Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2004

L'aggloméré, l'Oméga et le Tage recalés

La vigne - n°157 - septembre 2004 - page 0

Un bouchon aggloméré, un technique - l'Oméga - et un synthétique - le Tage - arrivent bons derniers d'un essai comparatif mené par l'Institut rhodanien, dans le Vaucluse.

En mars 2003, l'Institut rhodanien, à Orange (Vaucluse), embouteille un côtes-du-rhône rouge et un tavel, tous deux du millésime 2002, avec huit bouchages différents : un liège naturel 3 e colmaté, un aggloméré et un technique (Oméga), tous trois de chez Bourrassé, un composite à deux rondelles (Twin Top d'Amorim), une capsule à vis (Stelvin de Pechiney) et trois synthétiques (Tage de Novembal, Integra de Pack Services, et Nomacorc). Pour chaque modalité, la moitié des bouteilles est stockée debout, l'autre couchée.

' De telles études ont déjà été menées ailleurs , reconnaît Stéphane Vidal, en charge de ce projet. Nous souhaitions acquérir des données spécifiques sur le grenache, cépage sensible à l'oxydation. ' L'expérimentation sera menée sur deux ans, mais les premiers résultats montrent déjà des différences de comportement. Un an après la mise, les bouteilles fermées par l'aggloméré, l'Oméga ou le Tage sont jugées plus évoluées, moins fruitées. Pourtant, elles n'ont pas perdu plus de SO 2 libre que les autres.
Dans tous les cas, entre la mise et le contrôle à douze mois, le SO 2 libre diminue de 25 à 15 mg/l pour le rosé et de 50 à 25 mg pour le rouge. Bien que les dégustateurs distinguent des bouteilles plus évoluées que d'autres, ' chimiquement, il n'y a aucune différence entre les vins après un an, s'étonne le responsable du laboratoire, sauf dans un cas '.
En effet, les bouteilles bouchées par un aggloméré et stockées debout font exception. Elles montrent tous les signes de l'évolution : pertes de SO 2 libre, forte hausse de l'éthanal, montée de la DO 420 (couleur jaune) et apparition d'un trouble. Même dans ce cas, le SO 2 total diminue peu : il ne s'est donc pas oxydé en sulfate, mais s'est combiné avec l'éthanal formé lors des entrées d'oxygène.

Au-delà de trois mois, l'aggloméré et l'Oméga ne se contentent plus de masquer le fruit du vin. Des goûts de bouchon et de moisi apparaissent très nettement, ce qui remet en cause leur intérêt, même pour des vins à rotation rapide. ' Pour tous les bouchons utilisés, les contrôles à réception étaient corrects , précise Stéphane Vidal . L'analyse montre que ces vins jugés moisis ne contiennent pas de TCA. '
' Nous garantissons l'Oméga pendant un an, s'étonne Dominique Bastié, directeur commercial chez Bourrassé. Il peut s'agir d'une interaction avec le vin. ' Les vendanges altérées en 2002 ont peut-être donné des vins plus sensibles à ces goûts de moisi. Mais ces défauts n'apparaissent pas avec les autres bouchons, alors qu'ils se révèlent vite avec l'agglo et le technique.
En fait, le phénomène est assez caractéristique de l'aggloméré : ce dernier donne souvent des faux goûts de bouchon, en l'absence de TCA. ' Lors des dégustations de suivi en aval de la qualité, avec le liège, 90 % des goûts de bouchon sont liés aux TCA. Cette corrélation n'est pas respectée pour les agglomérés ', étaye Stéphane Vidal.
Côté synthétique, le Tage n'est guère mieux noté : il confère des notes évoluées, voire de colle ou de solvant, dès six mois, et de façon très marquée en rosé. Ce bouchon peut remplacer l'aggloméré sur les vins à rotation rapide, mais son intérêt s'arrête là au vu de cette étude. La société Novembal, productrice du Tage, s'insurge et avance des durées de conservation de dix-huit mois ' à moduler selon le vin, son origine, sa vinification ', ajoute Martine Sow.
Du point de vue sensoriel, les autres obturateurs sont très performants. La capsule à vis semble garantir le meilleur équilibre des vins, respectant le fruité pendant douze mois et ne provoquant pas de problèmes de réduction. A un an, les vins bouchés par une capsule sont jugés jeunes ou à boire (90 % des appréciations des dégustateurs), quand les autres sont considérés comme à boire, voire évolués.
L'Institut rhodanien s'est également intéressé à la performance de bouchage. A nouveau, l'aggloméré se distingue, mais cette fois dans la modalité bouteilles couchées, et pour ce qui est de l'étanchéité. ' Dès trois mois, le bouchon est fortement imbibé et les couleuses sont très fréquentes. ' A l'inverse, le Nomacorc, bien noté au niveau sensoriel, est presque trop étanche. C'est un inconvénient de taille qu'il partage, dans une moindre mesure, avec le liège colmaté. A douze mois, il faut développer une force de 45 daN pour extraire le Nomacorc, plus de 30 daN pour le liège colmaté, quand le confort de débouchage se situe entre 20 et 30 daN. ' La force d'extraction est en constante augmentation depuis la mise pour ces deux bouchons ', note Stéphane Vidal. Si cette tendance se confirme, le débouchage du Nomacorc sera quasiment impossible après dix-huit mois de conservation. Chez Nomacorc, Suzanne Alardin nuance : ' Cette force d'extraction importante s'exerce pendant un temps très court, indétectable par le consommateur. Jamais un sommelier ne nous a signalé ce problème. '
Ces résultats restent à confirmer sur la dernière année. ' Il nous faudrait aussi comparer plusieurs bouchons colmatés, car toutes les qualités ne sont pas équivalentes, même pour des dénominations comparables ', estime Stéphane Vidal.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :