Fils de viticulteurs et savant, Pierre Viala est l'un des artisans de la reconstitution du vignoble français détruit par le phylloxéra. C'est aussi l'auteur de la première ampé- lographie exhaustive. Il a oeuvré en faveur de la vulgarisation de la science.
Fils de viticulteurs, auprès desquels il a ' puisé le goût de la viticulture ', Pierre Viala est né à Lavérune (Hérault) le 26 septembre 1859. Dès son enfance, il fut témoin de la gravité des épreuves et de la détresse occasionnées par l'invasion phylloxérique. Ce vécu a sans doute influencé sa vocation future de chercheur.
Pierre Viala réussit brillamment ses études. Il est major de l'école d'agriculture de Montpellier en 1881. En 1885, l'Académie d'agriculture couronne son ouvrage sur les maladies de la vigne. Il est nommé professeur de viticulture à l'école de Montpellier, en 1886, à 28 ans.
A cette époque, le phylloxéra est en pleine expansion, menaçant d'anéantir la culture de la vigne. La production connaît une chute vertigineuse, passant de 80 Mhl en 1875 à 23 Mhl en 1889. Pierre Viala défend ' l'inutilité de la lutte d'extinction par les insecticides ' et la ' nécessité inéluctable ' d'avoir recours aux vignes américaines pour reconstituer le vignoble. Il faut donc tout arracher et replanter.
Mais cette solution se heurte à une difficulté insoupçonnée. Dans les terrains calcaires, les plants jaunissent, puis dépérissent. Les porte-greffes américains, dont le riparia, très utilisé à l'époque, meurent de chlorose. Des milliers d'hectares sont concernés dans les Charentes, la Marne ou le Languedoc. C'est un nouveau fléau, totalement inconnu avant le greffage, car les vignes européennes franches de pied s'accommodent bien des sols calcaires.
En 1887, le ministère de l'Agriculture désigne Pierre Viala pour une mission de la plus haute importance en Amérique du Nord. Il doit chercher des vignes sauvages américaines résistantes à la fois au phylloxéra et au calcaire. Au Texas, il découvre l'insensibilité du berlandieri, le ramène en France où il s'en fait l'ardent défenseur. Cette mission officielle consacrera sa réputation. C'est le point de départ d'une nouvelle vague d'hybridations, qui donnèrent au monde viticole une collection de porte-greffes résistants à la chlorose. A son retour, Pierre Viala écrit Une mission viticole en Amérique .
Avec Louis Ravaz, il détermine la gamme de résistance des espèces et des hybrides à la chlorose et au phylloxéra. Il préconise l'abandon des hybrides de résistance nulle. Il se bat contre la théorie qui veut que le greffage détruise la qualité. Peu à peu, les partisans du greffage l'emportent sur les défenseurs de la lutte chimique contre le phylloxéra. Le nombre d'hectares reconstitués passe de 75 000 en 1885 à 1 M en 1900. Le vignoble français est sauvé. Pierre Viala en est l'un des artisans majeurs. Mais il est aussi connu pour ses travaux sur les maladies de la vigne. Ils constituent une autre partie importante de son oeuvre scientifique.
Ce chercheur pragmatique est persuadé qu'' en agronomie, les recherches de savant doivent être complétées par l'action de l'enseignement, mais aussi par une action de propagande auprès des agriculteurs '. C'est pourquoi il fonde la Revue de la viticulture en 1894.
Son oeuvre ne s'arrête pas là. Pierre Viala rappelle l'importance du choix de la variété qui ' prime tout en culture ' A ses yeux, l'ampélographie, ou l'étude botanique des variétés de vigne, de leurs propriétés culturales et oenologiques, est la base première de la viticulture. Il réalise une oeuvre considérable et complète en publiant l' Ampélographie avec Victor Vermorel, viticulteur et industriel du Beaujolais. Il détaille les caractères morphologique et agronomique de 5 200 cépages cultivés dans le monde.
De 1919 à 1924, Pierre Viala est député de l'Hérault, élu sur la liste de la ' gauche républicaine démocratique '. Il décède le 11 février 1936, à l'âge de 77 ans.