ImprimerPour la première fois, l'ITV a mesuré l'intérêt oenologique d'un matériel de tri embarqué sur une machine à vendanger. L'essai est concluant. Il a eu lieu l'an dernier sur du fer servadou. Le vin est moins astringent lorsqu'on retire les débris verts et les rafles avant qu'ils ne tombent dans la vendange.
Les éléments les plus faciles à éliminer de la vendange sont ceux qui ne sont pas générés, grâce à un bon réglage. De ce point de vue, les machines actuelles sont assez performantes. En effet, dans de bonnes conditions et avec un réglage adapté, les taux de débris dans la vendange sont de 0,5 à 0,7 %, ce qui est très correct. Alors, pourquoi installer sur les machines, un matériel de nettoyage supplémentaire ? D'une part, parce que leur réglage n'est pas toujours optimal. Un appareil embarqué permet donc d'éliminer l'excès de déchets. D'autre part, parce que les systèmes classiques de nettoyage de la vendange (aspirateurs extracteurs) sont efficaces sur les feuilles, mais sont limités sur des éléments plus petits, tels que les pétioles. Ces organes ne présentent pas une surface importante. Si on force le régime des extracteurs pour les éliminer, on peut subir des pertes de jus par aspiration.
Pour mieux illustrer l'impact des déchets verts et des rafles, il faut les quantifier.
Ainsi, sur une parcelle d'un hectare produisant 80 hl, 0,5 % de déchets représente environ 50 kg. Ces débris seront en contact avec le raisin et le moût pendant la récolte et le transport. Leur élimination dépendra de l'efficacité de l'érafloir du chai. Quant aux rafles, on peut aussi imaginer qu'elles ont un impact lorsqu'elles sont en contact avec le moût.
Pour vérifier l'impact des déchets verts, nous avons réalisé un essai en octobre dernier. Nous avons comparé deux modes de récolte : l'un avec une machine à vendanger New-Holland classique, et l'autre avec la même machine équipée de l'égreneur embarqué Socma. Nous avons éraflé la première vendange avant l'encuvage et mis la seconde directement en cuve, sans autre traitement. Pour simuler une situation réelle, dans les deux cas, nous avons laissé passer une heure trente entre la récolte et son traitement. La fermentation a démarré le lendemain. La macération a duré quinze jours.
Cet essai a porté sur le cépage fer servadou. En 2002 et 2003, nous avions déjà expérimenté l'efficacité de l'égreneur embarqué à Narbonne, Bordeaux et Montpellier sur les cépages mourvèdre, merlot et cabernet. Nous n'avions pas fait de vinification. Nos notations avaient porté sur la qualité physique de la récolte : propreté et taux de jus, de grappes, etc. Cette qualité était excellente et l'égrenage très efficace. Par exemple, dans l'essai réalisé à Bordeaux en 2003, l'égreneur avait éliminé 68 % des débris verts contenus dans la vendange.
Sur le fer servadou, les résultats étaient moins démonstratifs. Cela est dû, en partie, au cépage et aux conditions sanitaires de la récolte. Ils ont rendu le réglage de l'appareil plus délicat. Ainsi, 66 % des rafles, 47 % des feuilles et 18 % des pétioles ont été éliminés par rapport à la vendange mécanique classique. Pour évaluer la trituration induite par l'égreneur, nous avons mesuré les taux de jus sur les deux modalités. Ils sont très proches. Ceci confirme les résultats des années précédentes. L'égreneur respecte la vendange. Il cause des pertes infimes : 0,15 % du total des baies récoltées, d'après nos mesures.
Dans les minivinifications de 60 l réalisées lors de cet essai, la principale différence réside dans la quantité de rafles mise en cuve. Elle fut plus importante dans la modalité classique que dans la modalité égrenée sur machine. Les autres éléments (feuilles, pétioles) sont en quantités équivalentes du fait du nettoyage de la modalité sans égreneur opéré par l'érafloir de cave.
Dans le courant du mois de mars, nous avons réalisé une première dégustation des lots réalisés. Elle nous a permis de distinguer nettement la modalité avec égreneur embarqué. Elle présentait alors un profil beaucoup moins astringent que l'autre.
D'autres séries de dégustation sont prévues pour suivre l'évolution de ces minivinifications comparatives, mais nous avons déjà pu remarquer l'impact positif du matériel, malgré des conditions défavorables à un fonctionnement optimal.
Outre l'aspect qualitatif de l'utilisation d'un égreneur ou d'un égrappoir embarqué, il est évident que cela représente une simplification de la chaîne de réception en cave. Il y a moins de reprise de la vendange et les rafles sont épandues sur la parcelle en cours de récolte. En revanche, il s'agit d'un investissement non négligeable. L'égreneur de Socma coûte en effet autour de 15 000 euros. La question du rapport entre le gain qualitatif et l'investissement doit être posée en fonction de la valorisation possible du produit final. Le temps nécessaire entre la récolte et le traitement de la vendange en cave est sans doute aussi un critère de choix à prendre en compte, puisque c'est pendant ce laps de temps que la vendange est en contact avec les éléments que l'on souhaite éliminer.
