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Nous voulons intégrer l'élite de l'appellation

La vigne - n°166 - juin 2005 - page 0

Depuis longtemps, les époux Coursodon conduisent leurs vignes avec soin. A son arrivée, Jérôme, leur fils, introduit de nouvelles exigences. Il veut atteindre le sommet de l'appellation Saint-Joseph avec des vins purs et élégants.

En 1998, Jérôme Coursodon rejoint ses parents sur leur domaine, à Mauves (Ardèche). Il devient leur salarié. Ses objectifs sont clairs : il veut intégrer l'élite de l'appellation Saint-Joseph. Il est titulaire d'un BTS viti-oeno et d'un BTS commercial. Il entend élaborer des vins élégants, purs, sur le fruit et la finesse. Deux ans plus tard, il s'installe en Gaec avec ses parents. Il prend en charge ' l'évolution du vin '. Son père se concentre sur les plantations, sa mère accueille les clients au caveau. Le père et le fils décident ensemble.

Depuis les années 60, le domaine vend toute sa production directement en bouteilles. C'est l'oeuvre de Gustave, le grand-père. Il s'est lancé dans l'aventure après une crise de commercialisation aiguë. En 1973, Marie-Christine et Pierre Coursodon lui succèdent. Ils s'installent sur 4 ha de vignes, sur les coteaux abrupts de l'AOC. En 1983, ils participent à leur premier salon des caves particulières, à Paris. Depuis, ils n'ont raté qu'une fois ce rendez-vous, en 2004, car ils manquaient de vin après deux petites récoltes.
A son arrivée, Jérôme Coursodon relève d'un cran le niveau d'exigence dans la conduite des vignes du domaine. L'ébourgeonnage était pratiqué systématiquement et ' depuis toujours '. Il n'y change rien. En revanche, il relève la hauteur de feuillage de 30 cm pour l'amener à 2,10 m. Il renforce l'enlèvement des entre-coeurs. Cette opération est réalisée lors de la seconde fixation des vignes aux échalas. Elle favorise l'aération des grappes et la maturité. Entre quinze et dix-huit saisonniers y consacrent 2 000 heures tous les ans.
Sous l'impulsion de leur fils, les Coursodon retardent le premier rognage. Désormais, il intervient fin juin, en décalage d'une dizaine de jours avec les pratiques locales. Cela limite la pousse des gourmands. La famille renforce les vendanges en vert. Elle retarde de quatre à cinq jours la récolte manuelle afin d'obtenir des tanins soyeux et élégants. ' C'est la somme des petits détails qui fait la différence ', assure Jérôme.

Pour obtenir des jus très fins, il presse les blancs en trois à quatre heures. Il trie et égrappe les rouges. Ensuite, il pratique une macération à 12°C pendant trois à quatre jours ' pour favoriser les arômes et augmenter la quantité d'anthocyanes extractibles '. En fin de fermentation, il réalise une macération à chaud à 32-33°C de trois à quatre jours. Le temps total de macération dure trois semaines. Les rouges passent en futaille. Ils sont élevés sur lies jusqu'au printemps et mis en bouteilles fin novembre de l'année suivante.
Le domaine applique aussi une foule d'astuces. Il relève les chemins dans le sens inverse de la pente afin d'éviter que l'eau ne dévale au milieu des parcelles. Pour échapper à la rude tâche de remonter la terre éboulée au pied des coteaux après de fortes pluies, Pierre et Jérôme Coursodon prennent leur pelles et font le tour des vignes lors des violents orages, pour colmater les voies d'eau qui se créent. ' Parfois, cela évite une catastrophe ', confie le fils. Le travail dans les coteaux est décidément gourmand en main-d'oeuvre : 85 heures pour réaliser un traitement sur les 15 ha avec un appareil à chenillette ou des atomiseurs à dos. Les coûts de production (jusqu'à la bouteille) sont élevés : 5,33 euros/col. Mais le domaine valorise bien ses vins, qui sont commercialisés entre 14 et 22 euros/col.

Autre cheval de bataille : la cohérence. En 2001, cet impératif a guidé la réfection du caveau d'accueil. La famille Coursodon a choisi des matériaux de caractère et des couleurs méridionales, afin que les bâtiments renvoient ' une image haut de gamme cohérente avec la qualité des vins '. Ses vins figurent à la carte de restaurants étoilés par le Guide Michelin. Le caveau devait en être digne.
Du côté des ventes, des commerciaux performants entretiennent une relation de prescription avec les clients. ' Pour les trouver, il faut d'abord être reconnu ', précise Jérôme Coursodon.

A cette fin, il prend part à des dégustations organisées par des revues et des guides tous les ans. Il participe, pour 152 euros, à Découverte en vallée du Rhône, des salons proposés par l'interprofession. Cette année, c'était la troisième édition. ' Les contacts sont extrêmement riches, même si on ne vend rien le jour même ', confie Jérôme Coursodon, emballé par le succès de la manifestation.
Cela devrait l'aider à remplir son prochain objectif : vendre tous ses vins dans l'année qui suit la mise en bouteilles. L'organisation d'une ' vraie ' politique commerciale qui favorise les marges de revendeurs est à l'ordre du jour. Car ' faire bon ne suffit plus, il faut vraiment vendre ', insiste le jeune vigneron, les pieds solidement ancrés dans les coteaux de Saint-Joseph.


L'EXPLOITATION EN DATES
1973Installation de Marie-Christine et Pierre
19831er salon des caves particulières
1986Extension du Chai, cuvage
199312 ha de vigne
2000Installation de Jérôme
2005Plantation de 3000 m²





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