L'Australien Southcorp a comparé la capsule à vis à d'autres bouchons sur un rouge puissant. Ce vin a évolué lentement et positivement, bien qu'il n'ait presque pas vu d'oxygène.
En matière de capsules à vis, les Australiens ont des années de recul. Southcorp, leur plus grand metteur en marché, les teste depuis longtemps. Au début de l'année, il a rendu public les résultats d'une comparaison démarrée en 1997. Son étude porte sur un bouchon en liège naturel (44 × 24 mm), deux bouchons synthétiques et la capsule à vis Rote (Auscap). Le vin est un super premium 1996 de syrah et cabernet-sauvignon, élevé quatorze mois en barriques de chêne américain. Il a subi un traitement au cuivre après fermentation pour éliminer les goûts de réduit. Il a été embouteillé en décembre 1997, puis stocké en cave, les bouteilles couchées, sauf celles avec capsules.
En 2000, 2002 et 2004, des vinificateurs de Southcorp dégustent et analysent le vin. En décembre 2004, soit sept ans après l'embouteillage, un jury entraîné à l'AWRI (Australian Wine Research Institute) pratique une analyse sensorielle. La capsule à vis est le bouchage le plus hermétique à l'oxygène. Elle en laisse pénétrer moins de 0,001 cc/jour/bouteille. Les synthétiques testés en laissent passer dix fois plus. Les bouchons en liège ont une perméabilité très variable. En toute logique, la capsule conserve mieux le SO 2 libre et le SO2 total que les autres bouchons. Le niveau de SO 2 total était de 87 mg/l à la mise. En 2004, il en restait 25 mg/l sous les capsules à vis, contre 15 mg/l sous le liège et moins de 5 mg/l sous les synthétiques.
A chaque analyse, les vins capsulés ont l'intensité colorante (IC) la plus faible. Elle diminue régulièrement entre 1997 et 2004. Elle est d'abord stable sous le liège, mais finit aussi par baisser. Elle progresse, puis s'écroule avec les bouchons synthétiques. Les tendances des courbes suggèrent qu'après 2004, l'intensité colorante résiduelle serait rapidement plus élevée sous les capsules à vis que les autres bouchages.
En revanche, la nuance a le moins augmenté avec la capsule. Ceci révèle une faible progression de la teinte brune. Southcorp déduit de toutes ces observations qu'à l'intérieur des bouteilles capsulées, le vin continue d'évoluer. Les réactions qui font évoluer la couleur ont bien lieu, même sans oxygène.
En décembre 2004, les vins capsulés ont le goût de réduit le plus prononcé (voir ci-dessus). Pour autant, Southcorp ne considère pas le niveau atteint comme inacceptable commercialement. ' Cela est sans doute dû aux conditions de vinification avant mise en bouteilles ' , estime Allen Hart, auteur de l'étude. Mais surtout, la capsule et le liège donnent les vins les moins évolués. Au bout de sept ans, ils sont beaucoup plus fruités que ceux conservés sous les bouchons synthétiques, tout en montrant une évolution de la couleur, du nez et de la structure. ' Le vin évolue donc indépendamment de la disponibilité en oxygène ', conclut Allen Hart.
Cette étude démontre deux autres points : un bouchon synthétique laissant entrer 0,01 cc d'oxygène/col/jour ou plus, est incompatible avec la longue conservation d'un vin rouge. En revanche, elle souligne que les bouchons en liège conviennent très bien au vieillissement, dès lors qu'ils n'apportent pas de TCA, ces substances responsables des goûts de bouchon. Ce fut le cas de ceux utilisés par Southcorp dans sa comparaison. Si les bouchonniers arrivent à résoudre ce problème, le liège a encore de l'avenir.