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archiveXML - 2004

Conduite raisonnée , moins de phytos, mais beaucoup d'heures

La vigne - n°154 - mai 2004 - page 0

Contrairement aux idées reçues, la viticulture raisonnée ne revient pas moins cher qu'un itinéraire conventionnel. Plus gourmande en main-d'oeuvre, elle ne permet que peu d'économies de produits.

L'agriculture raisonnée coûte plus cher qu'un itinéraire classique. Ce constat ressort de l'étude de coût menée, pour la première fois, en Muscadet en 2003, par une enquête sur l'ensemble des pratiques mises en oeuvre dans le vignoble. ' Les viticulteurs en conduite raisonnée réalisent moins de traitements, mais utilisent des produits plus chers, justifie Jean-Louis Brosseau, à la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique. Il faut aussi prendre en compte l'adhésion à un réseau de lutte raisonnée. Surtout, ce type de conduite demande plus de temps. Si l'on rémunère le temps passé par l'exploitant, l'agriculture raisonnée coûte plus cher. '

Les mêmes calculs ont été effectués en Anjou cette année, d'après des données de terrain. Cette étude confirme le poids de la main-d'oeuvre dans ce surcoût. L'observation mobilise trois heures dix par hectare, soit 37,95 euros/ha. Cette moyenne a été établie pour un domaine de 15 ha, à raison de quatre heures par semaine sur le domaine, consacrées à la surveillance des maladies et des parasites.
Dans le Pays nantais, les viticulteurs en conduite raisonnée ont aussi intégré des pratiques visant une amé- lioration de la qualité, comme le palissage à trois fils. Leurs collègues qui appliquent un itinéraire classique, ne palissent que sur un fil. La chambre en a tenu compte dans ses calculs. Malgré cela, l'essentiel du surcoût est lié au raisonnement des interventions. La fertilisation est précédée d'une analyse de sol, et réalisée tous les ans ; elle revient 193 euros plus cher à l'hectare que l'application par une entreprise de travaux agricoles d'un engrais chimique tous les quatre ans, pratique retenue dans l'itinéraire classique. Ce surcoût inclut un doublement du temps de travail nécessaire.

L'entretien des tournières revient à 31 euros/ha. Les économies réalisées sur les traitements mildiou, oïdium et vers de la grappe (au total, 123 euros/ha) sont absorbées par l'application d'un traitement antibotrytis supplémentaire (139 euros/ha). A cela s'ajoute l'adhésion aux réseaux de luttes raisonnée et intégrée (172 euros/ha) et des contrôles de maturité plus fréquents.
Au final, le raisonné revient 20 % plus cher que la viticulture conventionnelle.
Un viticulteur, adhérent de Terra Vitis, est conscient de cette situation, mais en fait un pari sur l'avenir : ' Cela me revient plus cher et je ne peux pas vraiment valoriser ce surcoût, pour l'instant. Mais quand le référentiel national de l'agriculture raisonnée deviendra obligatoire, ce qui semble être l'objectif, je serai prêt. Alors, cela me reviendra bien moins cher qu'à ceux qui auront tout à faire. '

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