Les eaux de ruissellement entraînent les phytos. Ce phénomène reste limité au regard des quantités appliquées lors des traitements.
En 2003 et 2004, Nicolas Domange a mesuré l'entraînement des produits phytosanitaires par les eaux de ruissellement. Cet ingénieur de l'Ecole nationale du génie de l'eau et de l'environnement de Strasbourg s'est intéressé à dix-sept matières actives appliquées dans les vignes, situées sur un bassin versant de 40 ha près de Rouffach (Haut-Rhin). Il les a toutes détectées au moins une fois. Sept d'entre elles (diuron, terbuthylazine, simazine, glyphosate, azoxystrobine, pyriméthanil, diméthomorphe et AMPA, un métabolite du glyphosate) contaminent les eaux de ruissellement durant toute la saison. On les trouve depuis leur application jusqu'en octobre.
Quatorze molécules sont détectées au moins une fois par saison, à une concentration supérieure à 0,1 µg/l, qui représente la limite maximale fixée pour l'eau potable. La concentration la plus élevée est de 64 µg/l, valeur atteinte pour le glyphosate.
Sur l'année, moins de 1 % de la totalité des produits phytosanitaires sur les parcelles part dans les eaux de ruissellement. Cependant, les quantités appliquées se chiffrent en centaines de grammes, voire en kilogrammes, alors que la norme de potabilité de l'eau n'admet pas plus 0,5 µg de produits phytosanitaires par litre d'eau.
L'entraînement des molécules est quatre fois moins important dans une parcelle enherbée un rang sur deux que dans sa voisine désherbée. Il est d'autant plus rapide que la parcelle traitée se trouve près d'une route ou encore d'un chemin.
Nicolas Domange recommande l'accroissement du couvert végétal, l'arrêt de la pulvérisation dans les tournières ou sur les chemins. La plantation de roseaux dans les fossés est envisageable pour piéger les molécules et aider à leur dégradation. Une étude analogue démarrera en Champagne en 2005.