ImprimerMédecin et botaniste, Alexis Millardet a identifié le mildiou. Il a découvert le moyen de le combattre avec Ulysse Gayon, un autre savant, et Ernest David, régisseur de domaines viticoles.
Alexis Millardet est né le 13 décembre 1838, dans une famille de notables, à Montmirey-la-Ville (Jura). Il obtient ses titres de docteur en médecine et en sciences naturelles en 1869. En 1874, il participe à la commission d'études contre le phylloxéra, puis il est nommé à la faculté des sciences de Bordeaux. Il devient titulaire de la chaire de botanique, qu'il conservera pendant vingt-cinq ans. On le charge d'abord de l'étude des vignes américaines en vue de la reconstitution du vignoble français.
Ses travaux d'hybridations débouchent sur de nouveaux porte-greffes. Mais on retiendra surtout de lui ses fructueuses recherches sur le mildiou. Il l'identifie en 1878, découverte qu'il partage avec Jules-Emile Planchon, directeur de l'Ecole supérieure de pharmacie de Montpellier (Hérault). En quelques années, le fléau s'abat sur l'Europe. Les fleurs, les feuilles et les baies de la vigne se recouvrent d'un feutrage blanchâtre. Les pertes de récolte sont considérables. Le peu qui reste ' a un horrible goût de mycélium '.
Alexis Millardet aborde vraiment le mildiou en 1882. Il observe qu'il germe dans de l'eau distillée, pas dans celle de son puits. Ulysse Gayon, directeur de la station agronomique et d'oenologie de Bordeaux, lui apprendra plus tard que l'eau de son puits contient du cuivre.
Fin octobre 1882, dans le Médoc, Alexis Millardet remarque des vignes indemnes de maladie : leurs feuilles sont couvertes ' d'une couche d'une substance d'un blanc bleuâtre '. Situées en bordure de chemin, le propriétaire les a badigeonnées d'un mélange de chaux et de sulfate de cuivre, ' un mélange médocain ', pour empêcher les grappillages. Ces faits laissent supposer une efficacité du cuivre contre le mildiou. ' J'étais à la recherche d'une substance qui répondit au plan que je m'étais tracé, lorsque le hasard la mit entre mes mains ', écrira-t-il trois ans plus tard.
En 1883, le même constat est fait en Bourgogne. Des vignes enroulées sur des poteaux traités au sulfate de cuivre sont indemnes de mildiou. Alexis Millardet travaille dès lors avec Ulysse Gayon. Ils feront plusieurs publications : ' En nous appuyant sur ce fait, observé en laboratoire, que les conidies du parasite sont incapables de germer dans de l'eau qui contient deux à trois dix-millionièmes de cuivre soluble, nous avons dit que le cuivre dissous par les eaux de pluie et par la rosée est l'agent prophylactique essentiel de la maladie . ' Alexis Millardet précise : ' ...un traitement pratique du mildiou doit avoir pour but non de tuer le parasite dans les feuilles elles-mêmes, mais de prévenir son développement, en couvrant préventivement la surface des feuilles de diverses substances capables de faire perdre aux spores, leur vitalité ou d'entraver leur germination . '
A partir de 1884, année où le mildiou explose, Alexis Millardet expérimente divers mélanges de sulfate de cuivre et de lait de chaux. Il les teste avec Ernest David, régisseur des châteaux Dauzac et Beaucaillou... Le 29 novembre de la même année, ce dernier lui confirme leur efficacité. En 1886, ils comparent dix-sept traitements à des doses différentes.
Tous ces travaux débouchent sur la mise au point de la célèbre bouillie bordelaise. ' Les trois co-inventeurs de la bouillie bordelaise ont immédiatement mis leur découverte dans le domaine public, sans prendre de brevet et sans chercher à en tirer de bénéfices personnels ', précise une biographie.
Cet inventeur restera célèbre pour avoir participé à la découverte du fongicide qui a sauvé le vignoble.
Alexis Millardet décède en 1902, à l'âge de 64 ans.
BIBLIO
Un Savant bordelais, Ulysse Gayon, par Pascal Ribereau-Gayon
Le Médoc
La Découverte de la bouillie bordelaise Deux dictionnaires biographiques.
