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DENSITÉ DE PLANTATION : LES EXTRÊMES SONT REMIS EN CAUSE

La vigne - n°152 - mars 2004 - page 0

Pour l'Inao, une densité de 4 000 pieds par hectare est un minimum pour assurer la qualité des vins et préserver le paysage. Les vignes hautes et larges sont décriées. Parallèlement, des vignobles à hautes densités se remettent en question pour réduire leurs coûts de production.

Ces dernières années, la densité de plantation est au coeur de vifs débats. Certains défendent l'idée qu'en augmentant les densités, la qualité des vins est améliorée. ' Raisonnement trop simpliste et restrictif ', estime un responsable professionnel, pour lequel les soins apportés aux travaux dans les vignes au quotidien sont plus déterminants. Selon les calculs de l'Inao, 4 000 pieds/ha est le minimum pour assurer la qualité et préserver le paysage. Les vignes hautes et larges sont menacées. Pourtant, leurs défenseurs assurent que l'on peut faire aussi des vins de qualité avec cette conduite, à condition de maîtriser d'autres paramètres, comme la surface foliaire exposée (SFE) et le volume racinaire par rapport à la charge. Sans compter qu'elles diminuent considérablement les coûts de production. Pour faire entendre leurs voix, des vignerons ont créé en région des Syndicats de défense des vignes hautes et larges. En 2003, le mouvement s'est étendu avec la naissance de l'Union nationale pour la promotion des vignes larges et hautes, présidée par Olivier Brault, vigneron en Anjou. Elle regroupe des vignerons d'Anjou, de Bourgogne, du Bordelais et du Jura. D'autres du Bergeracois et du Duraquois sont en passe de les rejoindre. Mais qu'en est-il sur le plan scientifique ? La densité de plantation est-elle le critère le plus pertinent pour juger de la qualité ? Non. Pour les chercheurs, il est primordial de distinguer les composantes de la densité (écartement entre les rangs et espacement sur le rang) et de relativiser ces éléments par rapport à l'architecture. Ils sont tous d'accord pour dire que le seul vrai facteur de qualité est le rapport entre la SFE et la charge de production.

En Suisse, François Murisier a prouvé qu'il fallait 1 à 1,2 m² de feuilles exposées au soleil pour faire mûrir 1 kg de raisin chasselas et gamay. L'ITV a affiné les mesures : il fallait effectivement au moins 1 m² de feuillage par kg de raisin mais, pour certains cépages, lors d'années difficiles, 2 m² sont nécessaires. Autre critère à prendre en compte : le rapport hauteur de feuillage sur écartement des rangs (h/e). Selon des études, pour obtenir une bonne surface foliaire, ce rapport doit être d'au moins 0,6, l'idéal étant 0,8. Il ne faut pas non plus oublier le volume racinaire, qui doit être suffisant pour assurer l'alimentation en eau et en minéraux de la vigne, sans toutefois provoquer un excès de vigueur.
Bref, la densité est un critère de qualité, mais ce n'est pas le seul et surtout pas le plus pertinent. Son choix s'inscrit dans une approche globale. Il faut non seulement tenir compte des différents paramètres agronomiques, mais aussi des marchés. ' Pourquoi modifier son produit en changeant de mode de conduite, si ce que l'on fait correspond aux attentes de ses clients ? ', considère un professionnel. Mais dans le cas contraire, un changement de pratiques peut se justifier. ' Augmenter les densités pour améliorer la qualité des vins : oui, mais encore faut-il pouvoir valoriser le produit derrière, car les coûts ne sont pas les mêmes ', explique un vigneron. Dans un contexte de crise, ce critère est à prendre en compte. C'est pour cette raison que certains vignobles à haute densité s'interrogent et veulent baisser leurs densités pour diminuer leurs coûts de production.









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