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Lutte contre l'oïdium : priorité à la sécurité

La vigne - n°164 - avril 2005 - page 0

Après les fortes attaques de 2004, personne ne remet en cause les préconisations officielles. Les prescripteurs mettent l'accent sur la qualité de la pulvérisation, le respect des cadences et le choix du produit pour le premier traitement.

En 2004, c'est sans conteste l'oïdium qui a marqué les esprits. Ce parasite a bénéficié de conditions climatiques très favorables pour se développer dans les vignobles traditionnellement peu concernés (Alsace, Bourgogne, Champagne, Jura, Lorraine...).
Face à cette pression exceptionnelle, beaucoup de vignerons ont couru après la maladie. Un fait qui les a amenés, parfois, à remettre en cause les préconisations relatives à la date du premier traitement. La Champagne et la Bourgogne ont réalisé des enquêtes, afin de voir quelles ont été les causes des échecs. Les chambres d'agriculture de Côte-d'Or et de Saône-et-Loire, et la Protection des végétaux (PV) de Bourgogne ont recueilli les données de 101 parcelles. Ces organismes n'ont pas constaté de différences d'efficacité selon que la protection a débuté avant ou à partir du stade 7-8 feuilles étalées. Le mot d'ordre reste donc, comme l'an dernier, de ne pas démarrer avant ce stade. Par contre, ils ont vu que le fait de commencer avec un IBS ou une strobilurine améliorait le résultat.
Une réduction des intervalles de traitements, au moins jusqu'à la fin floraison, a également été bénéfique. Des parcelles où la protection fut correcte avaient reçu un traitement supplémentaire durant la période de la floraison jusqu'en fin de floraison.

Ces constats ont amené les chambres d'agriculture et la PV de Bourgogne à ajuster leurs préconisations pour 2005. Elles conseillent de débuter la protection au stade 7-8 feuilles étalées dans toutes les parcelles. L'an dernier, la PV indiquait dans son bulletin d'avertissement : ' Dans les parcelles peu exposées (...), il est possible d'attendre le stade 9-10 feuilles étalées . ' Dans celles ayant subi des attaques l'année passée, la prescription recommande d'utiliser pour le premier traitement un IBS ou une strobilurine ayant une action curative, de réduire les intervalles de traitements jusqu'à la fermeture de la grappe (8-9 jours pour le soufre et le dinocap, 9-10 jours pour la spiroxamine, 10-11 jours pour les IBS et les strobilurines).
En cas d'oïdium sur les feuilles, la PV conseille un traitement complémentaire en fin de floraison. Ailleurs, les interventions doivent se poursuivre avec des intervalles de traitements classiques. Quelle que soit la parcelle, les techniciens conseillent d'arrêter la protection à la fermeture de la grappe, sauf en cas de symptômes. Là, il faudra continuer les traitements jusqu'au début de la véraison.
Du côté des distributeurs, on se montre relativement prudent. La coopérative agricole et viticole de Beaune-Verdun veut savoir s'il n'est pas trop tard de démarrer au stade 7-8 feuilles dans les parcelles très touchées l'année précédente. Pour cela, elle observera le déroulement de cette campagne. En attendant, sur les parcelles très atteintes en 2004, elle conseille un début de protection avec du soufre dès le stade 3 feuilles. ' L'oïdium est capable d'attaquer très tôt, de se développer de manière furtive et d'exploser quand les conditions sont favorables. Je ne veux pas prendre de risques ', justifie, Philippe Mangold, responsable vigne. Sur les autres parcelles, il recommande un démarrage au stade 7-8 feuilles avec un IBS.
La Champagne, qui a également subi de sévères attaques en 2004, met l'accent sur la pulvérisation. Les enquêtes ont montré que les parcelles traitées avec un hélicoptère ont été les plus touchées, suivies de celles traitées avec des pendillards. Le Comité interprofessionnel des vins de Champagne recommande de revenir au sol.

Dans les parcelles très exposées, les pendillards n'offrent pas une qualité de pulvérisation suffisante par rapport au face par face pneumatique ou au Turbocoll de Tecnoma. Le CIVC conseille donc d'augmenter les volumes par hectare ou de s'équiper avec les buses à turbulence antidérive TVI d'Albuz. Mais la région ne change pas ses recommandations de traitement. Comme dans les autres vignobles, la stratégie dite ' à fenêtre ' reste d'actualité. Rappelons que dans les parcelles non affectées par des symptômes drapeaux, elle consiste à démarrer la protection au stade 10 à 12 feuilles étalées (stade 17 de Eichhorn et Lorenz) avec un produit doté d'une action curative (IBS de type Corail, trifloxystrobine (Flint, Consist), pyraclostrobine (Cabrio), krésoxim-méthyl (Stroby DF)). Dans les parcelles atteintes l'année précédente, le démarrage doit être plus précoce : au stade 6 à 8 feuilles (stade 15). La protection doit ensuite être sans faille jusqu'à la fermeture de la grappe. Après le premier traitement, le choix des produits importe peu à partir du moment où l'on respecte le nombre maximum de traitements recommandés par famille chimique. En cas de symptômes à la fermeture de la grappe, les traitements devront être poursuivis jusqu'au début de la véraison. Dans les parcelles à drapeaux, il faudra faire un traitement de plus en tout début de végétation au stade 2 à 3 feuilles étalées.
En Gironde, Philippe Cartolaro et Laurent Delière, de l'Inra de Bordeaux, expliquent que ' dans une situation épidémique exceptionnelle, toute carence technique dans la mise en oeuvre de la protection (problème de pulvérisation, choix des produits, mauvais positionnement) peut mettre en défaut la qualité globale de la protection. Mais, pour autant, les préconisations fondamentales de stratégie restent de mise '. Il n'empêche que beaucoup de distributeurs vont jouer la sécurité et envisagent de systématiser le démarrage des traitements, dès le stade 8 feuilles étalées. Dans le Midi, Bernard Molot, de l'ITV de Nîmes, rappelle que rien ne permet de remettre en cause la date du premier traitement au stade 11-12 feuilles étalées. ' Mais, en pratique, la plupart du temps, les vignerons qui utilisent du soufre mouillable sous-dosé ont une pulvérisation déficiente. On leur demande donc d'intervenir plus tôt, pour ne pas laisser passer une contamination ', explique-t-il.


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