Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2004

Le vrac reste la référence pour le prix du raisin

La vigne - n°156 - juillet 2004 - page 0

Lorsqu'il faut convenir du prix d'achat de la vendange, beaucoup s'en remettent aux évolutions du marché du vrac, constatées par les interprofessions. Peu d'acheteurs s'engagent sur un montant garanti.

Ces dix dernières années, les centres de vinification ont poussé comme des champignons. Cette nouvelle formule, importée du Nouveau Monde, devrait encore faire des petits... Outre l'inauguration de nouveaux centres, il y a fort à parier qu'avec le temps, ils vont se structurer autour de contrats de plus en plus innovants. Aujourd'hui, le principe reste celui du paiement du raisin en fonction des cours du vrac du millésime, constatés par les interprofessions via les contrats d'achat. Le négociant verse un ou des acomptes en fonction des cours de l'année précédente et régularise une fois qu'il connaît le prix moyen pondéré du nouveau millésime, arrêté sur la campagne ou sur les mois les plus représentatifs du marché. Sur cette base, le négociant défalque souvent des frais de vinification. Généralement, pour tenir compte de la qualité de l'apport, il applique des primes, voire retient parfois des pénalités.
En pratique, ce cadre général connaît de nombreuses adaptations. Dans les faits, chaque entreprise a sa propre organisation. Parmi les négociants les plus transparents sur le sujet, la maison Sichel, à Bordeaux, communique le montant des frais de vinification dès la signature annuelle du contrat (140 euros le tonneau de 900 litres). De même, les bonus et malus appliqués à la vendange sont déterminés à la réception. ' Ils peuvent représenter jusqu'à + ou - 15 % ', explique Fabien Laborde, oenologue. Le règlement a lieu en deux fois : un tiers à la mi-novembre, puis les trois quarts restants à la mi-juillet sur la base du prix moyen pondéré arrêté à fin juin. ' Tout est donc réglé avant les nouvelles vendanges ', précise le responsable du site de Saint-Maixant (Gironde).
En Provence, le groupe Castel, propriétaire du centre de vinification de Vidauban (Var), applique un système similaire : les parties se réfèrent au cours moyen pondéré entre le 15 novembre et le 30 juin, auquel s'ajoute une prime à la qualité déterminée lors de la dernière visite de vigne (10 % maximum). Le paiement est effectué en trois fois, avec un solde versé début juillet.

Dans le Val de Loire, le négociant Bougrier se réfère au prix moyen pondéré sur l'ensemble de la campagne. Le règlement est donc soldé l'année qui suit la récolte et s'effectue par le versement de plusieurs acomptes. Ainsi, le millésime 2004 sera payé au plus tard le 31-12-05. Les frais de vinification sont calculés à partir d'un référentiel régional et les frais de chaptalisation sont facturés à part. ' Ils sont fonction du degré de la vendange apportée. Nous appliquons le coût réel d'achat du sucre, sans frais de manipulation ', précise Noël Bougrier.
En Bourgogne, le groupe Boisset adapte son système à la hiérarchie des appellations. Là encore, le principe reste celui d'une référence aux statistiques interprofessionnelles : pour les génériques, le paiement des raisins s'effectue au prix du vin tel qu'il est constaté, l'année suivante par les enregistrements de l'interprofession. Sur cette base, Boisset retire ensuite des frais de vinification (75 euros la pièce de 228 litres). Le paiement des raisins des crus et des appellations Villages obéit au même principe, si ce n'est qu'il n'y a pas de réfaction des frais de vinification.
Bien qu'elle soit générale, l'indexation sur les cours du vrac n'est pas la seule formule. ' Dans certains cas, notamment lorsqu'il s'agit de vieilles vignes où les rendements sont faibles, on accepte d'appliquer un prix fixe ', reconnaît Grégory Patriat, viticulteur. Même remarque au centre de vinification de chez Mommesin, dans le Beaujolais. ' Lorsque l'on veut vraiment un apporteur précis, parce qu'il travaille bien en viticulture raisonnée ou qu'il a un cru porteur, alors on convient d'un prix fixe ', note Julien Sunier, oenologue.
Le système de prix fixe, auquel s'ajoutent éventuellement des primes ou des pénalités, est aussi encouragé dans les vignobles où certains produits ont connu d'importantes envolées ces dernières campagnes. C'est par exemple le cas avec le sauvignon du Val de Loire. ' Quasiment tous nos contrats mixent références aux mercuriales et prix fixes ', explique Pascal Guibal, à la tête de la maison Sautejeau.

Pour éviter de négocier un prix fixe avec chacun de leur fournisseur, certains négociants ont choisi de travailler avec des syndicats d'apporteurs. C'est le cas des Vendangeoirs du Val de Loire, qui, pour la partie nantaise de ses approvisionnements, arrête un prix de base de concert avec la coopérative de services Les Vignerons Nantes-Atlantique. ' Au lieu d'avoir 200 interlocuteurs, j'ai un unique contact ', constate Denis Rolandeau, responsable du centre. Pour la partie Anjou-Touraine, le prix proposé est soit fixe, soit indexé sur les cours du vrac. ' C'est le vigneron qui choisit. En revanche, il n'est pas possible de distinguer les vins de pays et les appellations. Si un apporteur opte pour la référence aux mercuriales, il le fait aussi bien pour ses apports en VDP qu'en AOC ', précise-t-il.
En Alsace et pour leur site du Jura, les Grands chais de France se sont aussi organisés avec des syndicats d'apporteurs. Cette société de négoce a, par ailleurs, généralisé l'idée d'une contractualisation. ' Les apporteurs s'engagent pour trois, six ou neuf ans ' , explique Bruno Kessler, directeur des achats. ' Des primes sont ensuite appliquées en fonction de la qualité de la vendange, du type de produit et de la durée d'engagement souscrite, précise-t-il. Concrètement, un apporteur de riesling, engagé sur neuf ans, sera bien mieux rémunéré que le vigneron qui nous livre du sylvaner, et qui n'a signé que pour trois ans .'




Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :