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Angers et Bordeaux expérimentent l'aptitude à produire

La vigne - n°160 - décembre 2004 - page 0

Deux syndicats proposent d'auditer les exploitations pour s'assurer de leur aptitude à produire de l'AOC. A leurs yeux, cela vaut mieux que de prélever les vins chaque année pour vérifier qu'ils méritent l'appellation.

'Prélever tous les ans les vins de château Margaux pour leur faire passer l'agrément, c'est perdre du temps et de l'argent. ' Cette remarque d'un défenseur de la déclaration d'aptitude est pleine de bon sens. Ce nouveau système consiste à contrôler les exploitations pour vérifier qu'elles sont aptes à produire les AOC revendiquées. Cela étant, on peut alléger le contrôle des vins.
Deux régions expérimentent la déclaration d'aptitude. Le Syndicat de Bordeaux et Bordeaux supérieur la souhaite pour alléger les prélèvements en vue de l'agrément.
L'actuelle procédure constitue une ' usine à gaz ' : 10 000 échantillons prélevés, 700 000 euros de budget annuel.
L'expérimentation a débuté en 2003-2004, avec 23 caves en Bordeaux blancs. Elle vient d'être étendue à 150. Le système repose sur une déclaration signée par les volontaires. Le syndicat a listé une cinquantaine d'engagements. Si certains semblent aller de soi avec la profession de viticulteur (' Je m'engage à finir de tailler fin avril, à palisser mes vignes ... '), d'autres ont fait l'objet de discussions. C'est le cas de l'engagement à tenir un cahier viticole, retraçant les traitements et les façons culturales.

Pour chaque engagement, le vigneron coche oui ou non. Ses réponses seront ' évaluées selon un barème ', précise-t-on, qu'il reste à définir. Savoir où il faut mettre le curseur est un vrai casse-tête : trop haut, cela ne passe pas auprès des adhérents ; trop bas, c'est l'Inao qui tique.
Autre point en discussion : les audits. Pour certains, ils doivent être systématiques, car ils servent à vérifier si les engagements sont tenus. Pour d'autres, il suffit qu'ils soient aléatoires. Là encore, les négociations vont bon train. En revanche, tout le monde estime que la déclaration d'aptitude doit être délivrée pour cinq ans. Il y a aussi consensus sur la partie du dossier relative aux prélèvements allégés.
Rappelons que la procédure classique consiste à prélever un échantillon représentatif de chaque lot. Comme ce prélèvement a lieu avant les assemblages, il ne reflète pas les vins commercialisés. Dans les caves participant à l'expérimentation, on déplace la procédure dans le temps. ' Lorsqu'il envisage de vendre un lot ou d'embouteiller, l'exploitant réclame à l'Institut son certificat d'agrément. Celui-ci lui est envoyé automatiquement, mais peut s'accompagner d'un contrôle sur le produit ', explique Hugues Amerdeil, responsable technique du syndicat. La dégustation d'agrément devient donc éventuelle. ' On fait d'une pierre deux coups. On allège le système et on le crédibilise, car on déguste un lot commercialisable . '
En Anjou, les modalités de prélèvement sont identiques à celles testées à Bordeaux.
En revanche, la vingtaine de volontaires a arrêté les conditions d'obtention du certificat d'aptitude dans trois cahiers des charges. Le premier récapitule la conduite du vignoble. Taille, densité, cépage, porte-greffe, clone, terroir, nombre de manquants... chacune des parcelles est détaillée. Le viticulteur précise aussi quelle AOC il entend produire sur chacune d'entre elles.

' Cette photographie permettra à la commission de contrôle des conditions de production de vérifier l'adéquation entre les déclarations du vigneron et ses actes ', explique Pascal Cellier, de l'Inao d'Angers. Une philosophie partagée par Jean-Yves Le Breton, l'un des volontaires : ' Dès la taille, on doit savoir si l'on compte produire de l'Anjou à 65 hl/ha ou du village-Brissac à 50 hl/ha.
Le deuxième registre a une visée environnementale. Il répertorie l'ensemble des traitements, les produits utilisés et les dates d'intervention à la vigne. Le groupe de volontaires réfléchit à l'élaboration d'un troisième cahier des charges, concernant le travail et l'équipement des chais.

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