Quatre étapes dangereuses

'La préparation de la bouillie de traitement est une période importante, qui relève de la responsabilité du vigneron ', rappelle Gérard Bernadac, médecin du travail à la MSA de l'Hérault.
Premier élément à prendre en compte : le choix des produits. A mode d'action équivalent, la MSA recommande les moins toxiques et les formulations les moins pulvérulentes. Elle bannit les préparations en dehors de la cuve, notamment pour les poudres. Elle conseille une protection maximum, à adapter en fonction de l'étiquetage des produits. ' L'élément de base est la paire de gants. Il est impensable de manipuler des produits purs sans cette protection ', considère Jean-Marc Freulet, conseiller en prévention à la MSA du Rhône. Le mieux est d'opter pour les gants à manchette en nitrile. Combinaison, bottes et masque à cartouche à charbon actif (A2P2 ou A2P3) sont aussi indispensables. Si le vigneron manipule des liquides, ou que l'étiquette mentionne, par exemple, les phrases de risques R 36 (' irritant pour les yeux ') ou R 41 (' risque de lésions oculaires graves '), il devra également mettre des lunettes.

Le meilleur moyen de se protéger lors de l'application d'un produit phytosanitaire est d'opter pour un tracteur ou un enjambeur à cabine étanche, filtrée et aérée. La MSA recommande d'équiper chaque cabine d'un préfiltre antiaérosol liquide ou solide, et d'un filtre à charbon actif. Le premier bloque les particules liquides chargées de produits phytosanitaires. Le deuxième stoppe les vapeurs. Lors de l'achat, le vigneron devra vérifier que la notice est en français et qu'elle mentionne bien la filtration, sa durée de vie, la périodicité de l'entretien et des contrôles. Mais attention, l'utilisation d'une cabine ne met pas l'applicateur à l'abri de tout risque. Il ne devra pas introduire de produit dans la cabine, surtout si cette dernière est climatisée. Avant d'entrer à l'intérieur, il devra se laver les mains et vérifier que ses vêtements de protection et ses chaussures ne sont pas souillés. Si le vigneron possède un tracteur sans cabine, il devra se protéger avec une combinaison, des bottes, un masque et des lunettes.
Le choix d'un pulvérisateur face par face est aussi plus sécurisant, alors que certaines structures sont encore équipées de canons, occasionnant une forte dérive.

Les pannes les plus contaminantes sont celles qui surviennent pendant l'application, car leur réparation est plus difficile qu'au hangar. La fiabilité du matériel est primordiale. Pour éviter les incidents, le vigneron doit réviser, réparer, régler et entretenir son pulvérisateur et son tracteur. Il doit penser à nettoyer son matériel après chaque période de traitement. Mais si, au cours du traitement, il doit quitter sa cabine, il faut attendre que le produit se soit déposé. S'il doit manipuler le matériel ou les produits, il faut remettre des gants.
Le mieux est d'utiliser des gants jetables en nitrile, qui procurent une meilleure dextérité. Il peut employer d'autres gants, à condition de les laver après chaque utilisation. S'il faut déboucher une buse, il ne souffle pas dedans, mais utilise des petits outils. La MSA recommande le port d'un masque. Après l'intervention, avant de rentrer dans la cabine, le vigneron doit retirer ses gants et son masque, et se laver les mains. L'idéal est d'avoir, à l'extérieur de la cabine, un coffre avec des équipements de protection individuelle et une petite cuve de rinçage. Après la réparation, le vigneron ne doit pas introduire de produits phytosanitaires dans la cabine par ses mains ou ses vêtements souillés, ou par le stockage de gants mouillés.

'Lors du nettoyage du pulvérisateur, la pression psychologique est retombée. Les vignerons font moins attention et ne pensent plus à se protéger ', constate Gérard Bernadac, de la MSA de l'Hérault. Pourtant, le nettoyage peut être responsable de graves intoxications. De nombreux résidus de produits sont présents sur le pulvérisateur. Si le vigneron quitte tous ses équipements de protection et qu'il s'appuie contre la cuve pour en nettoyer l'intérieur, il peut se contaminer et se retrouver avec des brûlures cutanées. Il risque aussi de contaminer ultérieurement son véhicule.
Si le vigneron utilise un Karcher, il va recevoir de nombreuses éclaboussures chargées de résidus de produits. Il doit donc conserver ses gants, combinaison, bottes... De plus, il doit mettre un ciré et des lunettes, pour éviter de recevoir des projections. Après le nettoyage, il devra laver ses gants, les retirer, se laver les mains. Il devra enlever tous les autres équipements de protection et se doucher.
Article réalisé d'après les données de la MSA issues du réseau Phyt'Attitude 2002-2003.