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Acariens : plus de typhlodromes, moins d'acaricides

La vigne - n°152 - mars 2004 - page 0

Le choix de produits neutres à faiblement toxiques, pour les prédateurs naturels des acariens, a permis de diminuer considérablement le nombre d'acaricides ces dernières années.

Parmi les mille espèces de la famille des Tetraniques, acariens phytophages, cinq se retrouvent très fréquemment sur la vigne. Panonychus ulmi, l'acarien rouge, est le plus répandu. Il est présent partout en France et plus particulièrement dans les vignobles septentrionaux et de la façade atlantique. Il cotoie quatre espèces regroupées sous le terme général d'acarien jaune. Eotetranychus carpini et Tetranychus turkestani sont localisés dans la région méditerranéenne. Tetranychus urticae se rencontre partout en France, mais n'est important que dans les régions septentrionales. Enfin, Tetranychus macdanieli n'est présent qu'en Champagne. Les trois dernières espèces citées se différencient facilement des autres, par le tissage dense qu'elles provoquent en face inférieure des feuilles. Une autre famille d'acariens est également à prendre en compte, mais pour d'autres raisons : les phytoséides. Prédateurs des phytophages, ils permettent de les réguler très efficacement. Typhlodromus pyri et Kampimodromus aberrans en sont les représentants les plus connus. Ces trente dernières années, de graves pullulations d'acariens, et notamment de P. ulmi, ont été observées. Elles sont expliquées principalement par une action néfaste directe de divers insecticides et de certains fongicides sur leurs prédateurs naturels.

La deuxième cause est la résistance des populations d'acariens à différents insecticides et acaricides. Pour éviter ces pullulations, les techniciens ont promu une lutte raisonnée depuis plusieurs années dans l'ensemble des régions. Elle vise à préserver les typhlodromes, afin d'établir un équilibre entre proies et prédateurs. Pour cela, les produits phytosanitaires ayant un faible impact sur leur développement sont préférentiellement choisis pendant toute la campagne. L'usage de produits toxiques ou moyennement toxiques est proscrit dans les parcelles où les typhlodromes sont peu présents, afin de favoriser leur réimplantation. Par contre, si le taux de prédateurs est stable et suffisant (entre 0,8 et 1 par feuille), il n'est pas nécessaire de changer ses pratiques. Force est de constater que cette stratégie a rempli tous ses objectifs. La surface traitée avec des acaricides est passée de plus de 250 000 ha en 1998, à moins de 100 000 en 2003, avec une baisse de 50 000 ha par an ces deux dernières années. Le rétrécissement du marché a des conséquences prévisibles. Sept molécules ayant des vertus acaricides n'ont pas été soutenues par les firmes lors de la révision européenne des produits phytosanitaires. En conséquence, quatorze spécialités commerciales ne sont plus utilisables depuis le 31 décembre 2003. Soit plus du tiers des produits homologués il y a deux ans. En parallèle, une seule molécule est apparue sur le marché ces trois dernières années. Il s'agit de l'étoxazole (Bornéo). Il a une action ovicide et larvicide, mais induit également une stérilisation des femelles adultes. Il ne s'applique qu'au printemps, mais a une longue persistance d'action, ce qui limite la présence des acariens au cours de l'été. C'est la seule matière active à ne pas avoir de résistance connue. Malgré l'efficacité de la lutte biologique, il faut réaliser une surveillance du niveau des acariens tout au long de la campagne. Elle consiste en une notation du pourcentage de feuilles occupées par au moins une forme mobile sur vingt-cinq feuilles. Le dépassement d'un seuil déclenche le traitement. Pour P. ulmi et E. carpini, le seuil est de 70 % de feuilles occupées au printemps et de 30 % en été (à partir de la nouaison). Pour T. macdanieli, il est de 40 % au printemps et de 30 % en été. Pour les autres acariens tisserands présents uniquement en été, le seuil est aussi de 30 %. Le choix du produit se fait ensuite selon plusieurs critères : son efficacité vis-à-vis de l'espèce visée, des stades du ravageurs (oeuf, larve, adulte), des conditions climatiques (température, hygrométrie) et de la toxicité par rapport aux auxiliaires. De plus, afin de gérer l'efficacité des molécules, deux produits appartenant au même groupe de résistance ne doivent pas être utilisés sur la même parcelle la même année. Attention à prendre en compte, également, les produits utilisés comme insecticides.
' En pratique, les traitements printaniers ne sont que très rarement effectués et lorsqu'il y en a besoin, un seul traitement en été suffit à faire baisser les populations à des niveaux acceptables ', observe Bernadette Ruelle, du SRPV de Montpellier.


GROUPES DE RÉSISTANCES
1 : azocyclotin ; cyhéxatin ;fenbutatin oxyde.
2 : clofentézine ; héxythiazox ; flufénoxuron.
3 : dicofol.
4 : bifenthrine ; esfenvalerate ; lambda cyalothrine ;tau-fluvalinate.
5 : propargite
6 : pyridabène ; tébufenpyrad ; fenazaquin.
7 : étoxazole.

RETRAITS*
Pyréthrinoïdes
acrinathrine : Orytis (1983)
fenpropathrine : Sigona ; Danitol ; Viktor (1981)
Organo-Phosphorés
diéthion : Acafor ; Thionfor ; Rhodocide ; Scipio ; Tuver acaricide
parathion-méthyl : Tuver acaricide (1953)
Sulfonates
tétradifon : Sépiclar T ; Draca ; Acaryl 240 (1955)
Carbinols
bromopropylate : Néoron (1967)
Dérivés de l'acide benshydromique
benzoximate : Rézar (1972)

NOUVEAUTÉS
Oxazolines
etoxazole : Bornéo (2002)

* pour cause de non-soutien de la molécule dans le cadre de la révision européenne des produits phytosanitaires.
( ) : année d'homologation de la matière active.



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