Une lutte efficace contre l'oïdium peut être obtenue par une protection préventive continue en encadrement de la floraison, soit trois à quatre traitements seulement par campagne. Cette stratégie, encore peu appliquée, doit être modulée selon le passé de la parcelle et la sensibilité du cépage.
Les années à oïdium ne sont bien souvent pas des années à mildiou, et inversement. Pourtant, le marché des antioïdiums suit presque systématiquement celui des antimildious. Avec 5,1 millions d'hectares déployés en 2003, il est légèrement plus faible que celui de l'année précédente. Un peu moins de six traitements ont été effectués en moyenne sur la campagne. La baisse générale de 9 % entre 2002 et 2003 n'affecte pas tous les produits avec la même importance. Parmi les quatre grands groupes d'antioïdiums, seules les nouvelles molécules (strobilurines, quinoxyfen, spiroxamine) progressent en terme de parts de marché. Elles représentent plus du quart du nombre de traitements et font jeu égal avec les IBS. Le soufre et le dinocap, bien qu'en diminution, sont employés une fois sur deux.
Si les marchés des antimildious et des antioïdiums se suivent, c'est évidemment lié au fait que les traitements des deux maladies sont réalisés en même temps. Pourtant, les raisons pratiques bien compréhensibles ne doivent pas conduire à traiter sans raison. ' Sur les parcelles sans antécédent oïdium et sur des cépages peu à moyennement sensibles, il est possible de démarrer la protection en préfloraison ', indique Cédric Lecareux, de la chambre d'agriculture de l'Aude. Ces résultats confirment la préconisation de la Protection des végétaux depuis quatre ans. Dans le cas de parcelles sans drapeaux, une protection continue par trois à quatre traitements en encadrement de floraison suffit. Si des drapeaux sont présents, un traitement doit être réalisé en tout début de végétation (stade 2-3 feuilles étalées).
De récentes expérimentations de l'ITV montrent, qu'à ce stade, l'application d'un IBS du type tebuconazole provoque à la fois un bon contrôle sur l'année, mais également une diminution des pousses oïdiées l'année suivante. Dans les parcelles touchées par l'érinose ou l'acariose, le soufre peut être préféré. 30 % des traitements avec ce fongicide sont d'ailleurs réalisés à cette date. En encadrement de floraison, période critique pour l'oïdium, les vignerons privilégient les molécules efficaces. En moins d'un mois, ils appliquent 42 % des IBS et 50 % des strobilurines spécifiques à l'oïdium.
Dans la stratégie préconisée, Pierre Speich, du SRPV d'Avignon, rappelle que les deux premiers traitements doivent être effectués avec des produits curatifs. Il faut, par conséquent, éviter le quinoxyfen ou les QoI généralistes qui seront placés préférentiellement en fin de floraison. Les traitements de rattrapage postvéraison sont réalisés principalement avec des produits à base de dinocap. Cela va dans le sens des préconisations en cas d'attaque déclarée. Dans ce cas, il faut recourir à deux applications à 6-7 jours d'intervalle de dinocap, suivies d'un IBS curatif du type tébuconazole, ou d'un QoI spécifique à l'oïdium. Mais attention, comme le souligne Bernard Molot, de l'ITV de Nîmes, ' ces traitements doivent être exceptionnels. La lutte contre l'oïdium doit absolument rester préventive pour être efficace et prévenir l'apparition de résistance '. Mis à part les IBS, les antioïdiums ne sont pas, pour l'instant, perturbés par de tels phénomènes. Des restrictions d'emplois sont tout de même préconisées : trois applications au plus avec des IBS, la même chose pour les QoI et les produits à base de spiroxamine. Ceux contenant du quinoxyfen peuvent être utilisés quatre fois par campagne.
On peut dire que l'oïdium est gâté. Après l'arrivée de la spiroxamine, la trifloxystrobine et la pyraclostrobine, de nouvelles molécules vont être présentées sur le marché.
Le Fen 560 devrait être le premier stimulateur des défenses naturelles à recevoir une homologation sur oïdium. Il s'agit d'un extrait végétal qui pourra être utilisé en viticulture biologique. Commercialisé par la société Soft, il s'appliquera par pulvérisation classique, du stade 2-3 feuilles à début floraison, à la cadence de 10 à 12 jours. Il devrait être disponible pour la campagne 2004. Continuons avec la métrafénone, molécule d'une nouvelle famille chimique développée par BASF, possédant selon la firme une très bonne efficacité préventive et curative. Elle devrait être commercialisée dans les deux à trois prochaines années. A plus courte échéance, BASF prépare, pour fin 2004, une association de krésoxim-méthyl et de son nouvel antibotrytis, le boscalid. Ce dernier aurait une activité intéressante sur oïdium, mais ne sera pas homologué seul contre la maladie.
RETRAITS
Pyridines (IBS)
pyrifénox : Dorado ; Corona (1986)
Sulfamides
dichlofluanide : Euparène (1964)
Produits industriels simples
permanganate de potassium
NOUVEAUTÉS
Strobilurines
pyraclostrobine : Cabrio star ; Cabrio Ultra (2003)
( ) : année d'homologation de la matière active.