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Traiter les effluents des pulvés

La vigne - n°152 - mars 2004 - page 0

Un arrêté encadrant le devenir des effluents phytosanitaires - ou viticoles - est en cours d'élaboration. Sa publication est attendue dans l'année. Il devrait proposer des solutions pour le traitement de ces déchets.

'Il n'est plus question d'ouvrir le robinet de vidange des cuves de pulvérisateur au-dessus des ruisseaux et de laisser les effluents phytosanitaires souiller l'environnement. Cela contribue aux mauvais résultats constatés sur la qualité de l'eau des bassins versants viticoles, particulièrement en eaux superficielles. Préserver l'environnement, c'est encore mieux défendre l'image de la filière. ' Tel est, en substance, le discours de Philippe Reulet, expert pesticides-eau-environnement de la Direction générale de l'alimentation. Il insiste pour que les produits phytosanitaires soient mieux utilisés : ' Nous ne comptons pas fixer des exigences inaccessibles. Nous voulons procéder par étapes ', d'abord en incitant à un bon calibrage du traitement, afin de limiter la quantité et la concentration des effluents phytosanitaires. Ensuite, en fixant des règles pour le devenir des reliquats.
La réglementation en vigueur, qui considère ces effluents comme des DIS (déchets industriels spéciaux), oblige le producteur à s'en débarrasser auprès d'un centre agréé pour les incinérer. Coûteuse, cette règle n'est pratiquement jamais appliquée. Un projet d'arrêté est actuellement en discussion pour encadrer l'épandage des effluents phytosanitaires. Sa publication est attendue dans l'année.

L'arrêté devrait encadrer l'épandage du fond de cuve dilué au cinquième, mais seulement sur la parcelle traitée, et à condition que la somme du traitement et de l'épandage du reliquat dilué ne dépasse pas la dose homologuée. Cela implique que le pulvérisateur soit pourvu d'une cuve de rinçage, ' ce qui peut être adapté sans trop de frais '. Mais aussi que le volume de traitement soit bien calculé pour que le reliquat ne corresponde qu'au fond de cuve ' vrai ', c'est-à-dire après désamorçage de la pompe.
Pour les autres effluents viticoles (rinçage de la cuve, lavage du pulvérisateur...), le texte devrait offrir d'autres possibilités que la simple destruction en DIS. Ils devraient pouvoir être épandus, après traitement, sous certaines conditions. En annexe de ce texte, les ministères chargés de l'agriculture et de l'environnement souhaiteraient voir figurer une liste de traitements validés par les expérimentations en cours au sein des groupes régionaux d'action contre la pollution des produits phytosanitaires (Grap).
' Nous ne sommes pas difficiles, complète Philippe Reulet. Après traitement, les effluents seront de toute façon bien moins concentrés que ce que l'on envoie dans le fossé ou le ruisseau, en dévissant simplement le bouchon de vidange. Ce serait déjà un premier pas. ' Douze procédés ont été recensés et sont en expérimentation, à différents stades de validation.

L'un d'eux est particulièrement avancé : le Phytobac de Bayer Cropscience ou ' lit biologique '. Ce procédé d'épuration consiste en un mélange de terre et de paille, disposé dans un bac étanche sur une épaisseur ne dépassant pas 60 cm. Le volume total du mélange de terre doit être deux fois supérieur à celui des effluents à traiter sur une année. Ce dernier est épandu sur le lit biologique grâce à des rampes, pour assurer une répartition homogène. Il est recommandé d'utiliser de la terre de parcelles traitées, pour avoir plus de chance de disposer d'une flore bactérienne adaptée aux produits phytosanitaires. Ce système est relativement peu coûteux. Autre avantage : le contenu du bac, après au moins une année sans traitement, pourra être épandu, si l'on se fie aux expérimentations menées depuis 2002.
Dans le même ordre d'idée, Compound Vignolles développe un système basé sur la dégradation de l'effluent par un compost de sarments broyés. La durée du traitement et la possibilité d'épandre ce compost doivent être vérifiées. L'osmose inverse, proposée en prestation par Michael Paetzold sous le nom de Phytopur, est déjà utilisée par des professionnels. Ses intérêts : l'eau traitée peut être épandue, et les boues issues de la filtration sont prises en charge par le prestataire. De plus, une telle installation recycle 600 l/h d'effluents. La filtration sur charbon actif, développée par la société suisse Zamatec pour l'EPUmobil, présente les mêmes intérêts, pour un débit de 3 à 4 m³/h. Ce système a, par ailleurs, déjà été approuvé par l'Office fédéral de l'environnement, des forêts et des paysages en Suisse. Autre procédé bien avancé, disponible en prestation : BF Bulle d'Ecobulles, qui met en oeuvre une succession de filtres, puis du charbon actif. Les boues sont à traiter, là aussi, en déchets industriels spéciaux (DIS).

D'autres systèmes sont en expérimentation, comme la dégradation biologique en milieu liquide (STBR 2 d'Aderbio), sur le même principe que pour les effluents vinicoles. Les lits plantés de roseaux sont encore à valider, car l'application de désherbants peut être problématique ; l'utilisation des mêmes installations pour les effluents viticoles et vinicoles est, pour l'instant, déconseillée en attente de données complémentaires. L'Osmofilm (Alyzée), qui permet de concentrer les effluents par évaporation, paraît aussi intéressant, que ce soit sous forme de sac ou de bâches tendues au-dessus de lagunes. L'électrochimie et l'électrofloculation sont à l'étude, ainsi que la photocatalyse. Cette dernière semble prometteuse au vu des premières expérimentations.

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