Le 28 octobre, Jean-Pierre Raffarin, perdant toute modération, a déclaré : ' L'alcool n'est pas un facteur de santé publique . ' Il a ajouté que le gouvernement s'opposera à l'amendement de la loi Evin par le Sénat. Il est revenu sur les assurances qu'il avait données. L'amendement, adopté le 14 octobre par les députés, autorise la publicité à mentionner les ' caractéristiques qualitatives ' des vins d'appellation et de pays. Il permet de dire qu'ils ont des arômes d'agrumes, ce qu'une stricte lecture de la loi Evin interdit. Certes, le ministre de la Santé s'y était opposé, mais si mollement que cela paraissait de pure forme.
Puis tous les journaux ont ouvert leurs colonnes aux partisans de la loi Evin. Jamais il ne fut question des bienfaits du vin. Ceux qui en boivent régulièrement et modérément ont pourtant une espérance de vie supérieure aux abstinents. Les tenants de la lutte antialcoolique ne veulent pas le savoir. Ils n'ont qu'un objectif : réduire la consommation moyenne des Français.
Or, elle n'est plus que de 75 l/an, soit 20 cl/jour. Pour réduire l'alcoolisme, il est temps de s'attaquer aux comportements excessifs. La filière s'engage à relever sa part de ce défi. En contrepartie, elle veut décrire les vins dans ses publicités. Cédant à l'hystérie, le Premier ministre s'y oppose. Il aura affaire à la rue. L'Association générale des producteurs de vins prépare une manifestation d'envergure. Il faudra s'y rendre massivement pour donner aux parlementaires le courage d'affronter, une fois de plus, le gouvernement. Il faudra aussi beaucoup de tact pour montrer aux Français que le vin a le goût de la modération. Faute de quoi, nous les persuaderons que la viticulture est corporatiste et sans égard pour la santé publique.