La part des AOC grandit dans les aides à la restructuration. Le Languedoc-Roussillon reste de loin le vignoble le plus aidé.
Les AOC représentaient 42 % des surfaces aidées en 2000-2001 pour atteindre 49 % en 2002-2003. Plusieurs raisons expliquent leur montée en puissance. En premier lieu, le nombre d'hectares de vins de pays aidés commence à baisser. Cette production étant éligible depuis longtemps, une grande part du réencépagement a déjà été accomplie. Ensuite, la crise dans la viticulture d'appellation rend les vignerons plus attentifs aux besoins d'améliorer leur vignoble et plus réceptifs aux subventions. Avant la mise en place de la nouvelle OCM (organisation commune des marchés) en 2000, c'était l'Etat français qui prenait en charge les aides à la restructurations. Depuis la campagne 2000-2001, les règles sont donc fixées à Bruxelles, les modalités et les budgets étant revus tous les ans. Ces aides excluent bien sûr le renouvellement normal d'une vigne devenue trop vieille et la croissance d'un vignoble.
Il existe trois types de mesures. La première concerne la reconversion normale, qui se décline en trois actions possibles. Le vigneron peut changer de cépage pour replanter un cépage plus qualitatif, moyennant une aide de 2 765 à 3 450 euros/ha, ou de 6 800 à 7 400 euros s'il est jeune agriculteur, ou 5 530 à 6 900 euros/ha s'il adhère à un groupement ou à une association de restructuration (voir tableau). Dans la majorité des cas, les vignerons adhèrent à un groupement pour obtenir les aides les plus élevées. Ils perçoivent aussi une compensation de pertes de recettes de 2 760 euros/ha.
L'intervention de l'Etat, puis celle de l'Union a permis de changer l'encépagement en France. Le carignan a vu ses surfaces divisées par 2,5 et l'aramon par 10, au profit du merlot, du cabernet-sauvignon, du grenache et surtout de la syrah. En blanc, c'est le chardonnay et le sauvignon qui se sont le plus développés, aux dépens de l'ugni et du grenache blanc.
Dans le cadre de la restructuration normale, on peut aussi changer de mode de conduite, en augmentant la densité de plantation, comme à Bordeaux. Les vignes qui passent de 2 500 pieds à 4 000 pieds/ha bénéficient de l'aide totale. En revanche, les vignerons qui plantent à 3 500 pieds n'en perçoivent que la moitié. En 2002-2003, plus de 700 ha ont été aidés à Bordeaux.
Les vignerons peuvent aussi changer de mode de conduite en palissant des vignes en gobelet. En 2004-2005, cette aide ne concernera plus que le Beaujolais.
Troisième action aidée dans le cadre de la reconversion normale : le changement de localisation des parcelles. Le Val de Loire et le Sud-Ouest en bénéficient. Il s'agit d'arracher des vignes installées dans les plaines pour les planter sur des coteaux, avec la même densité et les mêmes cépages. Dans le Val de Loire, 500 à 600 ha bénéficient chaque année de cette aide depuis 2000-2001, surtout en Anjou-Saumur et en Touraine. L'aide au changement de mode de conduite ou à la migration vers les coteaux est la même que pour le changement de cépage. Le changement de clone est considéré comme un renouvellement normal et n'ouvre pas droit à un soutien.
A partir de la campagne 2000-2001, 46 168 ha ont bénéficié des aides à la reconversion normale, dont 61 % en Languedoc-Roussillon, 12 % en Provence-Alpes-Côte-d'Azur et 10 % dans la région Midi-Pyrénées, pour ne citer que les principales régions concernées.
La reconversion progressive constitue le deuxième type de restructuration. Le vigneron arrache sa vigne l'année N et la replante dans les trois ans qui suivent. Dans ce cas, c'est l'arrachage qui déclenche l'ouverture du dossier de demande d'aides, alors que dans le cadre de la reconversion normale, la demande ne peut s'effectuer que lors de la plantation. Le vigneron s'engage sur un programme de replantation de trois ans indiquant quelle surface il va planter la première année, la deuxième, puis la troisième. Ce mode de reconversion permet de toucher une partie des aides avant de replanter. Mais il est peu utilisé, car la visibilité à trois ans n'est pas facile à apprécier. Depuis 2001-2002, 2 280 ha ont bénéficié de l'aide à la reconversion progressive, dont 98 % en Languedoc-Roussillon.
Le troisième mode de restructuration est la reconversion qualitative différée (RQD). Testée en 2003 dans le Languedoc-Roussillon, elle a été proposée aux autres régions en 2004, sans succès. La RQD est collective. Elle est accordée aux adhérents d'une coopérative, d'un groupement de producteurs ou d'une association de restructuration. Elle se raisonne sur cinq ans. Un vigneron peut céder les droits de plantation ouverts par l'arrachage à un autre membre du groupement. S'il a arraché 4 ha avec le projet d'en replanter 4 mais, qu'en définitive, il ne replante que 1 ha, un ou plusieurs collègues du même groupement ou de la même coopérative pourront récupérer les 3 ha en solde. Cette mutualisation apporte de la souplesse. Au sein d'une coopérative, elle permet plus facilement d'atteindre des objectifs qualitatifs. Lors de la campagne 2002-2003, 9 000 ha ont été engagés dans la RQD.
Les vignerons qui replanteront cette année bénéficieront au maximum de 8 000 euros d'aides. Lors des négociations avec la profession, le ministre a accepté de les maintenir à ce niveau, alors qu'elles baisseront pour toutes les autres formes de restructuration. Les responsables méridionaux ont réussi à le convaincre qu'il ne fallait surtout pas décourager les viticulteurs de respecter leurs engagements.