Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2004

Vignes hautes et larges : déconseillées par des chercheurs

La vigne - n°152 - mars 2004 - page 0

Pour les scientifiques et l'Inao, les faibles densités freinent la qualité. Elles ne permettent pas une SFE suffisante, augmentent la vigueur et provoquent un entassement des raisins.

L'Inao retient une densité minimale de plantation de 4 000 pieds/ha, et fixe des hauteurs minimales de feuillage palissé de 0,6 fois l'écartement entre rang, pour tout nouveau décret, depuis 1996. A l'époque, les commissions d'enquête de l'institut, après consultation des experts, avaient proposé ces valeurs pour assurer la qualité des vins. Pourquoi 4 000 ? L'Inao s'est basé sur des travaux montrant que dans les vignobles à climat tempéré, la surface foliaire exposée (SFE) ne devait pas descendre en dessous de 9 000 m²/ha, pour avoir une bonne maturation des raisins à un rendement d'environ 60 hl/ha.
Alain Carbonneau, de l'Ensam-Inra, a établi que pour obtenir 9 000 m² de SFE, il faut une hauteur palissée égale au minimum à 0,6 fois l'écartement entre les rangs de vigne (rapport h/e). ' La hauteur palissée doit être comprise entre la limite inférieure du feuillage et une limite supérieure de rognage établie à au moins 20 cm au dessus du fil supérieur de palissage ', lit-on dans un rapport de la commission technique de l'Inao, datant du 17 avril 2003.

Or, cette hauteur peut difficilement être supérieure à 1,50 m. Il est presque impossible d'aller au-delà pour des raisons pratiques et physiologiques. La distance entre les rangs doit donc être de 2,50 m (1,50/0,6). Concernant l'écartement des pieds sur le rang, le rapport stipule ' que dans la plupart des vignobles, une distance minimale de 1 m semble être un compromis acceptable pour éviter les entassements de feuillage dus aux pieds trop rapprochés, irrégulièrement répartis, mais une distance maximum entre pieds doit aussi être respectée '. Bref, en calculant (10 000 pieds/2,50 × 1), on tombe à une densité minimale de 4 000 pieds/ha.
' Un écartement de 3 m entre les rangs (3 333 pieds/ha) entraîne une chute du rapport h/e à 0,5 et il est, bien entendu, encore plus bas pour des densités inférieures ', considèrent Cornélis Van Leeuwen, Jean-Philippe Roby (Enita), Nathalie Ollat (Inra), et Denis Dubourdieu (faculté d'oenologie de Bordeaux), dans l' Union girondine d'août 2003. Or, pour capter au mieux l'énergie lumineuse, le rapport h/e optimal est de 0,8, 0,6 étant déjà une valeur plancher. Ils expliquent qu'à moins de 4 300 pieds/ha, on ne peut pas obtenir la SFE nécessaire pour faire mûrir 10 t de raisin (environ 65 hl/ha).

' Dans une vigne large, on peut maintenir le rapport feuille/fruit en diminuant les rendements. Seulement, quand on opte pour ce mode de conduite, c'est rarement pour produire 40 hl/ha, mais plutôt 60 ou 70 hl ', estime Cornélis Van Leeuwen. Il pose le problème de l'entassement des raisins, ce qui accroît le risque de pourriture. Selon l'équipe, les densités plus élevées favorisent l'installation d'un déficit hydrique, facteur de qualité pour les vins. Or, ' dans des vignes larges, la transpiration de la vigne est beaucoup plus faible (moins de SFE) et il y a peu de chances de rencontrer des déficits hydriques, surtout lorsque le sol est profond et peu graveleux '.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :