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Les bulles pètent la forme

La vigne - n°160 - décembre 2004 - page 0

Alors que les vins tranquilles français subissent des revers à l'exportation et sur le marché français, les vins effervescents font preuve d'une belle santé. Champagnes, crémants et autres pétillants bénéficient de leur image de vins de fête et se consomment de plus en plus à l'apéritif.

En dix ans, les ventes d'effervescents, tous circuits confondus, ont augmenté de 8 % en volume, pour atteindre 513 millions de bouteilles en 2003 (source : Onivins Infos, n° 115, juillet-août 2004). A l'exportation, ces vins sont les seuls à progresser : 3,2 % en volume et 5,3 % en valeur entre 2002 et 2003. En France, ils se distinguent par un réel dynamisme en grande distribution, où leurs ventes, sur la même période, ont augmenté de 1,9 % en volume et de 4,6 % en valeur. Cette tendance se confirme en 2004.

' Les effervescents ne sont pas perçus de la même manière que les vins tranquilles , explique Marcel Combes, directeur de l'activité vins effervescents chez Boisset-Louis Bouillot en Bourgogne. Leur consommation est liée à un moment de plaisir, de partage et de convivialité. Elle reste également largement associée à la notion de célébration. '
' Même en période de récession économique, il y a toujours un prétexte pour boire un vin de fête ', renchérit Pierre du Couëdic, délégué général de l'Union des producteurs et des élaborateurs de crémant de Bourgogne (UPECB). D'autant qu'il y en a aujourd'hui pour toutes les bourses. Les vins issus de fermentation en cuve coûtent entre 1,50 et 3 euros, les méthodes traditionnelles entre 4 et 6 euros, les champagnes débutent autour de 12 euros.
Les effervescents échappent aux facteurs actuels de la baisse de consommation des vins tranquilles. D'ailleurs, ' ils se substituent de plus en plus aux apéritifs traditionnels, argumente Patrice Monmousseau, PDG de Bouvet Ladubay, à Saumur. Leur faible degré d'alcool joue en leur faveur. '
Deux catégories tirent leur épingle du jeu : les champagnes et les effervescents d'appellation (VMQPRD). En revanche, les vins mousseux de qualité et les autres mousseux régressent. Les champagnes, qui représentent près de 60 % du marché des effervescents, sont naturellement les premiers à bénéficier du courant favorable aux bulles. Aujourd'hui, ils doivent surtout leur succès à leur dynamisme à l'export. Si les ventes sont stables en France, elles ont en effet progressé, en 2003, de 6,4 % en Europe et de 5 % vers les pays tiers.
' Les efforts publicitaires, de marketing et commerciaux réalisés par les grandes marques ont permis d'ancrer le produit en France, mais également à l'export où elles possèdent des filiales et de solides réseaux de distribution ', souligne Laurent Davaine, directeur commercial et marketing des champagnes Nicolas Feuillatte. Grâce à leur force de frappe, elles ont trouvé des relais de croissance en Asie et en Amérique Latine, confortant leur expansion. Les champagnes font l'essentiel des ventes d'effervescents à l'étranger. Ils représentent ainsi près de 70 % des volumes exportés et 94 % de la valeur.

Après les champagnes, les vins effervescents d'appellation enregistrent eux aussi d'excellentes performances. En dix ans, leurs ventes ont connu une progression presque similaire à celle de leur grand frère : 22 % en volume. Pour l'instant, ils restent vendus en France, surtout en grande distribution. Dans ce circuit, les crémants s'en sortent mieux que les autres, les alsaces en tête. En dix ans, leurs ventes en volume ont triplé. Ils sont suivis, de loin cependant, par les crémants de Bourgogne.
' La catégorie des vins à bulles de terroir commence à émerger, se félicite Viviane Cornieux, chef de produit chez Jaillance, marque de la cave coopérative de Die. Avec une particularité : ces vins se développent d'abord dans la région d'origine. ' Leur succès tient aux efforts qualitatifs des opérateurs et au positionnement prix de ces produits, entre les champagnes et les cuves closes. Depuis plusieurs années, la filière incite la distribution à clarifier l'offre en distinguant, dans le rayon des vins, les champagnes, les crémants AOC et les cuves closes. ' La prise de conscience s'opère ', commente Viviane Cornieux.

Inspirés par le succès des Champenois, les opérateurs d'effervescents d'appellation ont aussi décidé de miser sur des marques. ' La Champagne a ouvert la voie à cette stratégie et nous l'avons suivie ', approuve Katia Kazak, responsable marketing chez Wolfberger, leader des crémants d'Alsace en grande distribution. La marque est le gage d'une qualité régulière. Elle sécurise les consommateurs face à un linéaire, toujours difficile à décrypter. Elle nous a permis d'installer nos références. '
L'entreprise, qui a mis en marché 4 millions de bouteilles en 2003, devrait finir l'année 2004 à 4,5 millions de cols. ' Au départ, la diffusion de nos crémants était surtout régionale. Nous avons gagné des référencements à l'extérieur du grand Est , explique Katia Kazak. Des campagnes d'affichage et des animations en magasins ont permis cette extension à la France entière. '
' Il a fallu une vingtaine d'années depuis leur création pour que l'on commence à parler des crémants en France , déclare Marcel Combe. C'est le fruit d'un travail de fond. Aujourd'hui, ils intéressent nos voisins européens et les Etats-Unis, l'Australie... ' Les petits poucets de la bulle suivent la voie tracée par leur grand frère champenois.

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