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L'engagement parcellaire met de l'ordre dans les zones mixtes

La vigne - n°159 - novembre 2004 - page 0

Dès 1996, le Syndicat de l'AOC Minervois a instauré l'engagement parcellaire. Il a stabilisé les volumes déclarés. Il s'est donné une base solide au suivi des conditions de production. Mais la procédure nécessite des moyens, et elle ne règle pas tout sur le plan commercial.

Dans le Minervois, sur 2 Mhl de vins produits, seulement 10 % sont en AOC. L'appellation a été reconnue en 1985. La surface classée reste supérieure à celle déclarée. Dans ces conditions, comment contrôler le respect du décret, si les parcelles où sont récoltés les appellations ne sont pas identifiées ? Et comment construire une stratégie durable avec des volumes qui jouent au Yo-Yo, les caves se décidant parfois, au moment de la récolte, à les affecter en AOC ou en vin de pays, en fonction de l'état des marchés ? Confronté à ces deux problèmes, le Syndicat du Minervois a commencé à tester, en 1991, une formule d'engagement triennal, qui a été inscrite à titre expérimental dans le décret en 1996.
Pour déclarer du minervois sur une parcelle, le vigneron doit s'engager l'année N pour l'année N + 2, et commencer à adapter sa conduite. En trois ans, la vigueur de la vigne a ainsi le temps d'être recalée. Il peut, dès l'année N + 2, déclarer ou non sa production en AOC. Mais si durant deux années successives, il ne tient pas ses engagements sur une parcelle, elle est otée de la liste. S'il veut la réengager, il doit à nouveau respecter le délai d'adaptation.
Depuis 1996, c'est l'Inao qui fait fonctionner le système. Durant l'été 2004, le centre de Narbonne a ainsi envoyé aux vignerons une fiche listant leurs parcelles classées en appellation. Ils l'ont retournée après avoir indiqué celles où ils entendent produire du minervois en 2006. Ayant fait ce choix, ils sont engagés pour trois récoltes : 2004, 2005 et 2006, d'où l'expression : engagement triennal.

' Nous devons gérer un fichier parallèle à celui du casier viticole informatisé. Nous devons ensuite comparer les engagements aux déclarations de récolte. Ces dernières ne mentionnent que le total des surfaces déclarées. Si, durant deux ans, il est inférieur à celui engagé, nous demandons aux vignerons de nous préciser quelles parcelles n'ont pas été déclarées, afin de les retirer ', dit Bernard Martin, de l'Inao.
La gestion de l'engagement triennal porte sur plus de 10 000 parcelles couvrant 5 500 ha. Elle nécessite un outil informatique performant et mobilise, à l'Inao, une personne à temps plein huit mois sur douze.
Au Syndicat du Minervois, deux personnes collaborent à temps partiel à ce travail, qui fournit la base d'identification pour mettre en oeuvre le suivi des conditions de production. Les caves coopératives sont mises à contribution, car ce sont elles qui reçoivent les fiches de leurs adhérents.
' Les moyens à mobiliser sont importants, mais nous sommes déterminés à poursuivre. Sans engagement, il n'est pas possible de construire sur le long terme ', affirme Philippe Coste, président du syndicat. Grâce à l'identification parcellaire, des visites techniques ont pu être organisées dans les vignes dès 1996.

Cela a contribué à instaurer un esprit d'appellation dans un vignoble tourné surtout vers la production de vins de table et de vins de pays.
' L'engagement a contribué à responsabiliser les producteurs, c'est bien. Mais il peut également les pénaliser injustement. Si une année, un vigneron décide de ne pas déclarer une parcelle parce que la qualité des raisins ne le satisfait pas, il prend des risques. Il suffit que l'année suivante, il ait un problème climatique, et il ne pourra plus faire d'appellation sur cette parcelle durant deux ans ', souligne Michel Pastor, coopérateur à Laure-Minervois.
Sur le plan des volumes, l'engagement a permis de limiter l'effet de Yo-Yo et de stabiliser les volumes déclarés à 200 000 hl. Mais cela ne suffit pas à réguler les marchés, qui dépendent de nombreux autres facteurs. En 2003, l'AOC Minervois a été entraînée dans la crise des appellations. Les volumes déclarés ont plongé à 174 000 hl, et pour 2004, ils risquent de se retrouver à un niveau équivalent.
Les ventes en bouteilles résistent plutôt bien, mais sur le vrac, le marché est devenu très difficile. ' Nous ne voulons pas laisser produire des volumes que nous ne pourrons pas vendre. Nous avons demandé à nos adhérents de diminuer leurs déclarations en 2003 et en 2004.
Comme ces surfaces ne sont pas revendiquées deux ans de suite, elles sont retirées de l'engagement et ne pourront pas produire de minervois avant 2007. Mais cela correspond à la réalité du marché. Cela ne veut pas dire que nous ne croyons plus à l'appellation. Dans le même temps, nous avons lancé, avec neuf autres caves, un minervois sous la marque Jean d'Allibert, positionné à 3 euros/col dans les rayons, qui démarre bien ', explique Michel Revel, directeur de la coopérative de Rieux-Minervois.


PLUS
Le seul moyen de contrôler le respect des décrets d'AOC dans les zones mixtes.
MOINS
Formule lourde à gérer. Mobilisation de moyens humains et informatiques importants.

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