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Pour améliorer la structure de ses sols, David Barrault pratique l'enherbement temporaire

La vigne - n°160 - décembre 2004 - page 0

Dès la fin des vendanges, David Barrault sème de l'orge d'hiver, un rang sur deux. Il veut aérer les sols compacts. Dans certaines parcelles, la vigueur semble déjà plus homogène.

Depuis 2003, David Barrault sème de l'orge d'hiver sur 4 de ses 13,5 ha. Il installe cet enherbement temporaire sur ' les parcelles qui en avaient besoin ', dit-il. Les sols argilo-calcaires du domaine, plongeant sur la Garonne, renferment 20 % d'argile. ' Dans des sols compacts et asphyxiés, l'orge apporte beaucoup de souplesse et permet d'aérer la structure. ' Lors de son enfouissement, au printemps, elle apporte de la matière organique. Elle relargue également des éléments minéraux, au moment où la vigne entre en activité. David Barrault n'a pas voulu d'un enherbement classique, qui aurait eu un effet trop stressant sur les vignes, des merlots âgés de 7, 13 et 40 ans.
Concrètement, il implante de l'orge un rang sur deux, celui où les engins sont passés durant l'année. L'autre rang reste en enherbement naturel. L'année suivante, il inverse : le rang auparavant emblavé en orge s'enherbe naturellement ; sur l'autre rang, l'herbe est enfouie pour faire place à l'orge.

' La qualité du semis et sa réalisation dans de bonnes conditions sont primordiales ', commente Philippe Gard, consultant privé qui a conseillé l'enherbement temporaire au domaine. David Barrault, fils d'un céréalier du Centre, y apporte tout le soin nécessaire et s'applique à bien préparer le sol. Pour cela, il anticipe et s'organise, car les travaux débutent juste après les vendanges.
D'abord, un prestataire de service réalise un sous-solage à 50-70 cm sur l'interrang ciblé, pour un coût horaire de 54 euros. David obtient ainsi une décompaction en profondeur. La céréale ne buttera pas sur une semelle infranchissable. Puis il enfouit l'herbe. Pour semer l'orge, il loue spécialement à une entreprise (Terre du Sud), un petit semoir pendant une journée et demie, pour un coût de 115 euros. Une herse, fixée à l'avant du semoir, émiette les grosses mottes et aplanit la terre. Il sème en ligne, à la densité de 80 kg/ha, des semences fermières d'orge d'hiver achetées chez un agriculteur voisin (environ 11 euros le quintal).
Dans les vignes à 2 m d'écartement, le semis est réalisé en un passage sur une largeur de 1,25 m. Pour les vignes espacées de 3 m, deux passages sont nécessaires pour obtenir une largeur d'emblavement de 2,40 m. Principale difficulté de la technique, une pluviométrie très importante à l'automne pourrait nuire à une bonne décompaction et au semis mais, pour l'instant, le cas ne s'est pas présenté.
Début avril, David Barrault désherbe sous le rang sur une bande large de 20 cm de chaque côté, avec un passage de Round'up à la dose de 3 l/ha. Il détruit l'enherbement temporaire mi-mai. L'orge ne monte pas encore, mais elle est déjà suffisamment développée pour apporter de la matière organique. Il la retourne avec un Rotavator. Lui-même se charge des 2 ha de vigne plantés à la densité de 5 000 pieds/ha. Ce travail l'occupe une demi-journée. Sur les 2 ha de vignes larges, il délègue l'enfouissement de l'orge à un entrepreneur mieux équipé, qui facture cette prestation 54 euros/h. Par la suite, David ne se soucie pas des repousses : ' Elles ne me gênent pas. '

Sur les rangs qu'il laisse s'enherber, David Barrault effectue quatre à cinq passages avec un girobroyeur durant la saison, avant de recommencer le cycle en faisant effectuer un sous-solage par un entrepreneur, puis en enfouissant la masse végétale et en semant l'orge.
Avec l'enherbement temporaire en céréales, David Barrault a commencé un travail de plusieurs années. Il réalisera, si nécessaire, des ajustements dans sa conduite. David n'apporte pas d'engrais. Mais il veille à l'équilibre végétatif de la vigne, à sa charge et à la qualité des raisins. Il garde l'oeil sur l'apport de matière organique et d'azote au moment de l'enfouissement de l'orge. Il ne doit être ni trop important, ni trop faible. ' Pour l'instant, il est trop tôt pour observer des résultats tranchés. Pourtant, dans certaines parcelles, la vigueur, qui était faible et irrégulière, est déjà plus homogène. Sur les autres où je n'ai rien observé, je crois qu'il est d'autant plus important d'insister. '


DAVID BARRAULT, CHATEAU TIRE-PE, A GIRONDE-SUR-DROPT (GIRONDE)
13,5 ha en AOC Bordeaux
2 rouges
40 000 bouteilles
30 % de vrac
Encépagement : cabernet franc, sauvignon, merlot et malbec
Densité de plantation : 3 500 et 5 000 pieds/ha




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