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Contrôle des vignes : la pédagogie prime

La vigne - n°160 - décembre 2004 - page 0

Les suivis sont de plus en plus nombreux, mais les cas de déclassements sont relativement faibles. Lors des visites, la présence de professionnels dans les commissions facilite le dialogue.

En 2004, le suivi des conditions de production avec les commissions techniques s'est bien déroulé, en général. C'est le cas en Gironde, comme en témoigne Pierre Langlade, de l'Inao de Bordeaux : ' Nous essayons de mettre l'accent sur l'aspect pédagogique. Bien sûr, il y a toujours des réactions désagréables, mais cela reste marginal, et il n'y a pas eu d'incident physique ! '
Ces propos sont confirmés par Pascal Cellier, de l'Inao d'Angers (Maine-et-Loire) : ' En Anjou-Saumur, les contrôles des conditions de production sont généralement bien accueillis. Ils font partie de certains décrets d'appellation, où ils sont réalisés depuis un certain temps (Bonnezeaux, Chaume...). Dans d'autres zones, notamment dans celles qui ont des problèmes économiques, c'est un peu plus dur. Là, les commissions techniques nous apportent de la crédibilité : ce sont souvent des viticulteurs, ayant une bonne renommée dans le vignoble, qui sont choisis. Ils sont écoutés par leurs collègues. C'est déterminant . '
' Les viticulteurs ne sont jamais très contents de voir arriver la commission chez eux , complète James Pineau, de l'Inao de Montpellier (Hérault). En plus, ce sont toujours les mêmes qui acceptent de faire les visites, et donc de jouer le rôle du gendarme. Mais une discussion franche a lieu, même si elle est assez tendue au départ. Lorsque la commission part, le viticulteur a compris le sens de la démarche . '

En revanche, en Bourgogne, même si les contrôles se passent généralement bien, certaines commissions se plaignent des pressions exercées sur elles. Des présidents veulent démissionner après avoir abattu un travail considérable. En Côte-d'Or et dans l'Yonne, 53 commissions ont visité entre 30 à 50 % du vignoble. Elles sont passées en juillet, accompagnées, dans un cas sur deux, d'un agent de l'Inao, puis avant les vendanges. 134 ha ont reçu des notifications écrites, et 104 ha ont été déclassés pour des problèmes sanitaires ou culturaux (enherbement non maîtrisé).
Dans les autres régions, peu de déclassements ont eu lieu : 54 ha en Anjou-Saumur sur une superficie de 16 700 ha, 231 ha dans le Bordelais sur 119 000 ha, ou encore 10 à 12 ha dans l'Hérault sur 18 000 ha. Les parcelles ont deux destins : elles sont déclassées en vin de table, ou interdites de production lorsqu'elles sont en friche. A ce moment-là, elles ne peuvent pas apparaître sur la déclaration de récolte.
Le bilan de la campagne 2004 n'a pas encore été effectué au niveau national, même si, selon Philippe Doumenc, inspecteur national de l'Inao, ' le nombre de contrôles est en hausse '. En revanche, certaines régions ont déjà compilé leurs résultats.
C'est le cas de l'Anjou-Saumur. Dans cette zone, l'opération s'effectue en trois temps : les agents de l'Inao visitent les parcelles, les commissions techniques revisitent celles qui ont posé des problèmes, puis l'Inao réalise un dernier contrôle. En 2004, 2 500 ha (20 % du vignoble) ont été visités. Sur ce nombre, 160 ha posaient des problèmes. L'Inao a prévenu les viticulteurs concernés par courrier, puis fin juillet, les commissions sont repassées sur les parcelles. 93 viticulteurs (130 ha) étaient encore hors des clous : sur 67 ha, les charges étaient excessives ; sur 29 ha, il s'agissait de conduites non conformes (modes de taille, présence d'arbres dans les vignes, herbes trop hautes...), et 27 ha avaient des taux de manquants trop importants. Au final, début septembre, 54 ha ont été déclassés en vin de table, dont 25 ha pour charges excessives et 22 ha pour conduite non conforme. Sur les parcelles où le taux de manquants était trop important, un pourcentage de la surface a été ôté de la déclaration de récolte. En 2005, ces parcelles à problèmes seront prioritairement suivies.
En Pays nantais, les professionnels ne sont pas très motivés pour réaliser les contrôles. Du coup, au mieux, les commissions interviennent après la découverte d'une parcelle mal tenue par l'Inao. L'institut a contrôlé une commune entière (environ 1 100 ha). A cause de la situation économique de la région, la plupart des problèmes constatés (dix à quinze exploitations) sont dûs à des impasses au niveau du désherbage ou des traitements. De même, des cas de friche, d'inversion de cépages et de taux de manquants élevés ont été remarqués. Enfin, les rendements constatés étaient légèrement supérieurs à la moyenne, mais ' le syndicat n'a pas souhaité d'intervention à ce niveau-là, cette année ', précise Ludovic Clénet.

Dans le Bordelais, sur les trente-quatre syndicats de la région, dix-sept seulement ont mis en place des commissions techniques : seize commissions ont tourné avec les agents de l'Inao ; une a réalisé des visites seule et a envoyé son compte-rendu à l'institut. Les autres syndicats sont soit réticents, soit ' autonomes ' : ils tournent seuls, mais ne fournissent pas leurs résultats à l'Inao. Parmi toutes les exploitations visitées, 254 ont reçu une notification écrite (1 238 ha). Au final, 186 exploitations (842 ha) ont reçu un avertissement ou ont dû réduire leurs rendements, mais n'ont pas eu de déclassement. Par contre, 231 ha ont été déclassés en vin de table, ou interdits de récolte lorsqu'ils étaient en friche.

En Champagne, les commissions techniques ont tourné sur 69 villages et couvert 3 300 ha. 11,6 ha ont reçu des lettres de notification : 6,5 ha présentaient un enherbement non maîtrisé, une absence de relevage, de palissage ou de rognage ; 2,5 ha avaient trop de manquants, d'oïdium, ou étaient mal liés ; 2,6 ha ont été déclassés pour cause de taille incorrecte. En ce qui concerne la charge, le syndicat prétend que le rendement agronomique n'étant pas fixé dans la région, les commissions n'ont pas pu la contrôler !
Les sanctions prononcées par l'Inao sont généralement acceptées. Mais certains viticulteurs s'y opposent. Ainsi, à Saint-Chinian (Hérault), les commissions ont visité 94 ha, constaté des problèmes culturaux sur 12 ha, et un non-respect de la taille sur 7 ha. Au final, l'Inao a déclassé 1 ha pour cause de rendements excessifs. Le viticulteur concerné a déposé un recours au tribunal.
Pour éviter la multiplication des accrocs, l'Inao mise sur la pédagogie des commissions.

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