il s'agit d'être solidaire des AOC régionales, touchées de plein fouet par la baisse de consommation.
Toujours dans le souci d'aider ces appellations, la profession demande l'autorisation de noter le nom des cépages pinot noir ou chardonnay sur les étiquettes des appellations Bourgogne et Mâcon. ' Les Bourguignons sont pragmatiques, note André Ségala, directeur de l'interprofession. Le consommateur est intéressé par ce type d'information. Il faut le prendre en compte . ' Pour éviter les foudres de l'Inao, les Bourguignons proposent que les caractères utilisés pour la mention du cépage représentent moins du tiers de la hauteur de ceux employés pour mentionner l'appellation.
Parmi les autres mentions qui pourront figurer, à l'avenir, sur les vins de Bourgogne, il y a celle relative à la mise en bouteille dans la région de production. ' Au départ, nous nous étions fixés 2006 comme date butoir pour inscrire cette obligation dans les décrets d'appellation ', explique un responsable.

Cependant, la commission interprofessionnelle de Chablis souhaite passer à la vitesse supérieure. ' Dans les faits, la mise en bouteille dans la région de production (1)est effective pour une majorité de vins, explique Jean-François Delorme, président du BIVB. Toutefois, il existe une tradition commerciale avec quelques opérateurs suisses et belges, qui achètent en vrac et embouteillent chez eux. Il va falloir en tenir compte. '
Les promoteurs de l'obligation de mise dans la région veulent un meilleur contrôle de l'embouteillage. Dès lors, certains estiment que l'on pourrait prévoir des dérogations pour des opérateurs extérieurs qui accepteraient d'être contrôlés... Des pourparlers sont en cours avec les partenaires concernés.
Autre dossier considéré comme prioritaire lors des Etats généraux de novembre 2002 : la viticulture raisonnée. Un référentiel a été élaboré à partir des chartes départementales de préservation des terroirs et des préconisations réglementaires du ministère de l'Agriculture. Il est en cours de relecture par les syndicats d'appellation. Un document définitif devrait être prêt pour le premier semestre 2004.
' En 2002, les Etats généraux ont fait une déclaration d'intention : obtenir 100 % des exploitations en viticulture raisonnée , explique une technicienne. Le référentiel est là pour traduire cette exigence globale en objectifs précis . ' Il précise ainsi que la production raisonnée implique une bonne gestion des effluents, l'enregistrement des interventions à la vigne... En dernier lieu, il restera un autre document à remettre aux producteurs : le guide technique. Avec ses fiches (près d'une centaine) classées par thème, il constituera un bon moyen pour atteindre l'objectif des 100 % de domaines bourguignons en production raisonnée. Il devrait être prêt pour la campagne 2004-2005. Rendez-vous dans un an...

(1) Suivant un jugement du tribunal civil de Dijon en 1930, la Bourgogne viticole comprend les trois départements de Côte-d'Or, Yonne, Saône-et-Loire, auxquels on ajoute par tradition le Rhône.

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