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Le certificat d'aptitude, une sécurité

La vigne - n°152 - mars 2004 - page 0

Les effervescents et quelques vins tranquilles doivent obtenir un certificat d'aptitude avant de revendiquer l'agrément. Ce document apporte une sécurité aux producteurs, leur indiquant qu'ils sont sur la bonne voie. Il va souvent de pair avec l'agrément des vins en bouteilles car, dans ce cas, mieux vaut refuser les vins avant le tirage.

Le certificat d'aptitude est obligatoire pour les vins effervescents à appellation d'origine. Pour les vins tranquilles, les appellations qui le souhaitent peuvent l'inscrire dans leur décret. L'obtention du certificat d'aptitude est alors une étape préalable et indispensable pour prétendre au certificat d'agrément. Telles sont les règles établies par le décret régissant les examens analytique et organoleptique des vins à appellation d'origine.
L'arrêté d'application pour les vins mousseux, qui vient d'être validé par l'Inao, leur offre deux possibilités. Si le décret de l'appellation prévoit un agrément des centres de pressurage, comme en Alsace (voir La Vigne n° 146 de septembre 2003), le certificat d'aptitude pourra être délivré au moût ; sinon, il devra porter sur les vins de base. Pour les effervescents, le certificat d'aptitude a un double intérêt. En premier lieu, il valide la qualité du vin de base et limite donc les risques pris par l'élaborateur. Second intérêt, et non le moindre : il autorise la circulation du vin entre la production et le négoce. Ce dernier peut donc s'approvisionner en vrac et élaborer ses cuvées à partir d'assemblages homogènes. S'il devait attendre l'agrément, il ne pourrait se procurer que des bouteilles.

Pour cette raison, l'Alsace a également adopté le principe de l'aptitude pour ses vendanges tardives et sélections de grains nobles, depuis le millésime 2002. En effet, l'agrément de ces vins se fait en bouteilles. La dégustation d'aptitude permet de vérifier qu'ils ont, a priori, le niveau requis. Si ce n'est pas le cas, ils peuvent être présentés pour l'agrément en AOC Alsace ou envoyés à la distillation. Ils peuvent être présentés trois fois pour l'obtention du certificat d'aptitude.
Ce certificat d'aptitude concerne d'autres appellations agréées en bouteilles ou proches de la mise, et de haut de gamme. Ce sont donc des petits volumes, mais sur lesquels aucune erreur n'est permise, et pour lesquels on demande une importante prise de risque au producteur. Parallèlement, cela permet de retarder l'agrément au plus près de la consommation, et de limiter au maximum les risques d'évolution entre temps.
A Montravel, par exemple, le certificat d'aptitude a été instauré dès la création de l'appellation, même s'il n'est pas inscrit au décret pour l'instant. C'est une dégustation syndicale, mais à laquelle tous les producteurs se plient de bonne grâce, aux dires de Pierre-Henri Cougnaud, directeur de la Fédération des vins du Bergeracois, car il permet de valider les orientations prises. Il intervient plus d'un an après la récolte - pour le millésime 2003, ce sera au printemps 2005 - mais avant le conditionnement, afin de laisser une possibilité de repli en Bergerac si nécessaire.
L'agrément est ensuite réalisé en bouteilles pendant l'été. ' Nous avons procédé ainsi dès le premier millésime, explique Pierre-Henri Cougnaud. De millésime en millésime, nous comptons un peu plus de producteurs de montravel. Certains découvrent ce type de vin. Avec la dégustation d'aptitude, ils peuvent se caler sur le profil pour les millésimes suivants, s'ils ne sont pas dans les clous du premier coup. '

En 2001, pour le premier millésime, seuls 60 % des vins qui revendiquaient l'appellation au départ ont finalement reçu l'agrément ; mais les 40 % restants ont pu, pour la plupart, se replier en appellation Bergerac rouge, car l'essentiel des rejets s'est fait au niveau de la dégustation d'aptitude.
A Saint-Emilion, cette procédure existe depuis plus longtemps, pour les grands crus. Elle a été validée par l'Inao fin 2003. ' Nous avons instauré une dégustation en deux temps, avec délivrance d'un certificat syndical au plus tard le 31 août de l'année suivant la récolte ', explique Jacques Bertrand, ancien président du syndicat viticole. Cette dégustation valide ou non l'orientation du produit : s'il ne correspond pas à l'image d'un grand cru, il restera dans la ' case ' Saint-Emilion.

L'agrément est ensuite délivré juste avant la mise en bouteilles : il n'a une durée de validité que de quatre mois. Passé ce délai, il faut représenter le vin. ' Ainsi, non seulement on ne prend pas le viticulteur à revers, mais on le responsabilise. Il faut reconnaître qu'on est souvent plus laxiste après l'obtention de l'agrément. S'il est délivré dans la première année de la vie du vin, il peut encore se passer beaucoup de choses qui vont le transformer. Alors qu'en le délivrant deux ans plus tard, on oblige le producteur à être attentif jusqu'au bout. '
Autre avantage, à peine dissimulé, de la méthode : limiter au maximum les transactions en vrac et obliger à la mise à la propriété. ' Il serait invraisemblable de voir partir une barrique de château Ausone en Belgique pour être mise en bouteilles là-bas ', insiste Jacques Bertrand. L'agrément tardif diminue les risques de voir le vin partir en vrac de la propriété. Montravel, qui réalise l'agrément en bouteilles, vise le même objectif.

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