Afin de contrôler efficacement les adventices sans polluer les eaux, les services officiels conseillent de repositionner le désherbage chimique uniquement sous le rang, et d'alterner les matières actives. Le choix du programme se raisonne selon la flore présente, le type de sol et les produits utilisés les années précédentes.
Le retrait de la terbuthylazine (dont l'utilisation sera interdite après le 30 juin 2004) provoque de nombreuses interrogations. Cependant, selon les firmes distributrices, on ne pourra réellement juger de son impact qu'en 2005. L'an dernier, les produits à base de terbuthylazine représentaient plus de 60 % de la prélevée, soit environ un quart des parts du marché total. Le norflurazon (Zorial) a été également retiré du marché et ne sera pas utilisable cette année. Il représentait plus de 10 % des applications de prélevée. Toujours dans les évolutions réglementaires, le diuron n'est plus autorisé qu'à 1 500 g/ha/an, et uniquement en association. Une limitation réglementaire pourrait amener la dose à 1 200 g/ha/an. Or, à 1 500 g/ha, la garantie d'une efficacité jusqu'aux vendanges est déjà remise en cause. Une demande d'abaissement du délai avant récolte (DAR) est en cours, afin de pouvoir appliquer ces produits plus tardivement (en juin).
La note régionale sur l'entretien des sols du Poitou-Charentes précise que ' la priorité doit être accordée, non au remplacement de la terbuthylazine par d'autres molécules, mais plutôt à des techniques alternatives, notamment l'enherbement ou le travail du sol '. L'entretien du sol a pour objectif de maintenir les mauvaises herbes en dessous d'un seuil de nuisibilité tolérable et ce, sans viser l'élimination systématique de la totalité de la flore présente. De plus, les techniques employées doivent permettre de lutter contre l'érosion et de limiter les risques de pollution des eaux.
Partant de ce constat, plusieurs techniques d'entretien des sols peuvent être mises en place. Dans tous les cas, il faut supprimer les adventices sous le rang par des actions chimiques ou mécaniques. Pour l'interrang, l'entretien non chimique du sol est à privilégier. Il sera soit travaillé mécaniquement, soit enherbé avec un contrôle de cette flore par broyage ou par désherbage chimique avec des postlevées. Toutes les combinaisons entre ces différentes techniques sont ensuite réalisables. Le choix doit être fait en fonction du type de flore, du sol, de la pente et de la concurrence hydrique. Le passage d'un désherbage chimique en plein à un désherbage chimique uniquement sous le rang est de plus en plus réalisé dans les faits. En douze ans, la part des vignes désherbées uniquement sous le rang a progressé de 20 % pour atteindre aujourd'hui environ 60 % du vignoble. Avec le retrait des produits les moins chers, ce pourcentage devrait encore augmenter dans les années à venir. Même dans les régions traditionnellement attachées à l'usage de prélevée en plein (Champagne, Bourgogne, Beaujolais), ce type de pratique n'est plus conseillé. Parmi les autres grands principes, il est essentiel de préserver un enherbement hivernal, afin de limiter les risques d'érosion. Dans ce but, toute application d'herbicide de prélevée ou de postlevée est proscrite, de fin septembre à fin janvier. De plus, il est conseillé d'enherber les tournières et, d'une façon générale, tout ce qui borde les parcelles afin de limiter les transferts d'herbicides vers les eaux.
