ImprimerLes tracteurs sont souvent suralimentés en carburant. En choisissant un carburant de bonne qualité et en le conservant bien, en entretenant régulièrement son tracteur et en l'utilisant au régime adéquat, on limite sa consommation au strict nécessaire. Voici des conseils précis pour y parvenir.
'Plus d'un tracteur sur deux est suralimenté en carburant ! s'exclame Romain Blanjacquier, de l'Association d'initiatives locales pour l'énergie et l'environnement (Aile), basée à Rennes (Ille-et-Vilaine). En réalisant un bon entretien, en adoptant une conduite économique, en ajustant la puissance et en réglant le matériel derrière, il est possible d'économiser entre 1 et 1,5 l de carburant par heure . '
La première chose à faire est de bien choisir son carburant. Il doit être propre et ne pas contenir trop d'eau. Pour cela, il est préférable d'utiliser un gasoil de qualité supérieure (FQS), plutôt que de basse qualité (FOD). Le premier est plus raffiné. Il a un bon indice de Cétane, c'est-à-dire une haute aptitude à l'auto-inflammation. Il vaut environ 0,42 euros/l. Le second, disponible à 0,40 euros/l, risque d'encrasser et de graisser le système d'injection.
Les conditions de conservation du carburant sont aussi très importantes. Il doit être stocké à l'abri des différences de température, qui provoquent de la condensation. L'eau qui perle sur les parois internes des cuves goutte alors dans le fioul.
' On peut ajouter un bol décanteur sur le bloc-filtre du tracteur, s'il en est dépourvu, suggère Romain Blanjacquier. L'eau présente dans le gasoil tombe dedans. Une fois que le bol transparent est blanc, cela signifie qu'il est plein. L'utilisateur peut alors le dévisser et le vider. Cela permet de limiter la quantité d'eau contenue dans le fioul, ce qui est très important : moins il y a d'eau, plus l'injection est optimisée . ' Par ailleurs, il faut laver régulièrement l'extérieur de la cuve, et faire nettoyer l'intérieur environ tous les cinq ans. Il est également possible de rajouter un bloc- filtre entre la pompe à gasoil de la cuve et son pistolet. Il enlève les impuretés du carburant. Ce genre d'accessoire est disponible dans les concessions. Il vaut environ 100 euros avec les raccords. La cartouche, qui vaut 40 euros, doit être changée à chaque plein. De même, il est nécessaire de bien entretenir son tracteur. Le filtre à gasoil doit être changé toutes les 200 à 300 heures de travail. S'il est encrassé, il n'y a que peu de gasoil qui passe, donc l'injection est mauvaise. La vidange doit être effectuée fréquemment, et un entretien régulier du filtre à air est nécessaire. S'il est encrassé, cela provoque un mauvais mélange entre l'air et le gasoil, et induit une mauvaise combustion. Suivant le tracteur et son utilisation, la durée de vie d'un filtre à air est de 800 à 1 000 heures.
Par ailleurs, ' il faut s'équiper d'un tracteur ayant un régime de prise de force économique (750, c'est-à-dire 540 E) , explique Didier Langlois, de la chambre d'agriculture du Poitou-Charentes. Cela permet de réaliser les mêmes travaux qu'avec un régime normal, tout en consommant moins. C'est l'un des critères auquel il faut faire particulièrement attention lors de l'acquisition d'un tracteur '.
Parallèlement, il faut essayer de faire travailler les tracteurs à leur puissance maximale, ce qui ne signifie pas au régime maximal. Le décompactage ou le travail en profondeur du sol le permettent. ' Ces travaux utilisent la puissance maximale du tracteur, ce qui limite l'encrassement du moteur, son vieillissement, et évite de faire grimper la consommation ', poursuit Romain Blanjacquier. ' Beaucoup d'utilisateurs n'emploient pas toute la charge du tracteur lorsqu'il est neuf, complète Yann Loubic, de l'Association Top Machine Aquitaine, à Mont-de-Marsan (Landes). Du coup, le rodage n'est pas bien effectué, et l'étanchéité du moteur est mauvaise. Cela entraîne un mauvais rendement de la puissance, une utilisation importante d'huile et de carburant, ainsi qu'un vieillissement prématuré . '
A l'heure actuelle, sur presque tous les tracteurs, la puissance maximale est disponible aux alentours de 1 700 ou 1 800 tr/min. Mieux vaut alors utiliser ce régime plutôt que de tourner à 2 200 tr/min. Cependant, ' un tiers des tracteurs ont un compte-tours faux et ne donnent pas le vrai régime ', prévient Didier Langlois. Un passage au banc d'essai permet d'en avoir le coeur net. Diverses associations réalisent cette prestation. C'est le cas d'Aile, pour le nord-ouest de la France, de la chambre d'agriculture du Poitou-Charentes, ou encore de l'Association Top Machine Aquitaine. Le diagnostic coûte entre 100 et 110 euros, mais permet de réaliser de grosses économies.
Le passage au banc permet également de connaître le régime maximal du tracteur, et de détecter les mauvais réglages de la pompe à injection et des injecteurs. ' Si le débit de la pompe à injection est trop important, la consommation sera trop élevée , souligne Yann Loubic. Il faut vérifier le calage de la pompe : elle doit envoyer le gasoil juste au bon moment. Il faut contrôler l'état des injecteurs : s'ils s'ouvrent mal, ils laissent passer le fioul sans le brumiser, et ce dernier s'enflamme mal. Cela provoque des fumées noires nocives et augmente la consommation. A ce moment-là, on effectue un tarage . '
La pression des pneus est primordiale. Lorsqu'elle est bien réglée, les charges sont bien réparties, ce qui diminue la résistance au roulement. De même, il faut harmoniser la pression des pneus avec le travail à effectuer. Le plus simple est de la régler suivant la principale tâche effectuée par le tracteur. Cette pression est donnée par le constructeur.
Il faut adapter le poids de son tracteur aux travaux à réaliser : laisser des masses consomme plus d'énergie. Elles ne sont nécessaires que pour des travaux lourds, tels que le décompactage.
Une fois ces consignes respectées, l'utilisateur a de bonnes chances de diminuer sa consommation de gasoil de 1 à 1,5 l/h, et de prolonger la vie de son tracteur.
