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La plantation

La vigne - n°152 - mars 2004 - page 0

La reprise des plants est une étape délicate. Pour limiter le taux de mortalité des pieds, pépiniéristes et viticulteurs doivent prendre des précautions et suivre certaines règles.

La bonne reprise d'un plant de vigne découle de sa qualité et de son mode de conservation, deux facteurs dépendants des pépiniéristes. Elle est aussi conditionnée par la préparation du sol et la période de plantation qui dépendent des viticulteurs. Plusieurs précautions sont à prendre pour optimiser les chances de reprise et éviter les écueils les plus courants.
Pour qu'un plant reprenne facilement, il est nécessaire qu'il ait été bien greffé et qu'il possède de bonnes réserves. De plus, ' il doit avoir été stocké dans des sacs ou des cartons hermétiques, à une température de 2 à 4°C ', souligne Didier Viguier, de la chambre d'agriculture de l'Aude. Néanmoins, même dans de telles conditions, des plants ayant été conservés deux ans au réfrigérateur risquent de mal reprendre, pour cause de vieillesse. Il est donc nécessaire d'acheter des plants ' jeunes '. De même, il faut utiliser des plants certifiés ou contrôlés sanitairement. Si l'un de ces critères n'est pas respecté, le viticulteur aura un taux de mortalité à la parcelle élevé. Pour les pépiniéristes, ' les causes les plus importantes de non-reprise des plants sont la mauvaise préparation du sol et une plantation trop tardive '. Pour éviter cela, plusieurs travaux sont à réaliser. Après les vendanges, ont lieu l'arrachage des vignes et l'enlèvement des racines. Puis, il est conseillé d'attendre entre douze et vingt-quatre mois minimum avant de replanter.

Cette durée peut être portée à cinq ans pour des vignes contaminées par le pourridié, et à huit ans si les souches arrachées sont infectées par le court-noué. Les nématodes, vecteurs du virus, peuvent en effet survivre entre cinq à sept ans, une fois privés de racines. Dans les deux cas, le repos du sol est la méthode de lutte la plus efficace.

Malheureusement, il est souvent difficile d'observer un tel délai. Une désinfection par traitement chimique peut être une alternative, mais Didier Viguier prévient que ce ' n'est pas radical, car cela ne désinfecte pas en profondeur. De plus, les produits de désinfection vont être interdits en 2007 ... '.
Les viticulteurs ont aussi la possibilité de traiter la vigne au glyphosate avant arrachage, afin de dévitaliser les racines, mais cette solution n'est pas non plus la panacée. Elle diminue les recontaminations ultérieures, mais ne les supprime pas.
Une fois la vigne arrachée, il faut défoncer la terre. En effet, la reprise et la croissance d'un cep de vigne sont étroitement corrélées au développement de son système racinaire, et donc à son aération. La structure du sol doit empêcher la saturation en eau au printemps, afin de ne pas provoquer une asphyxie racinaire : si tous les capillaires du sol sont remplis d'eau, l'oxygène est chassé et les racines ne peuvent plus respirer. Par ailleurs, il faut que le sol permette l'infiltration de l'eau en profondeur. Ainsi, lorsque l'horizon exploré par les racines est ressuyé, les poils absorbants peuvent bénéficier d'un niveau d'aérobie suffisant. Pour optimiser cette opération de défoncement, les pépinières Mercier, à Vix (Vendée), préconisent un retournement sur sol argilo-limoneux, et un décompactage en cas de sous-sol pierreux ou sableux.
Daniel Amblevert, des pépinières Amblevert, basées à Sainte-Florence (Gironde), conseille même un sous-solage pour les sols très compacts. Le moment optimal pour cette opération est l'automne, lorsque le sol est ressuyé. ' Ainsi, on laisse passer le froid hivernal et la chaleur estivale sur la terre travaillée, ce qui lui permet de se restructurer et de se stabiliser ' , explique Didier Viguier.

Le viticulteur doit ensuite faire analyser son sol, afin de pouvoir doser la correction à apporter. Celle-ci sera réalisée par le biais d'amendements et de fumures de fond.
Puis, durant l'automne précédant la plantation, ' le viticulteur doit réaliser un labour d'une profondeur de 20 à 30 cm ', indique Miguel Mercier, des pépinières Mercier. Ainsi, la terre peut se reposer tout l'hiver, ce qui permet d'obtenir une structure grumeleuse, fine et aérée. Au printemps, juste avant la plantation, il est conseillé de passer un outil léger, afin de niveler le terrain et de casser les mottes. Le moment optimal de plantation est durant ' les mois de mars et avril, précise Miguel Mercier. Cependant, sur des sols argileux, si le printemps est humide, il vaut mieux planter un peu plus tard afin d'éviter l'asphyxie racinaire '. Suivant la superficie à planter, la topographie de l'exploitation et la nature du terrain, la plantation peut être manuelle ou mécanique. Si elle est ' précoce ' (de février à mai), il est conseillé d'utiliser des plants racinés. Par contre, pour des plantations tardives, il faut choisir des plants en pots.

Le trou creusé pour le plant doit être suffisamment grand pour ne pas avoir à couper le chevelu racinaire. ' C'est bien qu'il ait un diamètre de 10 cm environ ', estime Daniel Amblevert. Ensuite, il ne reste plus qu'à déposer le pied dans le trou et à le recouvrir de terre. Puis, si nécessaire, il faut arroser le plant. Après retrait de l'eau, il faut rajouter de la terre et la tasser. Pour plus de sécurité, le viticulteur peut avoir recours à des tuteurs, à des filets brise-vent, ainsi qu'à des manchons de protection contre les désherbants ou les rongeurs. Ces protections ont un coût important, mais permettent une meilleure résistance des pieds.
Après la plantation, un entretien rigoureux des plants est nécessaire : il faut bien désherber chaque pied pour qu'il ne soit pas en concurrence avec l'herbe, et l'arroser en cas de grosse chaleur afin de limiter son stress hydrique. Conscient du problème que pose actuellement la reprise des plants, le syndicat des pépiniéristes a décidé de réaliser un CD-Rom et une cassette vidéo, retraçant les ' bonnes manières pour planter, ainsi que les erreurs à ne pas commettre ', annonce son président Jean-Pierre Mercier. Ce CD sera gracieusement remis par les pépiniéristes à leurs clients, lors de l'achat de plants. Ce document ' pédagogique ' devrait voir le jour d'ici environ un an.




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