Dans les secteurs où la flavescence dorée est maîtrisée et où le vecteur est peu présent, un aménagement de la lutte obligatoire est possible. Dans ce cas, le deuxième traitement devient facultatif. Ce dispositif demande la surveillance et la présence d'un groupement de défense.
Bonne nouvelle : la lutte obligatoire contre la flavescence dorée porte ses fruits. Dans les périmètres où elle est décrétée, la situation est globalement maîtrisée. La moitié d'entre eux, soit 200 000 ha, se trouve dans le Languedoc-Roussillon. Dans cette région, la maladie ne progresse pas. Elle reste à l'état endémique, sous forme de ceps isolés, disséminés sur l'ensemble du vignoble.
En Aquitaine, la maladie se stabilise, mais reste d'actualité. En 2004, 47 % du vignoble girondin se trouvait en lutte obligatoire. La forte mobilisation des professionnels a permis la prospection de 4 500 ha et l'identification de 357 pieds atteints de la flavescence. C'est 38 % de moins qu'en 2003.
Le dynamisme des vignerons et des organismes techniques méridionaux et aquitains a permis un aménagement de la lutte obligatoire en 2004 dans 77 communes de Gironde, 58 communes de Dordogne, 44 communes de l'Aude et 3 communes de l'Hérault. Rappelons que la lutte obligatoire consiste à effectuer trois traitements insecticides pour éliminer la cicadelle vectrice. Le premier se positionne au maximum 30 jours après les premières éclosions, afin d'éliminer les larves potentiellement infectieuses. Le deuxième larvicide a lieu environ un mois plus tard. Il est suivi d'une troisième application qui vise les adultes.
La Protection des végétaux (PV) précise les dates d'intervention dans les avertissements agricoles. Cette stratégie n'est efficace que si elle est associée à des mesures prophylactiques. Les vignerons doivent éliminer tout pied malade. Les parcelles dépassant 20 % de souches flavescentes doivent être arrachées. L'allègement ne concerne que la lutte insecticide. La prophylaxie s'applique comme prévu. Il ne touche pas les parcelles conduites en viticulture biologique, ni les vignes mères de greffons et de porte-greffes. Il vise le deuxième traitement insecticide qui devient facultatif. En effet, la PV a réalisé entre 2000 et 2002, plusieurs essais montrant que dans la majorité des cas, le premier traitement sur les larves de cicadelle est suffisamment efficace. Il détruit 90 à 95 % des populations. Dans les situations où le vecteur est peu présent et la maladie maîtrisée, avec peu de ceps contaminés, le deuxième traitement n'apporte rien. En revanche, il reste indispensable dans les zones très contaminées, avec des populations de cicadelles très élevées. ' Un traitement en moins sur des milliers d'hectares réduit significativement les volumes d'insecticides utilisés. Le défi est de gérer et de bien évaluer le risque ' , remarque Jean-Michel Trespaillé Barrau, de la Protection des végétaux de Carcassonne (Aude).
Les conditions de passage à deux traitements sont notifiées dans les arrêtés préfectoraux. Une commission départementale flavescence dorée prend la décision d'intégrer ou non les communes dans le dispositif. Première exigence en Languedoc-Roussillon : la commune doit être incluse dans le périmètre de lutte obligatoire depuis au moins deux ans.
La présence d'un GDON (Groupement de défense contre les organismes nuisibles), constitué depuis au moins deux ans, est indispensable. Il doit être volontaire pour entrer dans la démarche, actif et efficace. Il fait un état des lieux de la maladie et justifie d'une évolution positive. En Gironde, en 2004, il fallait compter moins de 10 pieds malades les trois années précédentes, pour passer à deux traitements. En Languedoc-Roussillon, le niveau de contamination d'une commune ne doit pas dépasser 15 à 20 souches flavescentes sur deux ans. Dans les communes qui passent à deux traitements, les vignerons doivent redoubler de vigilance. Avec le GDON, ils réalisent des comptages du vecteur entre le premier et le deuxième traitement. Si un vigneron situé dans la zone à deux traitements, trouve des populations élevées de cicadelles sur l'une de ses parcelles après le premier traitement, il devra faire le deuxième. Ensuite, à partir du 14 juillet jusqu'à fin septembre, les vignerons, les syndicats et les groupements de défense organisent les prospections. Si de nouveaux foyers sont découverts, la commune repasse à trois traitements l'année suivante. En 2005, des communes de Provence-Alpes-Côte d'Azur, Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes devraient rentrer dans la démarche.