Cette petite région produit quelques-uns des meilleurs vins du pays. Elle offre une grande diversité de terroirs où le chardonnay et le pinot noir font des merveilles. Un producteur pense y avoir trouvé la nouvelle Côte Rôtie !
Adélaïde Hills - les monts d'Adélaïde - ont intégré le registre des appellations protégées australiennes en février 1998. Ils sont localisés dans l'Etat d'Australie Méridionale. C'est l'une des régions viticoles les plus fraîches et les plus humides du sud-est du pays. Les premières vignes y furent plantées en 1839. Mais il a fallu attendre les années 70 pour que les viticulteurs retiennent des variétés adaptées au climat. Beaucoup ont suivi l'exemple de Brian Croser, le fondateur du domaine Petaluma, l'un des plus réputés d'Australie. Il fut l'un des premiers à percevoir le potentiel des Hills.
' Adélaïde Hills s'apparente à une petite France. On peut distinguer la Champagne, les régions de la Loire, de Bordeaux, ou encore la Bourgogne ', souligne-t-il. Le fond de la vallée est souvent couvert de sols profonds. Les pentes sont moins fertiles, mieux drainées et ensoleillées. Elles protègent les vignes de l'intense vent du sud qui pourrait leur nuire.
La région offre une grande variété de climats et de sols. Elle s'étend sur 80 km de long et 25 de large. Les vignes sont plantées jusqu'à 400 m d'altitude et les pentes, souvent fortes, exigent une récolte manuelle. Elles couvrent déjà 3 250 ha, appartenant à une cinquantaine de domaines. On trouve de nombreux cépages, allant du riesling dans les zones les plus fraîches au tempranillo dans les zones les plus sèches. Piccadilly Valley est la zone la plus fraîche des Hills, avec une pluviométrie annuelle de 800 mm. Elle offre des conditions idéales au pinot noir et au chardonnay.
Dès la fin des années 70, Brian Croser, élu ' Man of the Year 2004 ' par la revue anglaise Wine Decanter, pressent un terroir comparable à celui de la Champagne. C'est là qu'il s'installe. Il crée Petaluma et élabore le croser, un vin pétillant de méthode champenoise qui est une référence. Il plante le Tiers Vineyard. Ce vignoble, qui entoure la cave de Petaluma, produit un chardonnay d'une finesse et d'une élégance comparables aux chardonnays de Bourgogne. Il vaut plus de 60 euros la bouteille. Son terroir fut le fond d'un océan il y a plus de 1,8 milliard d'années. La terre est argileuse, brune, modérément fertile et naturellement bien drainée. Les vignes sont plantées à haute densité sur les pentes exposées au sud-ouest. La douceur et la pluviométrie rendent l'irrigation inutile. Les rendements moyens atteignent 55 hl/ha. A la récolte, les raisins titrent 13 % vol. d'alcool probable, une acidité naturelle de 6,5 g/l de H 2SO4 et un pH inférieur à 3. Un bel équilibre entre maturité et vivacité !
Surplombant cette zone, la petite propriété de 3,5 ha de Stephen George, Ashton Hills Vineyard, offre un pinot noir d'une complexité étonnante, une référence en Australie vendue autour de 15 euros. Au nord-ouest, se trouve Lenswood. Là encore, le climat est rafraîchi par l'altitude. Deux prestigieuses wineries (Lenswood Vineyard et Henschke) y ont planté du pinot noir, du chardonnay et du sauvignon. Le sol est argilo-sableux. Il pleut 1 000 mm/an. Les rendements sont faibles : 5 t/ha.
' Le prix des vignes ne cesse d'augmenter, il faut compter 30 000 euros/ha planté ', souligne Geoff Weaver, de Lenswood Vineyard. Cette envolée est liée à la réussite du pinot noir, obtenue à force de persévérance. ' Quand je me suis installé dans les années 80, nous étions mal renseignés sur les clones. J'ai dû replanter mon vignoble avec des clones tels que le 114, le 115, le DSV12 ou encore le MV6, pour obtenir des vins plus élégants ', indique Geoff Weaver.
De son côté, Brian Croser poursuit ses recherches. Toujours en quête de nouveaux terroirs, il a découvert Mount Barker. L'endroit lui rappelle les Côtes du Rhône septentrionales. Les sols sont schisteux. Il y a planté de la syrah (82 %) et du viognier (12 %) à 8 000 pieds/ha, une forte densité dont il attend qu'elle favorise l'enracinement. Les vignes n'ont que cinq ans, mais elles laissent présager d'excellentes cuvées. Brian Croser vinifie les deux cépages ensemble, dans des cuves de 20 hl. Il élève les vins une année en barriques. Le premier millésime, le 2003, offre une belle structure en bouche. S'agit-il d'un nouveau côte-rôtie ? Brian Croser en est persuadé. Mais sans attendre, d'autres wineries s'intéressent déjà à cet endroit encore mal connu.
Adélaïde Hills présente aussi de nombreux attraits touristiques. La région est un magnifique patchwork de forêts, de fermes, de vergers et de vignobles. Elle produit des fruits et des fromages. Autant de diversité dans une si petite vallée, voilà qui est unique !
Et ce n'est pas tout ! Des réserves naturelles entourent Adélaïde, la capitale régionale. On peut y rencontrer une quantité de koalas, kangourous, émeus, démons de Tasmanie... Des restaurants gastronomiques, souvent situés dans des cadres exceptionnels, parsèment la route du vignoble. De nombreux villages historiques témoignent d'un riche passé. Pour toutes ces raisons, Adélaide Hills est une zone en plein essor. La viticulture locale entend bien en tirer parti. Pour cela, elle compte sur le rayonnement du Centre national du vin de l'université d'Adélaïde, inauguré en 2004. C'est un véritable musée interactif. Il permet aux touristes et aux étudiants de découvrir l'industrie de la vigne et du vin. Plus que jamais, les acteurs des Monts d'Adélaïde veulent attirer l'attention du monde sur leur région.