Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2004

Les travaux combinés

La vigne - n°155 - juin 2004 - page 0

Depuis 1990, Philippe Meyer fauche en même temps qu'il rogne. Il réalise ainsi deux passages par an. Il a essayé d'autres combinaisons, mais elles ne lui ont pas donné satisfaction.

La réduction du nombre d'heures passées sur le tracteur est le ressort qui a amené Philippe Meyer à combiner des travaux. Ses premiers essais le voient broyer l'herbe et rogner fin juin. ' C'était trop tard. Le broyage n'était pas assez soigné ', se souvient-il. Mais cette expérience lui a permis de mettre au point sa pratique actuelle. Tout démarre avec une simple tonte achevée en trois à quatre jours. ' Elle évite que l'herbe ne monte trop. Je décide de la date en fonction de l'avancement de la végétation. J'attends le plus tard possible pour que les graminées aient eu le temps de fleurir. Il doit y avoir assez de matière pour intervenir. L'idée est de faire coïncider la deuxième tonte avec le premier rognage et d'avoir, à ce moment-là, une herbe pas trop haute. Le rognage détermine la date du passage. Il reste prioritaire . ' Depuis qu'il combine les travaux, Philippe Meyer a retardé la date de cette intervention. Il est ainsi passé de trois ou quatre rognages par an à deux seulement.

Les vignes sont enherbées un rang sur deux, plantées à 1,40 ou 1,60 m. Elles sont réparties sur six communes. Le cépage et la vigueur justifient l'ordre de passage des parcelles. Le principe est de rogner les 16 ha dans la foulée, car l'exploitation ne dispose que d'un seul tracteur-outils.
En conditions normales, le chantier avance au rythme de 3 ha/jour. ' En me limitant à deux rognages, je gagne au minimum cinq jours de travail à l'échelle de l'exploitation . ' L'oeil du chauffeur est fixé sur la rogneuse. Le girobroyeur suit sans surveillance spécifique. ' Ce sont la sortie et l'entrée dans le rang qui demandent le plus d'attention. Le tout est de bien se positionner en commençant une nouvelle ligne ', signale Philippe Meyer. Un tel attelage oblige à manoeuvrer un peu plus dans les tournières. Comme celles-ci sont tondues, ' il faut calculer avec 10 % de temps en plus, comparé à un rognage simple. Mais cela ne remet pas en cause la rentabilité de la démarche. '

Pour faciliter ses manoeuvres, il s'est efforcé de rendre son attelage le plus compact possible. Voici trois ans, il a investi dans un girobroyeur court, de fabrication italienne (Barracuda, de Fischer) qu'il attelle dans sa position la plus courte. Elle correspond à l'espace minimum nécessaire à la prise de force. ' La qualité du travail est un peu inférieure à celle de mon autre girobroyeur, mais les manoeuvres se font plus vite . ' En année plus humide, il utilise son broyeur à axe horizontal et à fléaux en Y. Philippe Meyer possède un tracteur de 75 ch, mais il estime que 50 ch suffisent pour faire fonctionner les deux outils. Enfin, quel qu'il soit, le matériel traîné stabilise convenablement le tracteur. Les roues au sol confèrent à l'attelage un excellent équilibre qui améliore le confort de conduite.

La vitesse de travail varie entre 3 et 5 km/h en fonction du cépage. ' Riesling et sylvaner sont rognés rapidement. Sur pinot et gewurztraminer, je vais moins vite, car je rogne tard et la machine a du mal à suivre . ' S'il se contentait de tondre, il pourrait rouler plus vite. Mais la vitesse réduite imposée par le rognage a tout de même du bon. La qualité de la tonte est ' impeccable '.
' L'association rognage-tonte est celle qui marche le mieux ', résume le viticulteur, qui a déjà tenté de réunir rognage et travail du sol. Son essai n'a pas été concluant, car ' on ne peut avoir la tête à la fois devant et derrière '. D'autres inconvénients sont apparus. Le travail du sol fait bouger le tracteur, donc la rogneuse, ce qui handicape la qualité du rognage. Philippe Meyer a pensé à combiner tonte et désherbage sur le rang. Mais cela lui pose des problèmes de calendrier, car il traite avec de faibles doses de glyphosate en avril, une époque trop précoce pour la première tonte. Une autonomie insuffisante, des buses qui se bouchent sont d'autres obstacles. Et il est difficile ' d'avoir les yeux partout '.


Philippe Meyer, vigneron indépendant à Rosheim (Bas-Rhin)
* 1990, date d'installation 16 ha de vigne en production
* 80 % de coteaux
* 3 UTH et des saisonniers
* 60 000 bouteilles vendues par an, dont 60 % à une clientèle particulière
* Vente de raisin et de vrac




Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :