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archiveXML - 2004

L'étiquette doit-elle mettre en garde les femmes enceintes ?

La vigne - n°157 - septembre 2004 - page 0

Le 4 août dernier, le parquet de Lille ouvrait une enquête pour mise en danger d'autrui, tromperie aggravée sur la marchandise et blessures involontaires contre les producteurs et les distributeurs d'alcool. Il réagissait à une plainte déposée, devant le tribunal administratif, par Esper. Cette association,basée à Roubaix, regroupe des femmes dont les enfants, victimes du syndrome d'alcoolisation foetale (SAF), présentent des malformations ou un retard mental. 0,3 % des bébés nés en France seraient touchés par le SAF. Pour informer les femmes enceintes, Esper réclame un message d'avertissement sur les bouteilles, à l'image de ce qui est déjà obligatoire aux Etats-Unis. La sénatrice centriste Anne-Marie Payet le demande aussi. A deux reprises, lors de la discussion du projet de loi sur la santé publique, elle a déposé un amendement visant à rendre obligatoire l'apposition d'un tel message. A chaque fois, sa proposition fut rejetée.
Habilement médiatisée, début août, l'action d'Esper a trouvé un allié de choc en la personne de Philippe Douste-Blazy, le ministre de la Santé. Le 5 août, il a affirmé : ' Je ferai en sorte qu'il y ait un étiquetage sur les bouteilles . ' L'association Vin & Société, qui regroupe les professionnels du vin, ' s'est interrogée sur la précipitation avec laquelle cette annonce ministérielle a été faite, et regrette qu'elle ne s'inscrive pas dans une démarche globale et concertée qui permettrait d'identifier les meilleurs leviers de prévention et d'éducation auprès de cette population sensible '. Si personne ne remet en cause l'urgence de mieux informer les femmes enceintes, l'efficacité d'une prévention par le biais de l'étiquette fait débat.
La loi prévoit deux ans de prison à ' quiconque aura, même par omission, trompé le consommateur sur les risques inhérents à l'utilisation de produits et sur les précautions à prendre '. Est-on dans ce cas de figure lorsqu'on ne prévient pas les femmes enceintes ?
La balle est désormais dans le camp du parquet de Lille, mais aussi du Premier ministre.



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