Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2004

Surveillez le débourrement

La vigne - n°152 - mars 2004 - page 0

La sécheresse 2003 a diminué les réserves dans certaines zones. Des experts conseillent de fertiliser davantage, d'autres préconisent au contraire de s'abstenir...

Dans les zones où la sécheresse 2003 a été virulente, une mauvaise mise en réserve des bois est à craindre. C'est l'avis de Bruno Bourrié, expert en nutrition des plantes au Sadef, à Aspach-le-Bas (Haut-Rhin). Il note qu'en Alsace, en Bourgogne ou dans les Côtes du Rhône, la teneur en potassium des pétioles en 2003 était en baisse de 25 à 50 %, par rapport à une année normale. Selon des études menées sur fraisier et soja, une carence en potassium jumelée à une chlorose ferrique aggrave de façon quasi irréversible cette dernière.
Bruno Bourrié extrapole ce résultat à la vigne. ' Il faut surveiller les parcelles à risque, afin de pouvoir intervenir dès l'apparition du phénomène . Sinon, il sera presque impossible de le corriger. ' Il préconise une surveillance d'autant plus attentive que l'hiver a été pluvieux, et recommande des pulvérisations foliaires de fer, dès les premiers symptômes. Néanmoins, aucun expert de la nutrition n'a confirmé ce point de vue, aucun essai n'ayant été mené sur la vigne...
D'ailleurs, Olivier Roustang, d'Inter-Rhône, est sceptique : ' Je conseille de ne pas forcer la fertilisation, car les minéraux sont toujours présents dans le sol. En l'absence d'eau, la vigne n'a pas pu les capter. Il faut même veiller à ne pas trop fertiliser, pour ne pas pousser la vigne lors du débourrement ', prévient-il.

Par contre, dans le Languedoc-Roussillon, des cas de carence azotée sont à craindre. Jean-Christophe Ducros, conseiller indépendant à Montpellier (Hérault), souligne que ' des grenaches et des merlots ont des bois secs qui ont mal aoûté '. Il conseille donc un apport d'azote fractionné sur le rang. Suivant les zones, la dose devra peut-être dépasser les 40 U/ha habituels.
Quant à Alain Carbonneau, de l'Inra de Montpellier, il suggère d'attendre environ trois semaines après le débourrement, surtout pour les vignes ayant subi des défoliations. ' Il faut voir ce qui se passe durant cette période. Si la végétation est carencée, notamment en azote, il faudra faire des corrections avec des engrais foliaires . '
La chambre de l'Aude préconise une fertilisation azotée et potassique renforcée.
Dans les autres régions, il n'y a pas de ligne de conduite particulière à suivre. ' Nous n'avons pas encore de données quantitatives quant aux conséquences du stress hydrique, puisque nous sommes en train d'analyser les bois , explique Jean-Pierre Gaudillère, de l'Inra de Bordeaux (Gironde) . Mais à priori, la récolte était petite et les réserves se sont normalement constituées. Cependant, ces dernières se raisonnent à long terme, ce qui rend ardu toutes préconisations sur la fertilisation. '.
Même constat en Champagne, où ' les bois sont durs et vigoureux, comme le souligne André Perraud, du CIVC (interprofession). Rien ne laisse supposer qu'ils ont peu de réserves '. La situation est similaire à Cognac, où Vincent Dumot, du BNIC, n'est pas inquiet pour le débourrement : ' La maturation et la fin de saison se sont bien déroulées. Rien n'incite à penser que nous aurons des problèmes au niveau de la nutrition azotée, ni de cas de chlorose ferrique. Nous avons eu une grosse chlorose en 1993, due à des problèmes de mise en réserve des sucres en 1992. L'été 2003 n'a rien de comparable avec 1992 . '
Par conséquent, cette année, il faudra raisonner la fertilisation et surveiller le débourrement.


Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :