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L'arrivée des hybrides

La vigne - n°151 - février 2004 - page 0

Peu de nouveaux cépages apparaissent dans la littérature après 1850. En revanche, après cette date, les porte-greffes et les hybrides fleurissent.

Passé 1850, il ne reste plus guère de cépages à découvrir. Si des noms nouveaux apparaissent, ils désignent des variétés déjà connues. Ainsi, en Savoie, le barbin n'est autre que la roussanne et la petite sainte-marie, le chardonnay. Parmi les cépages noirs, le beaujolais désigne l'abouriou dans le Lot-et-Garonne. Dans les Landes, le moustroun (monstrueux) n'est autre que le tannat.

Quelques nouveaux cépages étoffent tout de même les catalogues. Parmi les raisins de table, citons l'admirable de courtiller, voisin du chasselas, apparu en 1859, le dattier de Beyrouth (1896), la madeleine angevine (1874), un cépage précoce, et l'alphonse-lavallée, toujours présent sur les marchés. Parmi les raisins de cuve, mentionnons le ou la jacquère (1868), cépage fin de la Savoie, le romorantin (1868) de Cour-Cheverny. En Alsace, il faut attendre 1886 pour voir apparaître le gewurztraminer, c'est-à-dire une sélection de traminer musqué ou épicé. Ce gewurztraminer ne figure pas encore au classement officiel des cépages de 1955 qui ne connaît que le traminer. Une nouvelle réglementation l'imposera en 1973 seulement.
A la fin du XIX e siècle, les nouveautés les plus importantes sont, en fait, les hybrides. Les destructions opérées par le phylloxera amenèrent les vignerons à greffer les cépages français sur des porte-greffes américains, dès que ce fut possible (vers 1880), ou à planter des hybrides producteurs directs.
L'isabelle, raisin noir, hybride de labrusca, fut introduit à titre de curiosité botanique dès 1840. Il fut le premier d'une série d'hybrides qui donnèrent des vins médiocres, au goût foxé rappelant beaucoup la framboise. Vinrent ensuite le clinton (1845), très productif, puis l'othello (1876), aux grosses grappes et aux gros grains à pulpe molle, et le noah (pour Noé), d'un blanc verdâtre, s'égrenant facilement au vin brutal. Issus d'autres vignes américaines, l'herbemont (1862) et le jacquez (1876) apparurent à la même époque. Le premier fit fureur dans le Sud-Ouest, donnant un vin alcoolique, assez droit de goût et souvent vinifié en blanc. Quant au jacquez, très commun dans le Midi à la fin du XIX e siècle, il donnait un vin très coloré et très alcoolique. Mais on l'abandonna rapidement, car il était sujet à de nombreuses maladies.

Ces six hybrides furent interdits par la loi du 24 décembre 1934. Bien avant, ils furent remplacés par des hybrides obtenus par des croisements entre vignes américaines et vignes françaises. Ce travail fut l'oeuvre de sélectionneurs opiniâtres qui créèrent des milliers de variétés, la plupart rapidement abandonnées. Citons le baco noir, hybride de folle blanche et de riparia aujourd'hui abandonné, créé en 1902 et qui donnait un vin de table acceptable. Retenons surtout le baco blanc, croisement de folle blanche et de noah, le fameux 22A, qui subsiste dans le Gers, seul hybride reconnu en appellation aujourd'hui et qui contribue à l'élaboration de l'armagnac.
Ces obtentions résultèrent du travail d'hybrideurs, certains étant célèbres comme Georges Couderc, d'Aubenas, créant en 1882 le fameux 3309 C, porte-greffe issu d'un croisement de riparia et de rupestris, qui représente encore plus de 10 % de notre vignoble greffé.

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