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Le classement par région facilite le choix dans les rayons

La vigne - n°159 - novembre 2004 - page 0

Dans les grandes surfaces, de nombreux chefs de rayons voudraient classer leurs produits par origine et par prix, voire par type de vin. Leurs clients s'y retrouveraient mieux.

'La réglementation actuelle sur la présentation des vins ne me pose pas de problème ', lance Joachim Rodrigues, responsable du rayon des liquides de l'hypermarché E. Leclerc, à Moisselles (Val-d'Oise). En fait, comme nombre de ses confrères et de ses clients, il la connaît mal. ' Le principe est simple : pour ne pas tromper les consommateurs, les appellations et les autres vins doivent être séparés ', explique Dominique Filhol, chef du bureau des boissons de l'administration centrale des fraudes (DGCCRF).
Joachim Rodrigues n'applique pas cette règle. Il a opté pour une présentation des vins par couleur, région et prix. Les vins haut de gamme sont rassemblés dans un même rayon présenté comme un caveau. Là, ils sont regroupés par région. Ce sont essentiellement des vins d'appellation, mais quelques vins de pays y trouvent leur place. Un autre rayon présente, d'un côté, les rouges, de l'autre, les blancs et les rosés, avec la même logique régionale et un classement par prix croissant du bas vers le haut des étagères.

Seules exceptions à la règle du classement par région d'origine, les vins de cépages : tous les sauvignons, qu'ils soient vins de pays d'Oc ou AOC Touraine, figurent dans le même meuble, par exemple. ' Mes clients s'y retrouvent mieux. Même les femmes commencent à avoir leurs repères ', ironise ce chef de rayon. Quand on sait que plus de 60 % des vins sont achetés en grande distribution, on comprend qu'il chouchoute ses acheteurs. Ayant fait ce choix, Joachim Rodrigues peut se réjouir d'un rayon en progression, ' même sur les vins et les alcools, qui sont ailleurs en difficulté '.
Sébastien Marchand, chef de rayon du centre E. Leclerc d'Amboise (Indre-et-Loire), a participé à l'expérimentation menée avec le Conseil national de la consommation et la DGCCRF sur la réorganisation des rayons. Elle consistait à classer les vins par région d'origine, puis par prix. ' Cette expérimentation est arrêtée en attendant que la filière se décide sur la segmentation ', précise Dominique Filhol, avant de poursuivre : ' Le principe de séparation des appellations et des autres vins est de moins en moins respecté . ' En général, les inspecteurs sont peu regardants.
Dans l'ensemble, les consommateurs sont plutôt satisfaits de ces essais, les rayons tournent mieux. Mais les vins de pays seraient favorisés par cette organisation. Sébastien Marchand nuance cette affirmation : ' Globalement, le rayon a progressé. Nous avons observé une nette augmentation des VDP et de cépages et une stagnation des appellations. Au niveau national, ces dernières régressent. Au début, les vignerons de la région étaient sceptiques. Certains sont venus et ont été convaincus par les résultats. '

Dans son magasin, les vins de cépages sont intégrés dans les régions dont ils sont emblématiques. Les vins de pays d'Oc cabernet-sauvignon figurent ainsi parmi les vins du Sud-Ouest. Interrogés dans les rayons, les clients avouent ne pas trop regarder s'ils achètent un vin de pays ou une appellation. ' En fait, le classement par région permet de trier par style d'arôme, de tanins. Au sein d'une région, il y a des différences, mais les vins se ressemblent. Aujourd'hui, les clients hésitent moins à acheter des vins de pays, qui peuvent être aussi bons et moins chers. ' Ils choisissent un vin d'une région qu'ils connaissent, parce qu'il correspond à un style qu'ils apprécient. Le prix est également un critère d'achat décisif. Pour les vins blancs, Sébastien Marchand a regroupé les vins secs et demi-secs d'un côté, et les liquoreux de l'autre. Là aussi, cela correspond à des styles différents.
Cette organisation ne fait pas que des émules. Le magasin Intermarché de Joué-lès-Tours a également participé à l'expérimentation. ' Nous n'avons observé aucune différence en terme de chiffre d'affaires ', analyse Sébastien Pillard, directeur du magasin. Cette stagnation pourrait être satisfaisante quand on sait que les ventes de vins tranquilles en grande distribution ont chuté de 2,1 % en volume au cours de la campagne 2003-2004 (chiffres arrêtés fin juin). Mais Sébastien Pillard est à la tête d'autres magasins qui n'ont pas participé aux essais et affirme y obtenir les mêmes résultats. Il envisage même de revenir au classement initial à Joué-lès-Tours, en séparant les vins de table et de pays des vins d'appellation. Selon lui, cette dichotomie correspond à la tendance de consommation. Elle équivaut à un classement par prix.

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