Les conséquences agronomiques et environnementales du travail du sol ne sont pas toujours positives. Il peut aggraver l'érosion, diminuer la portance et accélérer la disparition de la matière organique.
Par rapport au désherbage chimique, le travail du sol a de gros avantages : il ne pollue pas les nappes phréatiques et ne provoque pas d'inversions de flore, même s'il favorise le liseron. Du coup, de plus en plus d'exploitants se tournent vers cette technique pour des raisons écologiques. Cependant, ce n'est pas forcément la solution optimale.
Le travail superficiel du sol a une action positive sur la gestion de l'eau dans les vignobles les plus secs. ' Il permet une meilleure captation des eaux de pluie, grâce à la création d'une structure irrégulière qui laisse mieux pénétrer l'eau ', explique Christophe Gaviglio, de l'ITV de Montpellier. De même, il limite l'évaporation en coupant les capillaires du sol, et diminue la compétition pour l'eau entre les adventices et la vigne. Enfin, il casse les croûtes de battance, qui imperméabilisent le sol.
Néanmoins, les conséquences du travail du sol sont étroitement liées aux conditions de passage de l'outil. Le moment optimal est celui où le sol est ressuyé, mais pas trop sec. ' Si l'outil est passé en conditions humides, il risque de former une semelle de labour, qui empêchera toute pénétration de l'eau et provoquera, par la suite, une asphyxie racinaire et des phénomènes de chlorose ', note Philippe Crozier, de la chambre d'agriculture de la Saône-et-Loire.
De même, si la terre est travaillée peu de temps avant une grosse averse, elle risque d'être emportée par ruissellement. Pour cette raison, ' le travail du sol n'a pas beaucoup d'avenir dans les zones septentrionales, ni dans les coteaux , prévient Rémi Chaussod, de l'Inra de Dijon. Une fois sur deux, il permet une meilleure infiltration de l'eau. La fois suivante, il provoque un enlèvement de terre . ' Le remède peut donc s'avérer pire que le mal dans certaines zones...
Dans tous les cas, le désherbage mécanique diminue la portance. Par conséquent, après une averse sur un sol fraîchement travaillé, les vignes risquent d'être totalement impraticables.
Le désherbage mécanique semble également favoriser la disparition de la matière organique. En effet, en ouvrant la terre, les outils facilitent son oxydation, ce qui provoque un appauvrissement du sol, contrairement à l'enherbement qui, lui, l'enrichit. En effet, des essais de l'Inra ont montré que le désherbage mécanique, comparé à l'enherbement et au désherbage chimique, est la technique qui appauvrit le plus le sol en matière organique,que ce soit dans l'horizon 0-20 cm ou 20-40 cm.
Par la même occasion, ' le travail du sol favorise la minéralisation, et donc la libération d'azote. Cela provoque une augmentation de la vigueur de la vigne, et peut entraîner des retards de maturité. D'un autre côté, le travail du sol coupe les racines les plus superficielles, ce qui diminue la vigueur des ceps. Au final, on n'a pas noté de différence notoire au niveau des grappes ', conclut Pascal Guilbault, de la chambre d'agriculture de Gironde.
De même, l'impact sur la vie microbienne est mitigé. ' Etant donné que le travail du sol enfouit la matière organique, les micro-organismes de surface sont moins nombreux ', estime Pascal Guilbault. En revanche, l'aération des sols favorise le développement de la vie microbienne en profondeur. Selon des expérimentations menées depuis 2000 par la chambre d'agriculture de Gironde, au bout du compte, les sols travaillés favorisent davantage la vie microbienne que les sols désherbés, mais moins que l'enherbement.
Les sols viticoles étant pauvres en biomasse lombricienne, l'effet du travail du sol est difficile à prouver. Néanmoins, les outils sectionnent les vers de terre. On peut donc supposer qu'ils nuisent à leur abondance.
Le désherbage mécanique a donc autant d'effets positifs que négatifs sur l'environnement. Le tout est de bien raisonner son choix en fonction de son sol, de son climat et de ses vignes.