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Les courtiers vont certifier leurs prestations

La vigne - n°151 - février 2004 - page 0

A la demande de la Fédération nationale des courtiers en vins et spiritueux, un référentiel de métier vient d'être mis au point. Les entreprises qui le respecteront pourront être certifiées. Elles seront plus rigoureuses, plus qualifiées et plus réactives. Leur rôle dans la transaction commerciale sera clairement défini.

Codifier ses pratiques et les faire contrôler par un tiers est dans l'air du temps. Des vignerons, des coopératives et des négociants l'ont déjà fait. Cela leur a valu d'obtenir une certification d'entreprise. Les courtiers en vins et spiritueux vont s'y engager à leur tour. Le référentiel de leur métier devrait paraître prochainement au Journal officiel. Ce document décrit les caractéristiques des services rendus et les moyens pour y parvenir. Les courtiers qui les mettront en oeuvre pourront le faire certifier.

' Notre métier consiste à mettre en contact un acheteur et un vendeur, et à les aider à trouver un accord satisfaisant pour les deux parties. Dans notre référentiel, nous avons établi un tronc commun que tous devront respecter. Ce tronc est complété par des options régionales, pour tenir compte des coutumes de chaque vignoble ', explique Hervé Luneau, courtier en Val de Loire.
Ce travail a été mené par une commission créée au sein de la Fédération nationale des courtiers en vins et spiritueux, avec l'aide d'un organisme certificateur, le groupe SGS-ICS qui possède la marque Qualicert. Pour parvenir à un résultat accepté par tous, il a fallu deux bonnes années de travail. L'investissement s'est monté à 22 000 euros. ' Le référentiel constitue une base de reconnaissance de notre métier, sur laquelle nous allons pouvoir nous appuyer pour continuer à nous moderniser ', souligne Hervé Luneau.

La procédure de certification devrait coûter entre 1 200 et 1 500 euros pour un courtier travaillant seul, et de 1 500 à 3 000 euros pour un bureau de courtage. Entre la demande et l'obtention de la certification, le délai est en moyenne de six mois. Les premières entreprises devraient être certifiées courant 2004.
Le tronc commun du référentiel comprend des éléments sur l'identité professionnelle, le respect de la déontologie et les compétences du courtier. Celui-ci doit remettre à jour régulièrement ses connaissances sur la réglementation et les méthodes de production. Il participe à des dégustations officielles, et se tient au contact des opérateurs et du marché de sa région. Il a un rôle de conseil et d'information des deux parties. Il répond aux réclamations et réalise, chaque année, une enquête de satisfaction auprès de ses clients, l'objectif étant d'améliorer les services.
Son rôle commence à la prise de contact avec l'acheteur et le vendeur. Il s'arrête à l'enlèvement de la marchandise. Le référentiel décrit les procédures à respecter pour les prélèvements d'échantillons, la confirmation de la transaction, qui doit se faire rapidement par écrit, l'établissement du contrat et le suivi de son exécution. Les options régionales prévoient la participation à l'élaboration de contrats pour les ventes de raisin, le suivi de la facturation et du règlement, la détermination de la conformité de la marchandise, la présence systématique à l'enlèvement, ou encore l'assistance aux démarches administratives.
' La certification permettra de savoir précisément ce que fait et ce que ne fait pas le courtier. Au niveau de nos entreprises, nous allons formaliser des procédures souvent déjà en pratique. Elles pourront ainsi être contrôlées. Sur le plan syndical, nous avions établi une charte de déontologie, mais elle n'abordait pas tous les aspects concrets de notre métier ', déclare Yves Fourmon, président du Syndicat professionnel des courtiers en vins de Champagne.
Dans cette région, plusieurs options ont été prévues pour tenir compte de l'ensemble des fonctions exercées par le courtier, qui vont jusqu'au suivi des règlements.
Le référentiel de métier ne dit pas tout sur la manière d'être un bon courtier. ' La certification va amener de la rigueur dans l'organisation des entreprises. Mais les garanties portent sur les moyens mis en oeuvre, pas sur les résultats. C'est la satisfaction des deux parties qui permet au courtier de s'inscrire dans la durée. Pour l'obtenir, il lui faut posséder un sens de la relation commerciale, qui ne se définit pas dans des procédures ', affirme Yann Jestin, courtier dans le Bordelais.

Par contre, la délimitation des fonctions du courtier cerne bien les responsabilités de chacun. ' La première chose que j'attends d'un courtier, c'est qu'il me présente des acheteurs fiables ', relève un vigneron du Languedoc-Roussillon. Le courtier a en effet un rôle de conseil et d'information. Pour remplir cette fonction, sans colporter de rumeurs, ni risquer d'être accusés de diffamation, les courtiers du Val de Loire ont décidé, au sein de leur syndicat, d'acheter collectivement les services d'un prestataire spécialisé dans la notation des entreprises. Il leur fournira des appréciations sur l'état financier des négociants.
Mais sur le plan juridique, c'est le vendeur qui doit s'assurer de la solvabilité de l'acheteur. ' Le courtier ne se porte pas caution. Pour obtenir des garanties, il existe des assurances crédit, que les vignerons utilisent de plus en plus. Les organismes qui les proposent ont des informations fiables sur les opérateurs. S'ils se trompent, ils prennent en charge les impayés ', rappelle Hervé Luneau.



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