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Les adjuvants

La vigne - n°154 - mai 2004 - page 0

Les adjuvants sont destinés à améliorer les bouillies phytosanitaires et à réduire leur impact sur l'environnement. Ils ne fonctionnent qu'avec certains produits.

'Les adjuvants sont (...) dépourvus d'activité phytopharmaceutique, mais ils sont capables de modifier les qualités physiques, chimiques ou biologiques des matières actives, lorsqu'ils sont ajoutés (...) aux spécialités au moment de la préparation de la bouillie ', définit la commission des toxiques. Ils ont été introduits dans la composition des produits phytosanitaires dès les années 1960, afin d'augmenter leur efficacité. Au début des années 1990, des firmes spécialisées font leur apparition. Elles se mettent à commercialiser de nouveaux adjuvants, seuls. Leurs produits s'ajoutent aux bouillies. Ils doivent être homologués.
Pour ce faire, ils subissent une procédure différente de celle imposée aux produits phytosanitaires par la réglementation européenne (directive CE 91/414). Leur processus d'homologation est d'ailleurs en cours d'adaptation. L'Association française pour les adjuvants (Afa) estime que les ventes en France ont totalisé environ 1 % du chiffre d'affaires du marché phytopharmaceutique total en 2003.

L'offre se répartit principalement en deux familles : les huiles et les mouillants. Les huiles minérales, comme Seppic (Adirh), ou végétales (huile de colza estérifiée), comme Colsurf (Surfagri) ou Actirob B (Bayer Cropscience), agissent uniquement sur la pénétration des matières actives. Elles sont peu utilisées en viticulture. Elles servent pour le désherbage des céréales ou des betteraves. En effet, elles sont surtout efficaces avec les herbicides ' Fops ' (fluazifop-P-butyl, haloxyfop-R-méthyl...) et les ' Dimes ' (cléthodime, cycloxydime). Par contre, elles donnent des résultats médiocres avec le glyphosate, le sulfosate, le glufosinate ou l'aminotriazole.
Les mouillants, encore appelés tensioactifs, ont le plus fort potentiel de développement. Ils sont travaillés depuis une dizaine d'années. Selon l'Afa, ils sont appliqués sur 7 Mha en France, dont environ 400 000 ha de vignes, principalement en association avec les fongicides et les insecticides. Leur avantage, par rapport aux huiles, est leur multifonctionnalité. Parmi les principaux, citons Héliosol (Samabiol), Li 700 (Agridyne)n Surf 2000 (Surfagri) et Génamin (Monsanto). Héliosol joue sur la qualité de pulvérisation. Il possède un bon effet antirebond et de rétention des gouttelettes sur la feuille. Les mouillants Li 700 et Surf 2000 jouent sur la pénétration, la rétention et l'étalement des gouttes.

Outre les huiles et les mouillants, il existe des sels, notamment le sulfate d'ammonium, spécifique au glyphosate. On trouve aussi des antimoussants qui, comme leur nom l'indique, évitent à la bouillie de mousser.
Citons encore les colorants, plutôt utilisés en zones non agricoles par les collectivités locales, pour visualiser les endroits où ont été effectués les traitements.
Comment se raisonne le choix d'un adjuvant ? Tout d'abord, selon plusieurs techniciens, ces produits n'ont pas d'efficacité biologique. Depuis 1999, Eric Serrano, à l'ITV Midi-Pyrénées (Gaillac), teste l'efficacité de traitements contre le mildiou, l'oïdium et le black-rot, à pleine ou à demi-dose, additionnés ou non d'Héliosol. En aucun cas, il n'a observé d'effet de l'adjuvant. Contre le mildiou, ses programmes étaient à base de fosétyl Al ; contre l'oïdium, ils démarraient avec un mélange de soufre et de dinocap et s'achevaient par deux IBS. Pour ses expérimentations, Eric Serrano a utilisé un pulvérisateur à dos, c'est-à-dire une pulvérisation optimale. En 2003, il a réalisé le même type d'essai, mais avec un appareil à grand volume. Il en est arrivé aux mêmes conclusions, à savoir que l'adjuvant n'améliore pas l'efficacité des fongicides.
Pourtant, Samabiol explique qu'Héliosol, ajouté aux IBS ou à des antibotrytis, améliore l'efficacité des traitements de 15 à 40 %, selon les situations. Cette firme précise qu'ajouté aux autres fongicides et aux insecticides, son adjuvant ne permet pas de réduire les doses. En fait, ' les adjuvants optimisent l'efficacité des traitements quand les conditions sont limitantes : météo non clémente, adventices trop développées... ', explique Fabrice Lemarchand, président de l'Association française pour les adjuvants.

Comme l'ITV, le Comité interprofessionnel du vin de Champagne n'a pas noté d'amélioration de l'efficacité des traitements avec les adjuvants (Héliosol, Abion). Cependant, il admet que certains peuvent avoir un intérêt pour limiter la dérive ou acidifier les bouillies.
Le Cemagref a réalisé plusieurs tests avec Héliosol et Li 700, confirmant que tous deux diminuent la dérive. C'est pourquoi ils sont homologués avec une mention ' limitation de la dérive '. Vincent Polvèche, du Cemagref, précise que ' l'effet antidérive n'est pas vrai pour tous les adjuvants. Il est plus ou moins marqué selon la formulation et la matière active du produit phytosanitaire. Il dépend aussi du type de buses utilisé '.
Dans son guide pratique Viticulture raisonnée et environnement de 2004, le CIVC donne quelques exemples de couples produits phytosanitaires-adjuvants intéressants. Génamin ou Stimul (Sipcam-Phyteurop), associés au glyphosate, permettent de limiter l'effet négatif de la dureté de l'eau sur l'herbicide et offrent la possibilité de réduire les doses. Héliosol ou Li 700 introduits dans une bouillie d'herbicides de prélevée réduisent les embruns. Même constat pour le Li 700 avec les herbicides de postlevée. Ce produit limite aussi l'hydrolyse de la flumioxazine, matière active du Pledge. Héliosol, associé aux herbicides de postlevée, améliore la rétention, l'étalement et la fixation des gouttes. Associé à des fongicides ou des insecticides, il diminue les embruns avec les formulations hydrosolubles (WG, SG, SC, SL...). Mais attention, Li 700 ou Héliosol, associés aux produits formulés en suspension huileuse, procurent des effets négatifs.
Bref, les adjuvants doivent s'utiliser avec beaucoup de discernement.




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