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Mildiou : les contacts reculent

La vigne - n°165 - mai 2005 - page 0

Avec la lutte raisonnée, la protection contre le mildiou démarre plus tard. Les vignerons privilégient des produits haut de gamme, au détriment des contacts organiques. Le cuivre reste une valeur sûre en fin de campagne.

Actuellement, les produits de contact représentent un tiers du marché des antimildious. Mais ces dernières années, ils ont reculé puisqu'en 1998, ils représentaient 42 % de parts de marché. Tous les contacts ne sont pas logés à la même enseigne. Dans les zones où la nécrose bactérienne sévit, les organocupriques (cuivre + manèbe et cuivre + mancozèbe) progressent. Sur l'ensemble de la France, ce sont les contacts solos (folpel, mancozèbe...) qui baissent le plus. ' Il s'en utilise un peu dans toutes les régions. Leur emploi est lié à une génération. Mais mis à part le cuivre, ces produits disparaîtront avec les papys. Ils restent néanmoins de bons partenaires pour les autres molécules, pour pallier aux résistances ', nous confiait récemment une firme.
' On conseille le mancozèbe au démarrage pour lutter contre l'excoriose. Mais pour le premier antimildiou, on oriente les vignerons vers des pénétrants ou des systémiques pour davantage de sécurité. Les premières contaminations coïncident souvent avec une période pluvieuse en Gironde ', remarque un distributeur.
Les vignerons le savent bien : le positionnement du premier antimildiou est primordial. Selon les principes de la lutte raisonnée, il s'applique entre la contamination primaire et la sortie des taches, ou après la détection des foyers primaires. A cette époque, la vigne est en croissance. Or, les contacts ne protègent pas les nouvelles pousses. Ils sont uniquement préventifs. Ils sont sensibles au lessivage et doivent être renouvelés après une pluie de 20 à 25 mm. Leur rémanence est faible : de 7 à 8 jours.

Pour toutes ces raisons, ils sont délaissés au profit de pénétrants à base de cymoxanil, de zoxamide, d'iprovalicarbe, du pénétrant-diffusant à base de méfénoxam, voire de systémiques à base de fosétyl. Dans certaines régions comme la Champagne et le Centre, les distributeurs n'intègrent même plus les contacts dans les programmes mildiou. Sans compter que certains cahiers des charges limitent leur utilisation, eu égard à d'éventuels risques de résidus et à la toxicité du mancozèbe sur les typhlodromes.
' Certains pénétrants de type curzate banalisé, deviennent les nouveaux produits classiques. On observe aussi un glissement depuis les pénétrants vers les systémiques. Mais la crise viticole peut tempérer le phénomène ', analyse Frédéric Top, de Bayer CropScience. Le faible coût des contacts peut inciter les vignerons en difficulté financière à les privilégier. Mais est-ce un bon calcul ? ' Lorsque l'on raisonne au coût par hectare, les contacts sont plus abordables, mais on connaît leurs limites ', considère Charles Crosnier de la PCEB (Produits chimiques et engrais de Bram) dans l'Aude. En cas de forte pression mildiou, les vignerons devront faire plus de passages et, au final, la facture sera plus salée. Dans le Midi, ils privilégient les contacts en fin de saison, lorsque la pousse est stabilisée et que la pression est moins importante. ' Chez nous, les contacts seuls ou en association sont largement utilisés après la fleur, sauf si l'année est exceptionnelle et que la problématique mildiou perdure. Ils représentent encore au moins la moitié des traitements ', expose Charles Crosnier.

En fin de campagne, les cuivres seuls ou en association se taillent la part du lion, même si les quantités diminuent. ' Les vignerons ciblent le mildiou mosaïque. Ils profitent en même temps des effets secondaires du cuivre sur le durcissement de la pellicule, ce qui permet de lutter contre le botrytis et la pourriture acide. L'effet sur les cléistothèces de l'oïdium est également intéressant, en cas de forte pression de cette maladie au cours de l'année ', rappelle un distributeur du Bordelais.
Là aussi, les vignerons optent désormais pour des formulations plus haut de gamme. Les cuivres sulfates laissent progressivement la place aux hydroxydes et, de manière plus marginale, aux oxychlorures. Les poudres sont délaissées au profit des formulations liquides et des granulés dispersables. Enfin, les vignerons se tournent vers des produits apportant moins de cuivre à l'hectare.

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