Le nouvel antibotrytis de Nufarm SA est à base d'une bactérie antagoniste du botrytis. Il s'intègre dans les programmes classiques, en applications tardives, aux stades C et D.
Nufarm SA vient d'obtenir l'homologation de Sérénade, le premier antibotrytis biologique. Il se compose d'une bactérie naturelle du sol : Bacillus subtilis QST 713. Elle a été isolée par une équipe de chercheurs californiens. Cette bactérie possède des actions fongicides et bactéricides. Elle est antagoniste de Botrytis cinerea. Elle stimule les défenses naturelles de la plante. Sérénade est un produit préventif, mais qui possède une petite curativité. Comme il agit sur plusieurs sites, il est peu sujet au risque d'apparition de résistance. Il s'applique à 5 kg/ha. Il est non classé sur le plan toxicologique, il ne possède pas de LMR (limite maximale de résidus), ni de ZNT (zone non traitée). Son délai d'emploi avant récolte est de trois jours. Il se présente sous forme de poudre mouillable en sac de 10 kg. Il ne nécessite pas de conditions de stockage particulières. Son prix est compris entre 85 et 90 euros/ha.
Nufarm a réalisé plusieurs essais d'efficacité en plein champ. La firme a comparé des programmes à base de Sérénade à des programmes à base de produits de référence, dont elle ne nous a pas communiqué les noms. Ces produits ont été appliqués aux quatre stades : A (chute des capuchons floraux), B (fermeture de la grappe), C (véraison) et D (trois semaines avant les vendanges). Le Sérénade appliqué seul, tout au long de la saison, a eu un niveau d'efficacité de l'ordre de 40 %, soit 10 à 15 % de moins que les références chimiques. Mais même s'il présente une efficacité moindre, il se conduit comme les produits de référence, en cas d'augmentation de l'attaque de botrytis. En effet, dans une telle situation, le niveau d'efficacité de la référence baisse autant que celui de Sérénade.
D'autres essais de la firme montrent que dans les programmes où Sérénade est utilisé seul, quatre applications en A, B, C et D sont nécessaires pour qu'il soit efficace.
Le principal intérêt de Sérénade réside dans son délai d'emploi avant récolte de trois jours. Il est donc particulièrement adapté aux applications de fin de saison. En 2002 et 2003, Nufarm a mesuré l'efficacité d'un traitement tardif. La firme a mené des essais dans plusieurs régions. Elle a comparé un programme courant de la région au même programme complété d'une ou deux applications de Sérénade en fin de saison. Le gain est en moyenne de 35 %.
' Le concept est intéressant, car il s'agit d'un produit biologique qui peut s'appliquer tard. Il possède un certain potentiel d'efficacité. Mais comme c'est un organisme vivant, il ne possède pas la régularité d'un antibotrytis de synthèse ', remarque Laurent Delière, de l'Inra de Bordeaux, seul organisme officiel à avoir testé le produit.
Concernant les applications, Nufarm précise que la température, les précipitations, le volume de bouillie et la zone de traitement peuvent jouer sur l'efficacité du produit. En effet, Bacillus subtilis étant vivant, il faut respecter les conditions optimales à son développement. Pour cela, il faut traiter à 20°C environ. Le vigneron peut travailler avec un volume de bouillie de 100 à 1 000 l/ha, mais les volumes élevés procurent une meilleure efficacité. Il faut également assurer une large couverture, supérieure à la zone des grappes. ' On peut laisser une buse un peu plus haute pour traiter une partie des feuilles, et ainsi favoriser l'implantation des colonies ', conseille Magali Levasseur, responsable de l'expérimentation chez Nufarm.
Du fait de son action principalement préventive, mieux vaut traiter avant la phase de développement explosif du botrytis, à savoir juste après une pluie ou une attaque de vers de la grappe. ' Lorsque le risque est élevé en fin de saison, si le vigneron n'a fait aucun traitement, car sa parcelle est peu sensible, il peut être intéressant de traiter avec Sérénade ', considère Magali Levasseur.