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Tordeuses : les neurotoxiques en perte de vitesse

La vigne - n°152 - mars 2004 - page 0

Les produits à large spectre d'efficacité sont supprimés les uns après les autres. L'heure est aux insecticides naturels et respectueux des auxiliaires : RCI, produits ' bio-activés ' ou issus de fermentation de micro-organismes. Ils sont tous les bienvenus... du moment qu'ils restent aussi efficaces que leurs aînés.

Les dégâts liés aux attaques de tordeuses de la grappe sont bien connus. Eudémis et cochylis provoquent peu de perte quantitative de récolte. Par contre, les perforations des baies qu'elles occasionnent en deuxième génération (et en troisième pour eudémis) sont en lien direct avec l'installation de la pourriture grise.
La lutte chimique contre ces ravageurs vise donc essentiellement à prévenir cette installation. La surface traitée par les insecticides (en comptant à la fois la lutte antitordeuse et celle anticicadelle) est en légère diminution depuis cinq ans. Les neurotoxiques sont les plus touchés avec une baisse de leur utilisation de 60 % en quatre ans. Cette classe de produits comprend principalement deux familles chimiques : les pyréthrinoïdes et les organophosphorés. Les premiers restent les insecticides les plus utilisés, mais environ 70 % des applications visent la cicadelle de la flavescence. Les organophosphorés, deuxième famille chimique la plus utilisée, sont en grande perte de vitesse, le retrait d'Ekalux aggravant encore plus ce phénomène. Les régulateurs et inhibiteurs de la croissance des insectes sont, par contre, en très forte augmentation (70 % en cinq ans, dont 25 % uniquement l'année dernière) et devraient passer devant les organo-phosphorés. Ils sont déjà les plus utilisés dans la lutte antitordeuses. Dans ce groupe, Cascade est le produit phare, puisqu'il détient 70 % des parts de marché, avec toutefois de grandes disparités régionales. La confusion sexuelle est à peu près stable et représente environ 5 % des vignes traitées. Elle est principalement mise en place en Champagne, en Bourgogne et dans le Médoc. Ainsi, le marché insecticide de la vigne se divise en deux grands axes : les traitements cicadelles réalisés par des neurotoxiques et majoritairement des pyréthrinoïdes ; la lutte contre les tordeuses avec des régulateurs et inhibiteurs de croissance des insectes.

La lutte contre les tordeuses peut démarrer dès la première génération. La décision de traiter se fait, soit en prenant en compte les dégâts de l'année antérieure, soit en évaluant le nombre de larves de cette première génération. Le comptage des glomérules est déterminant. Si les seuils sont dépassés (voir la grille de décision), un traitement curatif sur jeunes larves est à réaliser avec des neurotoxiques. L'intervention doit se faire avec des insecticides ayant une action de choc importante, permettant de tuer des larves âgées de 15 jours.
Les produits à base de chlorpyriphos éthyl et d'indoxacarbe sont également satisfaisants. Certains RCI (Cascade, Fuoro et Confirm) ont également une action larvicide intéressante sur très jeunes glomérules.

Avec le retrait du parathion-méthyl et d'autres molécules curatives, les traitements de rattrapage sur larves âgées ne seront possibles qu'avec des spécialités à base de méthomyl. Pierre Speich, de la SRPV d'Avignon, ne s'en inquiète pas : ' Les produits à base de parathion n'étaient pas très employés. Leur efficacité sur larves âgées, très moyenne en G1, devenait vraiment trop faible en G2 . '
Les spécialités à base de Bacillus thuringiensis (Bt) n'ayant que très peu d'action de choc, ne doivent pas être utilisées en G1. La lutte contre la deuxième génération est la plus importante. Lorsqu'elle est nécessaire (voir la grille de décision), elle est préventive. Tous les types de produits peuvent être utilisés. Le pic des vols étant peu étalé dans le temps, un traitement unique suffira. Le choix des produits se fera en fonction de leur innocuité vis-à-vis de la faune auxiliaire. Une pulvérisation en face par face et localisée sur la zone des grappes est préconisée. Pour les vignobles concernés par la troisième génération d'eudémis, les traitements sont à réaliser en fonction du nombre de foyers en deuxième génération. Le vol étant plus étalé, deux interventions peuvent être conseillées.

Les produits n'ont bien souvent pas la même efficacité sur eudémis et sur cochylis. Parmi les RCI, Confirm ne s'utilise que contre l'eudémis. Cascade et Fuoro sont satisfaisants sur eudémis, mais moyens contre la cochylis (40 à 50 %). A l'inverse, Insegar est beaucoup plus efficace sur cochylis que sur eudémis. En ce qui concerne les neurotoxiques, bien qu'ils soient satisfaisants contre les deux tordeuses, l'eudémis y est, en général, plus sensible. Enfin, les spécialités à base de Bt sont satisfaisantes contre les deux ravageurs. La campagne 2004 sera la deuxième du nouvel insecticide de DuPont, l'indoxacarbe. Il est commercialisé dans deux spécialités : Steward (granulés) et Explicit (liquide). A la fois préventif et curatif, il se positionne avant le début des pontes avec une flexibilité jusqu'au stade tête noire. Une faible efficacité en deuxième génération sur cochylis a été notée dans les vignobles septentrionaux. ' Par contre, sur eudémis, l'indoxacarbe se révèle aussi bon que la référence ', ajoute Pierre Speich.

Dow Agroscience espère que son nouvel insecticide, le Spinosad, sera homologué avant le début de la campagne. Produit fermenté à base de micro-organismes du sol, il est homologué en agriculture biologique en Suisse. Il devra être positionné au stade tête noire. Bayer espère une homologation de son RCI à base de méthoxyfenozide pour fin 2004, début 2005. Celui-ci a, selon Béatrice Charnay, chef de marché insecticides de cette firme, un placement plus souple que les autres RCI et une efficacité équivalente contre les deux tordeuses. Les nouveautés se tournent donc vers un profil écotoxicologique très ' soft '. Les anciennes molécules font peau neuve avec de nouvelles formulations plus respectueuses de l'environnement et de l'utilisateur. C'est le cas de la lamba-cyalothrine ou de la deltaméthrine.

RETRAITS
Pyréthrinoïdes
fenpropathrine : Sigona (1981)
tralométhrine : Tracker 108 EC (1976)
Organo-Phosphorés
mévinphos : Phosdrin W 10 ; Systephos (1953)
parathion-méthyl : Microméthyl ; Kelthane ; Maxicap ; Penncap M ; Taxylone ; Méthyl Bladan 40 ; Yphos 40 EL (1953)
pyridaphention : Oreste (1974)
quinalphos : Ekalux (1969)
Sulfonates
tétradifon : Sépiclar T (1955)

NOUVEAUTÉS
Oxadiazines
indoxacarbe : Explicit ; Steward (2003)

* pour cause de non-soutien de la molécule dans le cadre de la révision européenne des produits phytosanitaires
( ) : année d'homologation de la matière active.




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