Dans le désherbage chimique, on distingue quatre types de programme. Le premier est l'application unique de prélevée avant le débourrement de la vigne. Ce traitement permet de maîtriser les germinations d'adventices annuelles (dicotylédones et graminées) et bisannuelles. Avec tous les retraits d'autorisation de vente, dix matières actives seulement sont encore utilisables pour cet usage. Celles restant à disposition sont toutes beaucoup plus chères que la terbuthylazine, mais leur utilisation uniquement sous le rang pourrait réduire les coûts. Parmi les prétendants à la succession, on trouve le flazasulfuron (Katana) et la flumioxazine (Pledge, Donjon) grâce à leur bon rapport coût/efficacité. Leur utilisation requiert tout de même quelques précautions. Suite aux problèmes liés à son utilisation dans certaines régions, le flazasulfuron n'est pas conseillé dans les parcelles chlorosantes. De plus, il ne doit pas être appliqué dans les sols superficiels ou hydromorphes. La flumioxazine peut engendrer des phytotoxicités par éclaboussures, lors des pluies violentes. Elle est donc à éviter dans les vignes dont les bourgeons sont situés à moins de 40 cm de hauteur. Cette recommandation vaut également pour l'association d'oxyfluorfène et de propyzamide (Peral pro). Le dichlobénil (Surfassol G, Unisol) reste la molécule la plus chère. Il est vendu sous forme de granulés. Un prototype permettant de les appliquer sous le rang a été développé. Le choix du produit se fera en fonction des adventices attendus. Par exemple, l'isoxaben (Cent 7) ne détruit pas les graminées. L'alternance des molécules d'une année sur l'autre est incontournable pour éviter les inversions de flore. Chaque substance active connaît des insuffisances sur certains adventices (voir tableau des spectres). Ainsi, il est parfois nécessaire de passer en cours d'été avec un herbicide de postlevée.
Le second programme de désherbage chimique est dit séquentiel. Deux prélevées différentes sont appliquées à dose réduite en cours de saison. La première intervention se fait en prédébourrement et la seconde, courant juin. Ces deux programmes sont à limiter pour des critères environnementaux et économiques.
Les programmes utilisant les produits de postlevée remportent de plus en plus de succès. Ces derniers réalisent actuellement environ 60 % des parts du marché des herbicides. Le glyphosate est le produit le plus utilisé. Il représente plus de 70 % des applications de postlevée. L'enherbement naturel maîtrisé (ENM) repose sur l'emploi exclusif de ce type d'herbicides. Un premier traitement avec un systémique (glyphosate, sulfosate, aminotriazole) est réalisé en sortie d'hiver ou au début de printemps. Les autres interventions sont effectuées avec un systémique ou un contact (Gramoxone, Basta), dès que les adventices atteignent une hauteur maximale de 10 à 20 cm.
Cette année, Giror (aminotriazole + paraquat) revient sur le marché. Il sera positionné en fin d'hiver. Chaque matière active foliaire ne doit être appliquée qu'une fois par an en plein, et qu'une fois par an sur taches. De plus, le transfert de ces molécules vers les eaux paraît relativement important. Les applications en plein doivent donc être limitées au profit des alternatives au désherbage chimique (travail du sol, enherbement...).
Le désherbage mixte permet de réduire les doses d'emploi des prélevées tout en évitant d'accumuler les passages, ce qui est l'inconvénient de l'ENM. La stratégie la plus efficace consiste à appliquer un postlevée en prédébourrement, suivi d'une intervention fin mai-début juin, avec un prélevée à dose réduite, associé ou non à un postlevée (dans la limite où les mélanges prélevée + postlevée concernés seront autorisés). Tous les prélevées ne sont pas conseillés pour ce deuxième traitement. Le diuron et l'oryzalin (Surflan) sont les plus adaptés. Ils sont utilisables avec des doses situées entre 1 et 1,2 kg pour le premier et entre 4 et 6 l pour le second. Le flazasulfuron (Katana) à 0,1 kg et la flumioxazine (Pledge) à 0,6 kg sont actuellement testés. Le positionnement tardif de ces herbicides requiert une certaine vigilance par rapport au risque de vent. L'utilisation de caches de protection ou de rampes capotées est donc à privilégier.
RETRAITS
Fops
haloxafops : Eloge ; Nomade (1975)
Triazines
simazine : Cernet ; Clairsol 85 ; Trévi 10 ; Végépron DS ; Simalon plus (1956)
terbuthylazine : Carazol pro ; Prius pro ; Argent ; Compliss ; Elron ; Fenican ; Plurians (1956)
Diphényls-éthers
acifluorfène-sodium : Totem (1961)
Pyridazinones
norflurazon : Zorial (1971)
( ) : année d'homologation de la matière active.