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Sculpteur de ceps

La vigne - n°154 - mai 2004 - page 0

Pendant dix ans, Marc Fétizon fut scultpeur. Il a taillé 500 oeuvres dans des ceps et des racines de vignes, puis il s'est intéressé à la course à pied.

'C'est le pied de vigne, la base, la source du vin ', explique Bernard Launois en présentant les sculptures de ceps de Marc Fétizon. Depuis 1996, ce vigneron de Mesnil-sur-Oger (Champagne) leur consacre une pièce de son musée de la vigne et du vin. Il a réuni une collection de trois cents pièces qui remporte un franc succès.
A 74 ans, leur créateur, Marc Fétizon, barbe blanche et cheveux poivre et sel, se souvient de cette période lointaine de sa vie où il les a sculptées, en laissant aller son imaginaire. Né à Gueux, il habite à Ambonnay où, pendant trente ans, il est ouvrier viticole chez Taittinger. En 1967, à 37 ans, il commence à sculpter des ceps de vigne. Pendant dix ans, il crée près de cinq cents figures. Puis, à 47 ans, il commence à courir et cette nouvelle activité met fin à sa période de sculpteur.
L'idée de la première sculpture lui est venue en voyant des morceaux de bois se consumer dans l'âtre. Il remarque les ceps de vigne lorsqu'on les arrache, les ramasse et les examine. Il voit d'emblée s'ils ont déjà ' une allure '. Il en jette, il en brûle. Les autres sont travaillés pour ' les faire vivre '. Il les nettoie à la brosse métallique, en les tapotant avec un maillet. Il les traite au xylophène, puis les sculpte à la gouge.
Marc Fétizon emploie tout : les racines, la souche ou les bras qui portent les sarments. ' Leurs formes me plaisaient. Souvent, il suffit d'un rien. Tenez, le coq, j'ai juste rajouté le bec. Sinon, tout était là. ' Certains ceps ressemblent à des clowns, des couples, des guignols, un gamin de Paris, un Quasimodo. La majorité de ses sculptures représente des têtes, parfois ' un vieux barbu ', à son image. ' Le pied de vigne, c'est déjà une tête. '
Marc Fétizon a toujours eu la fibre artistique, mais il n'a pas fait d'études. Il a laissé libre cours à son imagination. Il a tantôt dessiné des portraits au crayon, tantôt sculpté des morceaux de bois et il a peint des milliers d'aquarelles. Toute sa vie, assez tourmentée, il a eu des visions, des rêves très présents, des cauchemars parfois édifiants. A ses yeux, ses oeuvres, surgies de son imaginaire, ont préexisté dans la matière. ' Tout est là, tout est toujours là. ' Comme la tortue avec un couple de Champenois sur son dos, l'homme qui écoute l'oiseau siffler, le fou du roi, le diable, la mère la chouette, le vigneron qui ramène sa femme malade au village.

Marc Fétizon déambule devant ses sculptures, se les remémore et les commente. ' Là, les cris de Paris, les marchandes et le marchand d'eau, celui qui montre la direction, la vierge noire, le cracheur de feu... Et là, la petite métisse. Je l'aime bien, elle a la tête bien ronde et les cheveux en arrière. Et la série des vierges, toutes différentes, avec l'une qui porte son enfant sur le coeur. '
Marc Fétizon a toujours créé ses oeuvres pour son plaisir et refusé de les vendre. En 1996, sa collection, qui dormait depuis des années dans un grenier, a trouvé sa place au musée de Bernard Launois.

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