ImprimerA l'aide de cet outil à roues dentées, Géocarta mesure la résistivité du sol et du sous-sol. Cette société établit ensuite une carte grâce à laquelle on visualise les différentes zones constitutives d'une parcelle.
Depuis le premier trimestre 2003, Géocarta a cartographié près de 300 ha, dans plusieurs châteaux prestigieux du Bordelais. La société facture sa prestation 350 euros/ha. Elle envoie chez ses clients un quad ou un enjambeur portant un appareil à roues dentées. Tous les 20 cm, la résistivité électrique du sol est mesurée automatiquement sur trois profondeurs (0,50 m, 1 m, et 2 m). Après le traitement des données brutes par informatique, les zones électriquement homogènes apparaissent, en différentes couleurs, sur des cartes. La société Géocarta livre ses cartes sur des supports papier et numérique. Il fournit un commentaire sur l'homogénéité des parcelles cartographiées.
Il existe de fortes corrélations entre la résistivité électrique du sol et du sous-sol, et le comportement de la vigne. La raison est simple : bien souvent, les zones de même résistivité ont les mêmes propriétés. Un tel zonage permet donc d'adapter la conduite du vignoble, de mieux raisonner les plantations, de choisir les porte-greffes et les emplacements, ou de réaliser des contrôles de maturité.
David Pernet, du cabinet de conseil Sovivins, à Martillac (Gironde), a utilisé à plusieurs reprises, les informations fournies par Géocarta. ' Nous sommes spécialisés dans la réalisation de cartes pédologiques. Avec cette méthode, nous effectuons beaucoup moins de sondages et passons ainsi beaucoup moins de temps sur le terrain. '
Loïc Grassin apprécie cet avantage. ' Grâce à la carte de résistivité, nous avons creusé deux fois moins de fosses. Ceci a pratiquement compensé le coût d'établissement des cartes ', explique le responsable technique du château Figeac, à Saint-Emilion, où Sovivins est intervenu en avril 2004. Sur ce domaine, il s'agissait de faire une étude pédologique sur deux hectares avant la plantation. La précision du découpage a permis de poser les drains très précisément à l'interface de deux substrats géologiques. ' Nous avons pu déterminer, avec exactitude, la limite entre les graves et l'argile ', explique David Pernet. De plus, cette connaissance du sous-sol a permis de limiter le nombre de drains.
Séduit par la méthode, Loïc Grassin a décidé de l'utiliser désormais sur n'importe quelle parcelle avant toute replantation. Il envisage de dresser une carte de la résistivité des 40 ha du vignoble pour parfaire sa connaissance des terroirs. Toutefois, certaines précautions sont nécessaires. ' Il faut rester vigilant avec la carte de résistivité. Elle permet de dégrossir le travail mais, à l'intérieur de zones de même couleur, on peut observer des variations ', explique David Pernet. Il n'existe pas de correspondance universelle entre une valeur de résistivité et un type de sol ou une texture.
Responsable technique du château Lynch Bages (100 ha), à Pauillac, Stephen Carrier partage le même avis. ' En définissant des zones, cette méthode nous donne simplement une vision d'ensemble qu'il convient d'affiner. Toutefois, à l'échelle réduite d'un parcellaire, on constate parfois des recoupements entre la résistivité et la nature des sols. '
Responsable de projet à la cellule terroir viticole de la Confédération des vignerons du Val de Loire, Etienne Goulet estime que ' Géocarta est un outil exceptionnel pour la cartographie pédologique. Il permet de voir les zones profondes argilisées. Son utilisation avant plantation est à conseiller '.
Le suivi hydrique de la vigne qu'il réalise exige plus de précision. ' Nous avons besoin de connaître la résistivité à une profondeur donnée. Or, Géocarta n'apporte pas cette information. Elle mesure globalement la résistivité des cinquante premiers centimètres, du premier mètre et des deux premiers mètres. Pour mesurer la résistivité du sol à une profondeur donnée, nous utilisons une autre méthode. Le couplage des deux nous donne une vision très fine. '
