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La prévision du botrytis s'affine

La vigne - n°157 - septembre 2004 - page 0

L'Inra de Bordeaux développe des indicateurs permettant de prédire une semaine à quinze jours à l'avance, l'évolution du botrytis en fin de saison. L'objectif : mieux positionner le traitement au stade C, et optimiser la date de la vendange.

Les années se suivent mais ne se ressemblent pas. Preuve en est ces deux dernières années avec la pourriture grise. Si 2002 a été marquée par une forte pression de la maladie, 2003 fut un millésime quasiment sans. En fait, tout dépend des conditions climatiques qui sévissent en fin de saison. Tous les vignerons le savent bien : les épisodes pluvieux favorisent la maladie, alors que les temps secs et venteux inhibent le champignon.
Malgré ce principe général, on ne sait jamais à quelle vitesse il risque de se développer. D'où l'intérêt de disposer d'un modèle qui permettrait de prévoir, à court terme, l'évolution de la maladie en fonction du climat passé. L'Inra de Bordeaux (Gironde) y travaille depuis quatre ans. Il a mis au point deux indicateurs de risque épidémique : un indicateur ' fréquence ' (pourcentage de grappes attaquées) et un indicateur ' gravité de la maladie ' (pourcentage de baies attaquées au sein d'une grappe). Les chercheurs les ont développés sur trois cépages : le merlot, le cabernet-sauvignon et le cabernet franc. ' Les indices de risque divergent selon les cépages, en raison de leur différence de sensibilité à la maladie ', précise Marc Fermaud, de l'Inra de Bordeaux.

Pour calculer les indices, les chercheurs récupèrent les données météo issues des postes automatiques implantés dans le vignoble, de juillet jusqu'à la récolte. ' Le calcul des indicateurs à un instant donné nous renseigne sur l'évolution de l'épidémie dans les sept à quinze jours à venir, sans faire appel aux prévisions météo. Lorsqu'une phase de risque importante s'annonce, on peut enclencher une lutte fongicide adaptée. Le traitement restera préventif, car il sera réalisé sur grappes encore saines. Il faudra intervenir rapidement, d'où une technicité accrue . '
Ainsi, les indicateurs permettront d'optimiser la lutte fongicide. En effet, la phase de risque peut survenir rapidement et correspondre au stade C classique (véraison). Mais elle peut aussi être retardée. Dans ce cas, les indicateurs permettront de différer le traitement et de gagner en persistance d'action, à condition de respecter les délais d'emploi avant la récolte. ' En 2002, certains vignerons ont fait une application au stade C et une autre au stade D. S'ils avaient eu à leur disposition les indicateurs, ils auraient pu n'en faire qu'une, tout en la positionnant mieux. Les indicateurs peuvent donc permettre, selon les années, de trouver un compromis entre le stade C, qui est bien souvent trop précoce, et le stade D, trop tardif ', considère Marc Fermaud.
En fin de maturation, les indicateurs serviront à optimiser la date de la vendange. ' Si le climat devient sec et venteux, la maladie peut être bloquée. Or, cette situation est rarement mise à profit par les vignerons qui ont la crainte que le botrytis redémarre. Avec les indices, on peut savoir si le blocage sera fugace ou long. Ainsi, on a davantage de chances d'amener la vendange à maturité optimale ', explique Marc Fermaud.

Pour l'instant, ces indicateurs sont en phase de validation. Les chercheurs comparent les simulations aux notations effectuées sur le terrain. En 2002, sur merlot, la simulation du pourcentage de grappes attaquées a été conforme aux observations. En revanche, la gravité des symptômes a été surestimée par les calculs.
Actuellement, les chercheurs de l'Inra travaillent en collaboration avec des organismes comme la Protection des végétaux et la chambre d'agriculture, afin de voir comment intégrer les indices dans les stratégies de traitements. De même, ils essayent de voir si les indicateurs peuvent être transposés dans le Midi ou le Val de Loire, où les cépages considérés sont présents.
L'objectif est d'avoir une application de ces indicateurs d'ici trois à cinq ans. Mais attention, il ne s'agira que d'une modélisation de tendance, qui ne tiendra pas compte des particularités de chaque parcelle. Elle ne sera pas transposable aux autres cépages. De plus, elle nécessitera des données météorologiques fiables et une grande attention devra être portée à l'installation et à l'entretien des stations météo.

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