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Les firmes développent des outils d'aide à la décision

La vigne - n°164 - avril 2005 - page 0

Syngenta développe un réseau de surveillance du mildiou et réalise des diagnostics botrytis. Bayer détermine la pression de plusieurs maladies et évalue la pertinence d'un programme de traitement. DuPont propose un système expert de calcul du risque de résidus.

Les distributeurs sont les premiers prescripteurs auprès des vignerons, c'est sur eux que repose la promotion des bonnes pratiques. Pour les y aider, certaines firmes proposent différents services. Syngenta en développe deux. Le Diagnostic botrytis est un logiciel informatique, qui calcule le risque potentiel d'apparition de la maladie sur une parcelle en fonction de ses caractéristiques agronomiques et culturales (cépage, clone, taille, présence ou non d'enherbement, rognage, lutte antioïdium et antivers de la grappe...). Il prend en compte les spécificités de chaque région. Une fois le risque calculé par le logiciel, il intègre la rentabilité de la parcelle. En fonction de ces deux critères, il élabore un programme de traitement. Il calcule le coût des produits et celui des passages, qu'il compare aux coûts du tri à la parcelle et des produits oenologiques qui seraient utilisés en cas de vendange altérée. Par exemple, s'il estime le risque de botrytis moyen à fort et si la parcelle est à haute valeur ajoutée, il conseillera un programme haut de gamme, car le retour sur investissement sera important. Par contre, si la parcelle est moins rentable, il ne recommandera qu'un traitement, voire aucun. Syngenta développe ce logiciel depuis un an. Les distributeurs en sont pleinement satisfaits.

Syngenta propose aussi Raiso mildiou. Il détecte la première tache de mildiou, avant qu'elle n'apparaisse au vignoble. L'intérêt est de confirmer les contaminations détectées par les modèles, et de démarrer la protection fongicide au moment le plus opportun. La technique est simple. La Protection des végétaux effectue le suivi des oeufs d'hiver. Lorsque ces derniers sont mûrs et que la première pluie contaminatrice arrive, Syngenta prélève des feuilles sur un sarment fixé au sol en janvier, et sous lequel se trouve un inoculum (méthode du sarment rabattu mise au point par Yvon Bugaret). La firme place les feuilles en conditions contrôlées pour obtenir la sporulation. Si c'est le cas, la contamination primaire est confirmée. Les distributeurs préviennent leurs clients qui ont quelques jours pour intervenir.
Syngenta a testé cette méthode en 2004 au niveau national sur 211 sites. La firme a fait des prélèvements sur 231 parcelles, soit 366 analyses. Elle a détecté 45 contaminations primaires. Par exemple, elle a détecté les premières taches au laboratoire, à Bordeaux, le 2 mai, alors que sur le terrain, elles ont été détectées le 5 mai. En Bourgogne, elles ont été détectées le 14 mai au laboratoire et le 31 mai sur le terrain. En 2005, Raiso mildiou comprendra environ 320 parcelles. ' C'est une source d'informations complémentaire. Confrontée aux données de la Protection des végétaux et des modèles, elle permet de déclencher les premiers traitements dans les trois à quatre jours suivant la détection de la première tache au laboratoire ', explique un distributeur du Cognaçais.

De son côté, Bayer propose aussi deux services. Positif est un modèle climatique multiculture et multiparasite. En vigne, il présente trois modules : mildiou, black-rot et oïdium. Positif utilise les données météorologiques pour simuler le développement des épidémies tout au long de la campagne. Il calcule le risque, puis détecte les contaminations. Les informations sont retranscrites sous forme de courbes et de tableaux. Le distributeur peut comparer le niveau de risque de la campagne en cours avec celui des années de référence. A partir de ces informations, il ajuste ses préconisations de traitement et les diffuse aux vignerons.
Le module mildiou fonctionne depuis de nombreuses années. Luc Truchon, de la Coopérative du syndicat général des vignerons en Champagne, l'utilise depuis le début : ' Selon les températures et la pluviométrie, il permet d'estimer le niveau de risque. Grâce à lui, je cible le type de produit à appliquer. De plus, il informe s'il faut resserrer les intervalles entre les traitements aériens . '
Le module oïdium est encore en phase de test mais, en 2004, dans les vignobles septentrionaux (Alsace, Champagne, Bourgogne), il a anticipé les attaques. ' Il donne déjà une idée du risque EPI (état potentiel d'infection), en début de campagne ', considère Luc Truchon.
Bayer met à la disposition de ses clients un autre service : Adéquat. Il s'agit d'un tableau de bord sous la forme d'un logiciel permettant d'élaborer les programmes de traitement antimildiou et antioïdium, quelle que soit la marque du produit.
Le distributeur saisit différents paramètres, comme les caractéristiques de la parcelle (cépage...), le comportement des produits (mode d'action, persistance...), les doses, les prix... Puis il choisit son programme.

Le logiciel établit une représentation graphique sous forme d'un calendrier prévisionnel. Sur l'écran, l'utilisateur visualise les stades de la vigne, les dates et les intervalles entre les traitements, les périodes de couverture pour le mildiou et l'oïdium, les efficacités éventuelles sur d'autres maladies, l'effet des produits sur les typhlodromes. Le logiciel fait une analyse du coût par hectare et du coût journalier du programme. Adéquat dispose de systèmes d'alerte, qui se déclenchent en cas d'incohérence par rapport à la date du premier traitement, au respect de dates clés d'intervention, au nombre maximum de traitements d'une famille chimique... ' Adéquat permet de réaliser un programme adapté à chaque exploitation et différentes simulations selon le coût à l'hectare que le vigneron ne souhaite pas dépasser ', déclare Sébastien Gardes, de la Capel à Cahors (Lot).


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